La météo du progrès social en Europe - Carte interactive

Chaque trimestre, l’équipe et les coordinateurs de la Météo politique font le choix d’épingler des tendances et des événements significatifs pour le progrès social, la gauche et ses idées. Des éléments susceptibles de faire la pluie et le beau temps politiquement, choisis en fonction de leur pertinence ou de leur originalité. Fruit d’un choix éditorial, la météo politique ne donne pas la température moyenne d’un pays, ni un tableau exhaustif de la situation sociale. Comment le pourrait-elle? Une tempête est si vite arrivée.

[météo établie grâce aux contributions de Venelin Bochev, Arthur Borriello, Amandine Crespy, Pascal Delwit, Laurence Dierickx, Isil Erdinç, Zoé Evrard, Jean-Paul Gailly, Ariane Gemander, Anita Khachaturova, Louis Larue, Hugues Le Paige, Thomas Legein, Grégory Mauzé, Tiago Moreira Ramalho, Alvaro Oleart, Gudio Panzano, Marina Prentoulis, Neira Sabanovic, Caroline Sägesser, Fanny Sbaraglia, Pierre-Etienne Vandamme, Sixtine Van Outryve, Giorgos Venizelos]

Azerbaïdjan

Droits fondamentaux • Processus démocratique

La communauté universitaire transnationale se mobilise en soutien à un jeune chercheur azerbaidjanais, Bahruz Samadov, passé par l’ULB, qui est emprisonné en Azerbaïdjan et jugé pour trahison sur des bases très vraisemblablement fabriquées. Au-delà de ce cas singulier, c’est l’ensemble du pays qui subit une recrudescence des répressions des toutes dernières voix critiques et indépendantes qui y persistent (journalistes, activistes et chercheurs indépendants), et ce à quelques mois de la COP29 qui doit s’y tenir. Les élections parlementaires du 1er septembre ont, quant à elles, été marquées comme toujours par une absence totale de compétition et un déni des droits électoraux.

Précédemment (avril 2024) : Le temps est à la pluie sur le Sud du Caucase. En Azerbaïdjan, depuis la « réélection » d’Ilham Aliyev en février dernier avec 92% des suffrages, les répressions contre les médias indépendants se sont encore intensifiées. Après les arrestations et les persécutions contre les journalistes de Abzas Media, un des rares médias indépendants du pays, ce sont une douzaine de journalistes de Toplum TV qui ont été arrêtés ainsi que des membres d’organisations de la société civile comme l’Institut des initiatives démocratiques. Aujourd’hui, toutes les voix indépendantes du pays sont muselées, et ce à la veille de la COP29 qui doit s’y tenir en novembre 2024.

11.10.2024

Bulgarie

Droits LGBTQ+

Le temps est sombre dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, marqués par la forte influence de forces ultra-conservatrices et pro-russes. En Bulgarie, le parti d’extrême droite Revival est parvenu à faire adopter, le 7 août, un texte très controversé condamnant « la propagande, la propagation ou l’incitation » des « idées et vues » LGBTQ+ dans les écoles. Semblable à des législations adoptées en Hongrie ou en Russie ces dernières années, cette loi aggrave un petit peu plus la situation des femmes et des minorités sexuelles dans un pays qui ne reconnaît pas le mariage des personnes de même sexe et n’a jamais ratifié la Convention d’Istanbul sur les violences faites aux femmes.

Précédemment (juin 2024) : Dans un pays où se succèdent depuis trois ans les élections législatives anticipées, faute de pouvoir stabiliser une coalition, le parti socialiste enchaîne les défaites et est cette fois parvenu à diviser par trois son score de 2019, n’affichant plus que 7% de soutien. C’est le parti conservateur de l’ancien premier ministre Boïko Borissov, le bien nommé GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie), qui s’est imposé, avec 26,2% des voix. Derrière, on retrouve d’abord les libéraux du Mouvement des droits et des libertés, qui représente les Turcs et musulmans de Bulgarie (14,7%), puis une alliance de centre-droit PP-DB (15,7%). On peut donc parler de vents très favorables à la droite, d’autant que c’est un parti très proche de Vladimir Poutine qui prend la quatrième place et que les forces de gauche se perdent dans le brouillard.

