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Influenza sous influence

Il n’est pas dans l’habitude de Politique de parler « santé ». Nous y avons certes consacré un dossier (« La meilleure médecine du monde ? », n°43 de février 2006), pour tenter d’expliquer les particularités du système de santé belge, dont beaucoup disent tant de bien. Le danger, avec la santé, c’est de se laisser emporter sur la pente de la technicité scientifique, le vocabulaire du milieu médical, en particulier, et celui de la santé, en général, amassant généreusement les expressions indigestes sinon incompréhensibles (pour le non-initié). Nous avons pourtant remis le couvert, car la « saga » de la grippe A/H1N1 – que le monde entier « connaît » désormais… sans nécessairement en comprendre la signification – présentait un triple intérêt. D’abord parce que l’apparition de ce virus nous en dit beaucoup sur le fonctionnement du « politique », en particulier sur la manière qu’il a à communiquer à la population et à prendre des décisions, en l’occurrence en matière de santé publique. Ensuite, parce que la grippe A/H1N1 questionne la pertinence de l’« expertise », si souvent mise en avant en ce début de XXIe siècle. On verra ainsi, dans une enquête inédite, comment les conflits d’intérêts – notamment d’experts de santé belges ayant eu à gérer la grippe H1N1 – peuvent nuire au fonctionnement démocratique d’une société, et ce au profit d’individus et, surtout, de l’industrie pharmaceutique. Enfin, parce que certains médias se sont emparés du « H1N1 » et se sont transformés, au fil du développement (de la disparition, dans les faits) de la maladie, en une sorte de caisse de résonance de nos peurs, non sans parfois en oublier leur statut d’observateurs critiques.