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Éolien : une alternative ?

En mars 2007, le Conseil européen a décidé que 20 % de notre consommation énergétique devraient provenir de sources renouvelables d’ici 2020. Pour le seul secteur de l’électricité, cette décision signifie que, dans 12 années seulement, plus d’un tiers de la consommation européenne devra être «verte». Cette décision ambitieuse montre que l’Union européenne mesure l’urgence d’une réponse concrète et immédiate aux crises climatique et énergétique. Contrairement à une opinion trop largement répandue, la plupart des énergies renouvelables constituent d’ores et déjà des sources opérationnelles et fiables. Si leur potentiel de développement demeure énorme, leur performance les rendent immédiatement efficaces au regard des énergies traditionnelles. Elles présentent en outre le double avantage de participer d’une dynamique authentiquement durable tout en contribuant à résoudre le problème de la dépendance énergétique. Pour m’en tenir à la principale de ces énergies, l’éolien, les chiffres sont éloquents. Aujourd’hui, dans certains Länder allemands ou Comunidades espagnoles, la domestication du vent dépasse parfois la part de 30 % du total de la production d’électricité. Dans ces deux pays, la moyenne nationale s’élève déjà à plus de 7 %. Quant au champion incontesté, le Danemark, il a pour sa part franchi le seuil des 20% d’éolien tout en occupant le quatrième rang parmi les économies les plus compétitives de la planète ; belle preuve, s’il en fallait encore, que croissance économique et énergies renouvelables font bon ménage. En Europe, pour la septième année consécutive, l’énergie éolienne se classe à la deuxième place en termes de nouvelles capacités de production, juste derrière le gaz. Rien qu’en 2006, l’offre éolienne a progressé de 32 %. En dépit de ces progrès fulgurants, nous sommes loin de l’objectif européen tant certains pays, dont le nôtre, restent largement à la traine avec à peine 2% de renouvelables, toutes sources confondues. L’investissement dans le renouvelable constitue un enjeu social. La Commission européenne a ainsi calculé que pour toute augmentation du prix du pétrole de 20 dollars, le prix des importations de gaz en Europe augmente de 15 milliards d’euros par an. Si on se réfère à ces dernières années, le quadruplement du prix du pétrole gonfle ainsi la facture du gaz de 45 milliards d’euros par an par rapport à la situation préalable. À titre de comparaison, le coût total des éoliennes installées en Europe en 2007 était d’environ 9 milliards d’euros ! On le voit : nous ne pouvons conserver la structure actuelle de l’approvisionnement en énergie. Ses coûts économiques, sociaux et environnementaux sont intenables. Il est donc fortement souhaitable que le court terme soit l’occasion d’un tournant significatif sur le plan de la production d’électricité. Ceci d’autant plus que nombre de centrales existantes atteignent la limite d’âge alors même que la demande mondiale explose. Il serait donc logique et raisonnable de mettre cette situation à profit pour modifier notre structure d’approvisionnement en incorporant des parts croissantes de renouvelables indigènes. Entre autres mérites, ceci nous permettrait d’envisager un développement économique basé sur un coût de l’électricité stable et prévisible mais aussi sur de nouveaux gisements d’emplois. Pour le seul secteur éolien, des estimations fiables prévoient que l’objectif de 12 % d’électricité éolienne en 2020 (soit la part du vent dans l’objectif de 20% d’énergies renouvelables) entraînera la création de 368 000 emplois durables en Europe. La période qui s’ouvre présente de vrais risques énergétiques, mais elle est aussi remplie d’opportunités. À condition toutefois d’agir sans tarder. De ce point de vue, il est essentiel que nos Régions redoublent leurs efforts pour développer le potentiel énergétique qu’elles recèlent. En Wallonie, cette perspective est d’autant plus attrayante qu’elle pourrait s’inscrire utilement dans le redéploiement économique de ce terroir industriel. Nombres de leaders de l’industrie éolienne ne sont autres que… des entreprises métallurgiques reconverties ! Au siècle dernier, l’enjeu énergétique consistait soit à produire du combustible, soit à contrôler son approvisionnement. Cette stratégie est dépassée. Le combat énergétique d’aujourd’hui sera remporté par les régions qui ont la bonne idée d’agir pour protéger le climat en même temps que d’accroître leur indépendance énergétique.