11.10.2024

Pologne

Migrations

La situation devient de plus en plus tendue à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Le 12 juillet, le Parlement polonais a approuvé, à 401 voix contre 17, une loi autorisant les forces de l’ordre déployées à la frontière biélorusse à tirer à balles réelles « de façon préventive » ou en « situation de légitime défense » sur quiconque tenterait de violer la frontière. Une situation vivement dénoncée par les associations de droits humains, Amnesty International en tête.

Précédemment (juin 2024) : L’embellie que nous commentions lors du précédent bulletin ne s’est que partiellement confirmée. Le centre-droit remporte une courte victoire, à l’issue d’une campagne fortement influencée par le conflit ukrainien, très proche géographiquement. La Coalition Civique de centre-droit pro-européenne (KO) emmenée par Donald Tusk, qui avait remporté les récentes législatives, a confirmé sa place de premier parti devant les nationalistes du PIS (38% contre 36,2% des suffrages et 21 sièges contre 20). La mauvaise nouvelle est représentée par l’irruption inattendue d’une liste d’extrême droite (Konfederacja) remportant 12% des votes, tandis que la coalition Troisième Voie (Parti du peuple polonais et démocrates-chrétiens) et la Gauche obtiennent chacune trois sièges avec un peu plus de 6% des voix.

11.10.2024

Géorgie

Droits fondamentaux

Comme beaucoup de pays de l’ancien espace soviétique, la Géorgie, tiraillée entre les sphères d’influence russe et européenne, entame une dérive autoritaire inspirée par la première. Le parti au pouvoir Rêve géorgien, autrefois positionné au centre-gauche et étiqueté comme pro-européen, multiplie les initiatives inquiétantes. Après avoir fait passer une loi contre les « agents étrangers » ciblant les ONG, la société civile et l’opposition, le parti annonce des mesures draconiennes en cas de victoire aux élections législatives du 26 octobre, notamment une loi interdisant le principal parti d’opposition et une loi anti-LGBT.

11.10.2024

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Norvège

Solidarité internationale • Guerres et conflits

Dans le contexte de guerre en Ukraine, la Norvège a décidé d’offrir un soutien prioritaire au voisin moldave, devenant l’un des principaux soutiens du pays. Depuis février 2022, plus de 1,4 million de personnes ont traversé l’Ukraine pour se rendre en Moldavie, et plus de 120 000 y sont restées en tant que réfugiées. Or, la Moldavie fait face à des défis tels que les pénuries d’énergie et l’inflation élevée. De nombreux réfugiés ukrainiens en Moldavie ont du mal à accéder aux soins médicaux, à trouver un emploi et à faire en sorte que leurs enfants puissent poursuivre leurs études. Le soutien de la Norvège, via l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés, vise à faire bénéficier tant les communautés locales vulnérables que les réfugiés d’une aide financière, d’un hébergement adéquat, d’un soutien psychosocial, d’une protection contre la violence sexiste, d’un accès à des services spécialisés et d’une remise en état des infrastructures communautaires. L’anticyclone norvégien s’étend par ailleurs aux droits des femmes : fin août, le gouvernement de centre-gauche a proposé de prolonger la limite légale de l’avortement de 12 à 18 semaines.

Précédemment (avril 2024) : Suite à une visite et une étude approfondie des mécanismes en place, des experts des Nations unies ont exhorté le gouvernement norvégien à prendre les mesures nécessaires pour aider les personnes d’origine africaine à s’intégrer pleinement dans la société norvégienne, alors qu’ils sont confrontés au profilage racial, aux discours de haine, aux moqueries racistes dans les écoles, aux obstacles à l’accès à l’emploi, ainsi qu’au retrait forcé des enfants par les services de protection de l’enfance. Les Norvégiens, au moins, ne sont pas dupes. Dans un sondage récent, plus de la moitié des personnes interrogées estimaient en effet que le racisme « ordinaire », caractérisé par des remarques désobligeantes liées à l’appartenance ethnique, est répandu en Norvège.

11.10.2024

Suède

Migrations

À l’instar du Danemark mais sans grande surprise au vu de son orientation idéologique, la coalition de droite au pouvoir, soutenue par l’extrême-droite, s’affaire sur les questions migratoires. Ainsi, alors même qu’une commission d’enquête avait récemment décommandé l’idée d’aides financières à des retours volontaires, « stimuler fortement l’immigration de retour » demeure le mot d’ordre du gouvernement, qui dit envisager des soutiens à la santé et à l’éducation pour les personnes invitées à rentrer dans leur pays d’origine.

