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PTB : L’exigence d’un succès

La campagne électorale et le verdict des urnes en témoignent : le PTB-GO a atteint l’essentiel de ses objectifs.
Pour la première fois depuis 30 ans, des élu-e-s de la gauche de la gauche se retrouvent dans les assemblées.
Ils bénéficient d’une nouvelle visibilité et de moyens financiers non négligeables pour organiser leur action. Une nouvelle voix se fait déjà entendre. Pour autant, ce ne sera pas tâche aisée. Les partis traditionnels, toutes tendances confondues, feront tout pour marginaliser cette parole. Les tracasseries et les injustices qui ont frappé le PTB dès son entrée dans les enceintes parlementaires en témoignent déjà. Le succès indéniable du PTB a eu des effets politiques évidents et immédiats.
Si le PS n’a pas choisi des majorités tripartites (avec le MR) à tous les niveaux de pouvoir, cela s’explique – au moins partiellement – par le score du PTB et, bien sûr, par la crainte de se couper des forces syndicales.

Mais les élu-e-s PTB veulent d’abord être le relais des mouvements sociaux. Cela semble assez évident sur le terrain des luttes sociales traditionnelles. Pour d’autres matières, comme les luttes environnementales ou féministes, par exemple, il faudra faire ses preuves. Dans notre appel à voter PTB-GO !, nous avions souligné nos divergences sur ce terrain ainsi que les difficultés du PTB à simplement «affronter» les questions féministes. La composition des instances, tout comme l’imagerie de propagande, indiquent que
cette question est «impensée». On en a encore eu l’illustration lors de la «tournée générale» organisée après les élections : à la tribune, une délégation de Delhaize était composée de trois délégués hommes, un comble dans un secteur majoritairement féminin… Si le PTB veut être le relais des luttes – de toutes les luttes –, il devra, de ce point de vue, opérer une «révolution olympienne»[1.Référence à Olympe de Gouges, auteure de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne en 1791.].

Mais nous répétons aussi que, dans le cadre politique actuel, nous avons besoin de l’existence de cette gauche radicale qu’incarne aujourd’hui le PTB qui devra aussi rappeler à chacun ses promesses électorales «de gauche» (impôts sur les grandes fortunes, garantie de la sécurité sociale…). Et puis surtout, face aux nouvelles politiques d’austérité que dessinent les traités, la future Commission Juncker et les gouvernements européens, la présence des parlementaires PTB pourra participer à l’organisation d’une
résistance contre ces politiques.

Enfin se pose aussi la question de l’avenir de la politique d’ouverture adoptée par le PTB et qui a contribué sans nul doute (même si c’est dans une mesure difficilement appréciable) au succès de ces listes. Un apport qu’aux lendemains du scrutin, on n’a pas vraiment mis en avant du côté du PTB. Pour rappel, le «GO» (pour «Gauche d’ouverture») regroupait des syndicalistes, des personnalités indépendantes des militants associatifs et culturels, des intellectuels et d’autres partis de gauche (LCR et PC). Ce rassemblement GO – bien informel et sans véritable plateforme politique – peut-il avoir une suite ? Cela dépendra du PTB lui-même qui doit d’abord prendre ses marques dans ses nouveaux habits politiques et poursuivre le débat sur son propre avenir. Mais aussi des différents acteurs de l’ouverture qui auront à se définir et, le cas échéant, à réfléchir sur les éventuelles pistes à suivre pour renforcer demain une dynamique de la «gauche de la gauche» que l’on peut envisager désormais hors des échéances électorales.