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Grève générale et idées acquises

Une grève générale n’est pas un événement banal. Une grève générale ne se décrète pas. La mobilisation sociale qui se dessine de jour en jour va sans doute au-delà de son objet même ou, en tous cas, témoigne d’un refus d’une évolution globale de la société sur le plan des inégalités et des mises en cause des droits sociaux. Le mouvement qui se développe n’est pas sans rappeler celui qui s’est manifesté contre la Constitution européenne : il recouvre des inquiétudes et des refus auxquels on ne saurait répondre par le mépris. Il serait illusoire et diffamatoire de réduire ce mouvement à une défense d’intérêts catégoriels ou d’égoïsme générationnel. Il serait dangereux d’y opposer des mesures judiciaires ou répressives qui seraient ressenties comme autant de provocations. Les problèmes sont plus complexes, ils méritent un autre débat et surtout devraient inspirer une réflexion plus ouverte et moins dogmatique. C’est ici qu’il faudrait parler du danger non pas des droits mais des idées acquises. Ce n’est pas l’espace d’une telle chronique qui permet d’aborder pleinement le sujet. Simplement quelques remarques pour réaffirmer la nécessité de prendre en compte des analyses alternatives aux affirmations proclamées indiscutables. Elles existent et méritent qu’on s’y arrête. Sur le « choc » démographique ou par exemple sur le financement à long terme des pensions, les bureaux d’études syndicaux ou certains économistes ont apporté des contributions qui nous forcent à la réflexion et méritent un détour. « Littérature engagé » me direz-vous, certes, mais pas plus que celle qui nous ont offertes tous les jours sous le sceau de l’évidence. Une seule remarque puisée dans ces textes : les réductions structurelles de cotisations patronales accordées massivement depuis 15 ans auraient permis couvrir ce que le « vieillissement » de la population nous coûtera en 2030. Comme quoi il reste de la marge pour les choix politiques.