Précédemment (juin 2024) : Fortes précipitations sur l’extrême droite (pour une fois) au profit de la gauche sociale-démocrate (24,8%), des écologistes (13,9%) et du Parti de gauche (11%). Comme en Finlande, ces résultats sont attribués à un faible taux de participation témoignant d’un manque d’intérêt pour les affaires européennes. Il s’agit néanmoins d’un désaveu de l’extrême droite au pouvoir, qui soutient un gouvernement de coalition dirigé par les conservateurs. Quand il pleut sur l’extrême droite et que la droite n’en profite pas, la gauche rayonne.

11.10.2024

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Arménie

Droits fondamentaux

En Arménie, les progrès démocratiques des dernières années sont ternis par un type de gouvernance marqué par l’abus de pouvoir du parti au pouvoir, notamment l’arrestation sur des bases politiques de certaines personnalités publiques ou de limogeage de fonctionnaires critiques du pouvoir en place. L’été a aussi été marqué par une recrudescence des violences policières envers des manifestants anti-gouvernement, ce qui signale également l’incapacité à réformer la police, une institution qui souffre de nombreux dysfonctionnements internes et fortement liée au pouvoir en place (notamment du fait de la nomination d’un proche du premier ministre à sa tête).

Précédemment (avril 2024) : En Arménie, quelques rayons de soleil ont récemment percé la masse nuageuse. Alors que les guerres successives avec l’Azerbaïdjan et l’exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh en septembre-octobre 2023 ont mis à mal les tentatives de réformes démocratiques engagées par le gouvernement après la révolution de velours de 2018, le pays a ratifié le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale et en est donc devenu officiellement un Etat partie, s’éloignant ainsi un peu plus du giron russe.

11.10.2024

Finlande

Economie

Les dépenses sociales seraient-elles le meilleur baromètre de l’état d’une société ? Pour la coalition gouvernementale de centre-droit finlandaise, il ne s’agit visiblement que d’une charge à réduire. Dans les secteurs de l’aide sociale et de la santé, notamment, les coupes sont spectaculaires : licenciements, réductions forcées du temps de travail et départs à la retraite non remplacés sont légion. Ceci dans un contexte où le gouvernement finlandais glisse dans une obsession sécuritaire, alimentée par la menace russe. Ainsi, dans le même temps, le gouvernement a décidé de se doter d’une toute nouvelle flotte d’avions de chasse et de renforcer les budgets de la sécurité et de la défense. Par ailleurs, soucieux d’éviter un nouvel afflux de réfugiés en provenance de Russie (en novembre dernier, le gouvernement russe avait incité des centaines de réfugiés à traverser la frontière), le gouvernement a adopté cet été une nouvelle loi très conversée. Celle-ci permettra aux gardes-frontières, sous certaines conditions, d’empêcher les demandeurs d’asile de traverser le territoire finlandais et de refuser l’enregistrement de leurs demandes de protection internationale, en violation flagrante des normes européennes et internationales.

Précédemment (juin 2024) : Malgré le bon résultat du parti conservateur au pouvoir (24,8%), on a assisté, comme en Suède, à la chute de l’extrême droite au profit de la gauche et des écologistes. La bonne surprise vient de l’Alliance de gauche qui gagne 10% pour s’emparer de la deuxième place à 17%, devant les sociaux-démocrates (14,9%), tandis que les verts affichent 11,3%. Comme en Suède, ces résultats sont en partie imputables à un faible taux de participation. Il s’agit néanmoins d’un heureux désaveu pour l’extrême droite (7,6%), qui contrôle actuellement sept ministères et fait face à des vents contraires.

11.10.2024

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Grèce

Droits sociaux • Vie politique

Une fois n’est pas coutume : le gouvernement conservateur, faisant face à des vents contraires dans l’opinion publique, a promis une hausse de 2 à 2,5% des salaires, du revenu minimum et des retraites à partir de janvier prochain. Le parti d’opposition Syriza n’a pas manqué de faire remarquer que l’inflation sur la dernière année était de 2,7% et de qualifier les mesures gouvernementales de « cacahuètes ». Pendant ce temps, son leader Stéfanos Kasselákis a été écarté de la direction du parti suite à une motion de censure de la part des membres. Comme nous vous le racontions dans un bulletin météo précédent, cet ancien banquier de chez Goldman Sachs avait succédé à Aléxis Tsípras il y a moins d’un an. Espérons que son éviction puisse donner un nouvel élan à l’opposition de gauche !

