Retour aux articles →

Télévision et culture : état général et états généraux

Lorsqu’ il y a quelques mois nous avons programmé le «Thème» consacré à la RTBF, nous savions évidemment que l’état général de l’audiovisuel public serait au centre des débats à la sortie de ce numéro de POLITIQUE mais nous ne nous doutions pas que son actualité serait aussi aiguë Les articles du « thème », y compris l’entretien avec jean-Paul Philippot, ont été réalisés bien avant le déclenchement des mouvements de grève à la TRBF. RTBF : L’être ou le néant, le titre de ce thème, résonne avec encore plus de force. Plus que jamais pour le service public, la question existentielle est posée : être soi-même ou disparaître. Les récentes grèves ont mis en évidence le malaise profond qui règne au sein de la RTBF. Conditions de travail, attitude méprisante de la direction, absence de projet : toutes les catégories de personnel ont exprimé leur ras-le-bol mais aussi leur volonté de défendre le service public. «Nous demandons d’être soutenus réellement dans le travail quotidien pour un vrai service public» Pour plus d’informations, voir le site www ;rtbfengreve.be/.. ont dit les réalisateurs. La toute nouvelle Société des journalistes créée le 27 janvier 2005.. s’interroge «sur les méthodes et les objectifs poursuivis par la direction de la RTBF qui s’écartent de la philosophie de service public. Elle marque sa défiance à l’égard d’une direction au comportement autiste et méprisant, et qui de plus en plus n’agit quae dans l’urgence et la panique». Le retour des mouvements sociaux témoigne à la fois de la dégradation des conditions de travail et des relations humaines au sein de la RTBF «magellanisée» mais aussi de l’absence d’un projet culturel mobilisateur pour ceux qui font la radio et la télévision publique. En matière de programmes, quelques initiatives récentes, comme C’est du Belge! (le magazine «royal» diffusé au moment même où RTL-TVI programmait un documentaire et un débat sur la libération du camp d’Auschwitz!), ou Les femmes de cristal (divertissement typiquement «commercial»), ont encore confirmé la dangereuse pente de « l’imitation». Quand le directeur de la télévision déclare «nous avons besoin d’une émission où l’actu est couverte de manière divertissante» Alain Gerlache au Télémoustique du 19/01/05. C’est nous qui soulignons , répond-il lui aussi au mot d’ordre qui se décline désormais sous toutes ses formes dans la communication interne ou externe de la RTBF, celui de connivence (expression qui semble sortie tout droit d’un consultant en communication)? Quant à la politique désormais entérinée par le conseil d’administration (donc avec l’aval de l’ensemble des représentants des formations politiques) d’«une offre sur deux canaux», elle confirme la mort de La Deux comme chaîne spécifique et alternative. Le savoir, la connaissance, la création (sous toutes formes) et, en fin de compte, la démocratie culturelle sont les premières victimes d’une évolution qui semble s’accélérer. Les États généraux de la Culture On trouve les informations et on peut envoyer des contributions sur le site www.forumculture.be.. voulus par la ministre de la Culture, Fadila Laanan, qui se sont ouverts par des débats thématiques (danse, théâtre, etc.) et qui se poursuivront dans leur première phase jusqu’en juin prochain, entendent privilégier une approche globale et transversale des politiques culturelles. De ce point de vue les États généraux auront aussi à aborder la question du rôle et du respect des ses missions par la radiotélévision publique. POLITIQUE consacrera d’ailleurs son «thème» à ces États généraux dans sa livraison de juin prochain. À propos de la RTBF comme au sujet des politiques culturelles, la question posée aux responsables politiques demeure la même : sont-ils politiquement convaincus et budgétairement disposés à ce que vivent la différence et la diversité culturelle?