En dépit de certaines positions particulièrement tranchées, le moins qu’on puisse dire est que les termes du débat sur l’adoption de la constitution européenne ne se sont pas éclaircis ! « Traité », « Constitution » ou « Traité constitutionnel » ? La terminologie qui pose déjà question suppose-t-elle des enjeux différents. Dans l’argumentaire des partisans du « oui », comme dans celui des supporters du « non », il n’est pas aisé de démêler les fils de la question à trancher. Parlons-nous du fonctionnement démocratique de l’Union Européenne, des ses avancées ou des ses reculs politiques, de son élargissement, des négociations avec la Turquie ? Les divergences sur l’ensemble de ces sujets traversent les frontières de la gauche et de la droite et provoquent même parfois de curieux attelages contradictoires. Des « oui » se veulent de combat, et des « non » s’affichent par principe. Peut-on avouer, et même revendiquer ici, qu’aucune démonstration n’emporte la conviction, ou que, tour à tour, en fonction de la qualité des arguments ou de la persuasion des orateurs, l’on peut passer d’un camp à l’autre avec, d’ailleurs, chaque fois autant d’hésitations. S’agit-il dans ce débat de la nature profonde de la construction européenne ? Peut-être, mais ajoutons alors qu’il ne s’agit que d’une confirmation. Que l’on pas attendu cette constitution pour se rendre compte que depuis ses origines, cette construction est d’une essence parfaitement libérale et que l’inclination pour un peu plus de régulation économique ou de justice sociale dépend essentiellement des rapports de force existant au sein des différents états. Et de ce point de vue la composition de la Commission Barroso en dit bien plus long que le plus long des traités. Finalement n’est-ce pas sur la directive Bolkestein, sur les dérégulations, sur les privatisations ou l’allongement du temps de travail que la vraie nature de l’Union et de nos gouvernements se joue ? Et que les « non de combat » et les « oui de principe » prennent tout leur sens ?