Précédemment (juin 2024) : La chape de nuages qui plombe le ciel chypriote s’étend jusqu’à la péninsule hellénique. C’est l’abstention qui sort grande gagnante des élections européennes, avec près de 60% des électeurs ayant décidé de ne pas exercer leur droit. Les raisons sont multiples : fatigue électorale (les Grecs étaient appelés pour la cinquième fois aux urnes sur une période de treize mois), manque d’intérêt pour un scrutin européen jugé distant des préoccupations quotidiennes, et désaveu pour les partis existants.

Le parti de la droite au pouvoir, Nouvelle Démocratie (ND), reste de loin la première formation avec 28,3% des voix, malgré une perte de 7,4% et d’un siège par rapport au précédent scrutin européen. La gauche ne profite que faiblement de la situation, avec Syriza et Le PASOK obtenant respectivement 14,9% et 12,8% des voix, confirmant au passage le rééquilibrage en cours entre ces deux formations, alors que la seconde était donné pour morte il y a quelques années. Le petit parti nouvellement formé, New Left, issu d’une scission de Syriza, n’a obtenu aucune représentation parlementaire. Le seul parti de gauche ayant récolté un score positif est le très orthodoxe Parti communiste de Grèce (KKE), avec une progression de 3,9 points par rapport à 2019 ; il est néanmoins devancé de peu (9,3% contre 9,2%) par le parti d’extrême droite Solution grecque. Les scores de ces deux formations suggèrent une forte dynamique anti-establishment à l’œuvre dans ce scrutin.  

Dans ce contexte, c’est la gauche tout entière qui doit se remettre en question, repenser sa stratégie et son discours – ce dernier étant particulièrement flou à Syriza depuis l’élection de son nouveau leader, Stefanos Kasselakis. Cependant, malgré les voix qui s’élèvent pour demander une alliance progressiste, celle-ci semble à la fois peu probable en raison des rancœurs tenaces qui séparent ces formations, et incapable à ce stade de concurrencer le poids électoral de la droite (ND a obtenu 41% des voix aux dernières élections législatives).

11.10.2024

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Islande

Écologie • Élections • Environnement

En 1980, l’Islande s’était distinguée comme le premier pays élisant démocratiquement une femme au poste de cheffe de l’État. C’est une nouvelle fois une femme, Halla Tomasdottir, qui a été élue en juin dernier à ce poste symboliquement et politiquement important (même si le premier ministre est, en pratique, le véritable chef de l’exécutif). Et si les questions sociales ne sont sans doute pas prioritaires aux yeux de cette ancienne femme d’affaires, elle entend promouvoir, outre la diversité de genre, une « mise à jour » du capitalisme en Islande, affirmant que la recherche effrénée du profit au détriment du climat et du bien-être n’est plus tenable. Venant d’une voix plutôt centriste, on ne peut qu’apprécier !

11.10.2024

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Portugal

Vie politique

Depuis les élections législatives anticipées de mars 2024, c’est un gouvernement minoritaire (avec 80 députés sur 230) qui occupe le pouvoir au Portugal. Au vu de son équilibre fragile, il est parvenu jusqu’à présent à éviter tous les votes parlementaires susceptibles de fâcher, par crainte de nouvelles élections anticipées. Cette fois, cependant, à l’occasion du vote du budget qui s’annonce, il n’est plus possible de satisfaire tout le monde. C’est donc la première fois que le gouvernement PSD-CDS (centre-droit et conservateurs) doit définir ses alignements : plutôt négocier avec le PS ou avec Chega, le parti d’extrême droite. Le soutien de l’un ou l’autre serait suffisant pour que le budget passe ; une abstention des deux le permettrait aussi (mais elle semble peu probable). Les négociations (épistolaires) vont bon train et il sera intéressant de comparer leur issue à la situation française.

