Retour aux articles →

Théo Hachez, l’alter ego

On n’a pas idée de s’en aller comme ça un jeudi matin, le jour de notre «bouclage», quand on doit du coup libérer de toute urgence quelques malheureux centimètres carrés pour te saluer une dernière fois et qu’il faut pour cela réaménager à la va-vite quelques blocs de texte et quelques illus. Du coup, ces pages ressemblent encore un peu plus à une triste nécrologie. Ce n’était pas prévu dans le « chemin de fer ». Quand Politique s’est lancé il y a onze ans, La Revue nouvelle était déjà une vieille dame. Tu lui avais donné une seconde jeunesse en l’émancipant de la vieille gangue démocrate-chrétienne, même si la RN, sous ta direction, restait le moniteur officieux de la mouvance intellectuelle issue de l’UCL. Avant de me lancer avec d’autres dans l’aventure d’une revue, tu m’avais donné l’occasion d’écrire dans la tienne. Je m’étais évidemment posé la question : ce petit demi-pays a-t-il besoin d’une revue supplémentaire ? Soit, on s’est lancé. L’émulation n’était pas absente, mais toujours constructive. Notre cohabitation dans l’espace intellectuel nous a, je crois, tiré vers le haut. Il y avait ta plume. Unique. Pour té définir, en tant qu’éditorialiste, je dirais que tu pensais plus vite que tu n’écrivais. Des textes denses, parfois trop, où des intuitions audacieuses étaient parfois si ramassées qu’elles ne se livraient qu’à la relecture. Avec en plus, une indépendance d’esprit qui ne se préoccupait jamais de ménager les installés de tous les bords, y compris les plus proches. Je ne suis pas sûr que, sur ce plan, tu auras fait beaucoup d’émules.