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Sentiment identitaire : le coeur des Wallons balance

S’il y a bien un pays où la question identitaire scande le débat politique, c’est la Belgique. Chaque gouvernement, quelles que soient ses intentions, semble condamné à réinterpréter à un moment ou un autre le «problème communautaire». Pour certains, l’identité c’est avant tout une question d’histoire : les identités nationales ou régionales plongent leurs racines dans le passé et plus on peut faire remonter loin les origines d’un pays, d’une région, plus l’identification apparaît comme légitime ou «authentique». À l’extrême opposé, d’autres ne sont pas loin d’imaginer la question de l’identité nationale ou régionale comme un pur «artifice», manipulé par des démagogues pour asseoir leurs stratégies politiques dans un monde qui est de toute façon de plus en plus globalisé et en même temps de plus en plus individualiste. Les identités collectives ne méritent ni cet honneur ni cette indignité. Indiscutablement parties prenantes de la constitution de notre «ego», elles nous structurent mais sans nous contraindre. Elles s’appuient sur des racines historiques mais sans en dépendre, puisqu’elles peuvent évoluer vite. Elles sont influencées par les stratégies collectives, mais jusqu’à un certain point seulement, car ces stratégies ne créent rien «ex nihilo». Le dossier qui suit a choisi de déserter le terrain de la polémique et de tenter une approche sociologique de l’identité sociale en Wallonie. Il s’appuie sur une tradition de recherche empirique étalée sur quinze années (de 1991 à 2004) et sur une vision théorique. Mais il espère aussi éclairer, fût-ce indirectement, les enjeux politiques d’aujourd’hui.