Précédemment (juin 2024) : Une éclaircie bien timide pour le Parti socialiste portugais (PS). Après sa défaite lors des élections législatives en mars, commentée lors de notre précédent bulletin météo, le parti a remporté le scrutin européen avec 32% des voix et huit élus, soit un de moins qu’en 2019. L’ensemble de la droite jouit pourtant d’un vent nettement favorable, au moins depuis la démission d’Antonio Costa de son poste de premier ministre à la suite d’un scandale de corruption, dont il est depuis ressorti blanchi. L’Alliance démocratique, coalition de centre droit actuellement au pouvoir, obtient elle aussi huit sièges, tandis que le parti Initiative libérale (IL) en conquiert deux. Fait marquant : le parti d’extrême droite Chega enregistre un net recul, puisqu’il n’obtient que la moitié du pourcentage de voix atteint lors des élections législatives – ce  qui, avec 9,8% des voix et deux sièges, en fait tout de même la troisième force politique portugaise au Parlement européen. Chute libre, en revanche, pour le Bloc de gauche : avec 4,3% des voix, il fait moins de la moitié de son score de 2019, confirme ses mauvais résultats des législatives et ne décroche qu’un siège.

11.10.2024

Danemark

Migrations

Le gouvernement danois de centre-gauche, confirmant l’évolution anti-immigration de la social-démocratie scandinave, envisage d’abolir une loi qui permettait jusqu’à présent aux demandeurs d’asile déboutés de rester dans le pays pour 18 mois supplémentaires grâce à un permis de résidence. Aux yeux du ministre de l’immigration, puisque leur demande n’a pas abouti, ces personnes n’ont « pas besoin de protection » et n’ont « pas le droit d’être au Danemark ». En revanche, le gouvernement enregistre un progrès dans la lutte contre les gaz à effet de serre avec la mise en place d’une taxe sur les émissions de CO2 (significatives) du bétail. Espérons que cela ne les mette pas davantage encore sur la paille.

Précédemment (juin 2024) : Au Danemark, le parti populaire socialiste, qui siège avec les Verts au Parlement européen, a créé la surprise en arrivant en tête (17,4%) et en dépassant pour la première fois le parti social-démocrate. Dans l’ensemble, ce sont tous les partis au pouvoir – les sociaux-démocrates (S&D – 15,6%), Venstre (14,7%) et les Modérés (6%) – qui reculent, n’obtenant ensemble que 36,2%, bien loin des 50,9% obtenus lors des élections nationales de 2022. Le corolaire de cette perte de vitesse n’est pour une fois pas une percée spectaculaire de l’extrême droite. L’horizon est relativement clair pour les gauches, dont le score combiné est proche de 43%. Et 50% si l’on ajoute Radikale Venstre (« Gauche radicale »), qui comme son nom ne l’indique pas est un parti modéré, de centre gauche.

11.10.2024

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Suisse

Justice

Tempête dans un verre d’eau. Alors qu’une majorité législative semblait favorable à l’internement systématique des personnes ayant commis pour la deuxième fois un meurtre, un homicide volontaire ou un viol, les Chambres suisses se sont finalement prononcées contre une telle mesure particulièrement liberticide.

Précédemment : Après la grisaille des élections fédérales d’octobre, c’est la démocratie directe qui amène une belle éclaircie avec, le 3 mars dernier, le succès de l’initiative citoyenne pour un treizième mois de retraite, lancée par les syndicats et soutenue tant par les socialistes que par les écologistes, et validée par plus de 58 % de votants lors d’un référendum en mars. Le gouvernement fédéral et le patronat avaient pourtant fait tout leur possible pour pousser le « Non ». Par ailleurs, la proposition de relèvement de l’âge de la pension de 65 à 66 ans a été rejetée par une écrasante majorité (74,7%). Ce résultat fait l’effet d’un séisme politique dans un pays tendanciellement libéral, où les initiatives sociales sont régulièrement battues dans les urnes. Prochaine bataille : obtenir un financement aussi redistributif que possible pour ce treizième mois de retraite plutôt que de faire peser le coût sur les travailleurs des générations suivantes !

