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La démocratie sans la République (introduction)

La monarchie est-elle compatible avec la démocratie ? Évidemment, puisque la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne, les pays scandinaves… Alors, pourquoi faudrait-il l’abolir ? Parce que, nous répondent les républicains, la démocratie est toujours à parfaire et qu’elle continue à abriter des résidus d’ancien régime qui sont autant d’insultes aux aspirations égalitaires inscrites au cœur de l’idéal démocratique. Ce point de vue sans concession, exprimé par Jean-Marie Dermagne, ouvre ce dossier. Et puis, il a bien fallu s’interroger sur l’indifférence persistante que rencontre le crédo républicain. Y compris – et c’est là le plus troublant – au sein de la gauche et auprès d’intellectuels peu suspects d’être des « monarchistes philosophiques ». Florence Loriaux nous raconte comment la revendication républicaine est restée marginale au sein du mouvement ouvrier belge. De leur côté, Serge Govaert et Vincent De Coorebyter montrent à quel point la question royale est inextricablement mêlée aux questions politiques générales qui se posent en Belgique et qu’il est impossible de poser la question du régime en mettant tout le reste entre parenthèses. Pour sa part, Paul Magnette s’interroge sur le désintérêt de la science politique à l’égard de l’alternative « monarchie ou république ». Serait-ce la marque que la question est considérée comme « non-pertinente », y compris pour des chercheurs universitaires ? Point de vue manifestement partagé par Francis Martens, qui met en évidence l’utilité relative de la monarchie d’un point de vue symbolique et anthropologique, et par le constitutionnaliste Marc Uyttendaele, qui confronte ses vues avec Nadia Geerts, secrétaire générale du Cercle républicain. Enfin, en intermède, nous porterons quelques regards exotiques sur la « question royale » dans les monarchies du Golfe, avec Pierre Vanrie, en Europe de l’Est, avec Jean-Michel Dewaele, et sur la « monarchie républicaine » française avec Marc Riglet.