11.10.2024

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Royaume-Uni

Extrême droite • Vie politique

Au Royaume-Uni, les manifestations d’extrême droite organisées à la fin du mois de juillet en réponse au meurtre de trois fillettes ont été sévèrement et rapidement réprimées par le gouvernement travailliste de Keir Starmer. Surtout, elles ont suscité une mobilisation encore plus importante de la société contre ces violences, avec des milliers de personnes se rassemblant dans plusieurs villes pour protéger des mosquées et des hébergements d’urgence pour migrants. Ces événements interviennent dans un contexte où le gouvernement travailliste peut compter sur une solide majorité au Parlement depuis les élections générales du 4 juillet, où les conservateurs ont enregistré une défaite historique. Cela dit, il n’est pas sûr qu’il y ait grand-chose de plus à attendre d’un gouvernement qui fait de la modération le point cardinal de sa politique, aussi bien sur les enjeux socio-économiques que face aux événements gravissimes qui se déroulent actuellement sur la scène internationale. 

11.10.2024

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Belgique

Extrême droite

La Wallonie a-t-elle l’extrême droite la plus bête du monde ? Tandis qu’elle a plus que jamais le vent en poupe au Nord du pays, l’extrême-droite peine toujours à franchir la frontière linguistique, le Sud du pays résistant encore et toujours à la vague brune. Tout n’est certes pas rose, puisqu’une partie des idées traditionnellement véhiculées par l’extrême-droite sont désormais cooptées et banalisées par la droite traditionnelle. Néanmoins, il est difficile de ne pas se réjouir de voir le parti Chez nous au bord de l’implosion, comme beaucoup de ses prédécesseurs. Pourtant adoubée par le Vlaams Belang et le RN, la formation avait obtenu moins d’1% des voix aux dernières législatives, et moins de 3% en Wallonie. Peu satisfaits de ces résultats, les membres ont essayé de destituer leur président Jérôme Munier qui, non sans rappeler l’épisode Eric Ciotti outre-Quiévrain, nie avoir été destitué… Pendant ce temps, à Bruxelles, le Mouvement Nation (extrême droite néonazie) a décidé d’abandonner, faute de militants, de candidats et de signataires de présentation, sa tentative de retour en politique à l’occasion des élections communales du 13 octobre, après avoir annoncé en juillet dernier qu’il allait déposer une liste électorale dans la commune d’Anderlecht.

Précédemment (juin 2024) : En Belgique, la météo des gauches diffère sensiblement dans les espaces francophone et néerlandophone. En Flandre, où l’on était préparé au déluge, les optimistes se réjouiront d’un maintien de la grisaille, avec une victoire limitée du Vlaams Belang (14,5%, 3 sièges), un maintien de la NVA (14%, 3 sièges) et un léger retour en grâce des anciens socialistes de Vooruit et de la gauche radicale (PvdA), qui ont progressé de conserve tandis que les verts enregistraient un léger recul. Ensemble, les trois formations de gauche dépassent les 30% (4 sièges), pour 27,6% en 2019. Pendant ce temps, toutefois, la Belgique francophone, qui résiste si bien à l’extrême-droite depuis des années, a vu la gauche subir un revers cuisant. Le PS perd 6% et les verts près de 10%. Cette défaite n’est que modestement compensée par la progression du PTB : au total, le score agrégé des trois partis de gauche francophones est quand même de 15% en-deçà de ce qu’il était cinq ans auparavant. Il n’y a pas que pour la récolte des patates que cette année pluvieuse aura été catastrophique.

11.10.2024

Allemagne

Elections 2024

Coup de tonnerre dans l’Est de l’Allemagne : l’AfD, parti d’extrême droite suffisamment radical que pour que le Rassemblement national juge bon de s’en distancier, a remporté les élections régionales de ce 1er septembre en Thuringe, avec près de 33% des voix, et talonne la CDU en Saxe (30,6% contre 31,9%). Les partis de la coalition au pouvoir au niveau fédéral (les sociaux-démocrates, les verts et les libéraux) subissent une défaite sans équivoque. L’orage couve aussi dans le reste de la gauche : Die Linke, lointaine héritière de l’ancien parti dirigeant en RDA, s’effondre dans ses bastions au profit de la liste emmenée par sa charismatique dissidente, Sahra Wagenknecht. Celle-ci s’affirme comme troisième force politique dans ces deux régions, sur base d’un programme auto-défini « conservateur de gauche » et qui ne cesse de susciter la polémique parmi les observateurs allemands et étrangers. Dans un tel climat, il n’aura fallu que quelques jours pour que le gouvernement fédéral ne décrète l’instauration de contrôles systématiques aux frontières, ce qui constitue un retournement spectaculaire par rapport à la défense des règles de Schengen à laquelle l’Allemagne nous avait habitués…

Précédemment (juin 2024) : Le temps est maussade au-dessus de l’Allemagne. À sa décharge, le gouvernement fait face, depuis son entrée en fonction, à des vents fortement défavorables : c’est tout le modèle productif allemand, fondé sur l’approvisionnement en gaz russe et les exportations vers la Chine, qui est remis en cause par la nouvelle donne géopolitique. Dans ce contexte, le SPD, berceau de la social-démocratie européenne, subit un revers cuisant : avec 13,94% des voix (une perte de deux pourcents), il n’arrive qu’en troisième position et perd deux sièges. Avec lui, c’est toute la coalition gouvernementale qui perd des plumes : les Verts s’effondrent en perdant 3 millions de voix et neuf sièges (ils en conservent douze), tandis que les libéraux conservent leur cinq sièges. Alors que Die Linke est en chute libre et perd deux de ses cinq sièges, la dissidente Sahra Wagenknecht réussit son pari : sa liste (Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justice) réalise une percée notable et obtient six sièges.

Ces contre-performances de la gauche profitent évidemment à la droite. La CDU/CSU arrive largement en tête avec ses 30% de voix et 29 sièges. Mais la grande gagnante est la très radicale AfD qui, avec près de 16% des voix et 15 sièges, s’affirme comme le deuxième parti – sans que les scandales à répétition et les mobilisations qu’ils ont générées ne semblent affecter négativement leur dynamique. Faut-il se réjouir que le chancelier Olaf Scholz (SPD) n’ait pas décidé d’imiter son homologue français et refuse les appels de l’opposition à convoquer de nouvelles élections ? A moins d’un retournement de situation spectaculaire, les élections fédérales prévues pour septembre 2025 devraient de toute façon voir la victoire des droites.  

11.10.2024

France

Vie politique

« Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout ». Macron se révèle, une fois encore, fin disciple de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. À l’issue du tour de passe-passe de la dissolution de l’Assemblée et de la tenue de législatives anticipées, il est ainsi parvenu à maintenir le camp centriste au pouvoir, tout en scellant une alliance avec une partie de la droite républicaine – qui s’est fracturée au passage – et en accroissant les tensions internes au Parti socialiste, qui n’a toujours pas fait le deuil du hollandisme. On peut spéculer sur la durée de vie du gouvernement de Michel Barnier ; sur la position confortable d’arbitre qu’occupe le RN dans cette configuration ; sur les conséquences de cette stratégie sur le sort du candidat centriste à la prochaine échéance présidentielle. Toujours est-il que la tactique de court-terme du Président de la République semble fonctionner : elle prolonge la capacité du bloc bourgeois à gouverner dans les intérêts du capital malgré sa position de plus en plus manifestement minoritaire.

Précédemment (juin 2024) : Après l’orage, le brouillard. La campagne pour les européennes, fortement marquée par les thèmes de l’immigration, de la situation sociale et économique, mais aussi du conflit israélo-palestinien, a vu les partis de gauche se présenter en ordre dispersé, suite au relâchement des liens qui avaient été noués antérieurement dans le cadre de la « NUPES ». Combinée à l’impopularité croissante du camp macroniste, cette situation a conduit à une victoire écrasante du Rassemblement national, capable de réunir 31% des suffrages, auxquels s’additionnent encore les 5,5% obtenus par l’autre liste d’extrême droite, Reconquête, emmenée par Marion Maréchal Le Pen.

À la suite de ce revers électoral, le Président Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives dans un temps record (elles auront lieu fin juin – début juillet). Ce coup de tonnerre dans la vie politique française a immédiatement entraîné une recomposition rapide du paysage politique, avec une implosion des Républicains et de Reconquête autour de la perspective d’une alliance avec le RN, et la constitution, dans l’urgence, d’un Front populaire afin de ne présenter qu’un(e) seul(e) candidat(e) de gauche par circonscription. Lancé initialement par François Ruffin, cet appel à la constitution d’un Front populaire a été suivi par l’ensemble des partis de gauche, ainsi que par la CGT.

À l’heure d’écrire ces lignes, c’est l’indétermination qui prévaut ; difficile de dire si l’épais brouillard qui a envahi l’Hexagone débouchera sur une éclaircie ou sur une dépression de longue durée. La rapidité des recompositions rend les projections bien hasardeuses. Si l’extrême droite n’a jamais été si proche du pouvoir en France depuis la seconde guerre mondiale et qu’une période de cohabitation Macron-Bardella est une possibilité très concrète, la gauche pourrait bien aussi créer la surprise – elle a déjà montré qu’elle disposait encore d’une force de frappe notable lorsqu’elle se présentait en front uni.

11.10.2024

Bruxelles – UE

Droits sociaux

Malgré le net glissement à droite du Parlement européen (et de la future Commission), Ursula Von Der Leyen dit vouloir maintenir un certain engagement sur le social, avec le Socle européen des droits sociaux. Se targuant de « progrès historiques en ce qui concerne notre socle des droits sociaux, qu’il s’agisse du salaire minimal ou de la toute première garantie pour l’enfance », elle a affirmé son souhait de « garantir aux travailleurs salariés comme aux indépendants une transition professionnelle équitable et de bonnes conditions de travail », soulignant à cette fin l’importance « cruciale » du dialogue social. Elle a également annoncé la création inédite d’un portefeuille de Commissaire au logement, souhaitant répondre à l’une des préoccupations principales des Européen·nes. Il s’agira bien sûr de lui rappeler ces mots et engagements lorsque chanteront à nouveau les sirènes de l’austérité.

Précédemment :

Ce n’est pas le climat politique européen qui consolera les Belges de gauche de la grisaille. Malgré quelques victoires locales des forces de gauche, l’électorat européen penche clairement vers la droite. Les conservateurs du PPE sortent renforcés dans leur position dominante, tandis que l’extrême droite passe d’un cinquième à près d’un quart des sièges au Parlement européen. Ce n’est pas la grande vague brune qu’on pouvait craindre, mais si les deux groupes d’extrême droite (CRE et ID) parviennent à s’unir (ce qui n’est pas garanti), ils deviendront la troisième force, tirant vers eux les droites traditionnelles. Alors que l’alliance des socialistes (S&D) ne perd que 3 sièges, les Verts européens s’effondrent comme un glacier, perdant 20 sièges d’un coup. Le baromètre est stable, en revanche, pour les gauches radicales.

Qu’attendre de cette recomposition du paysage politique européen ? Malgré la perte d’une vingtaine de sièges par le groupe libéral Renew, la grande coalition pro-européenne qu’il formait avec le PPE et les S&D devrait se maintenir, avec une majorité plus fragile. On peut espérer voir le Pacte vert tenir le coup, mais le recul des Verts rendra plus difficiles les avancées socialistes sur les politiques sociales et la transition juste. L’objectif sera surtout défensif : il s’agira de conserver les acquis comme la capacité d’investissement des États et le Socle européen des droits sociaux.

Par ailleurs, l’union ponctuelle des droites modérées et radicales pourrait devenir plus fréquente, entravant les projets législatifs les plus progressistes en matière sociale, d’environnement ou d’égalité de genre. Le rôle pivot des libéraux, dans ce cas, les placera face à une grande responsabilité. Il est également probable que la Présidente de la Commission (sans doute à nouveau Ursula von der Leyen) continue de coopter une partie du programme de l’extrême droite en matière d’immigration, dans l’espoir d’éroder sa base électorale, en dépit de l’inefficacité patente de cette stratégie. La mise en œuvre du Nouveau Pacte pour l’Asile et la Migration mettrait alors l’accent sur ses aspects restrictifs et répressifs.

Sur les questions de sécurité et de défense – domaines où le Conseil fixe les grandes orientations – la nouvelle composition du Parlement n’augure pas d’inflexions majeures. Sur le plan du commerce extérieur, le recul de la gauche renforcera la probabilité de traités de libre échange fondés sur l’abaissement généralisé des normes sociales et environnementales. L’aide au développement, enfin, pourrait aussi pâtir de cette recomposition et se voir de plus en plus mise au service de politiques migratoires restrictives.

11.10.2024

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Slovaquie

Elections européennes 2024

Après une campagne orageuse marquée par la tentative d’assassinat du premier ministre Robert Fico, son parti souverainiste et pro-russe (Smer-SD) a dû se contenter de la seconde place, avec 24,8% des voix, derrière Slovaquie progressiste, le parti social-libéral d’opposition, qui s’est bien repris après deux défaites électorales consécutives et obtient 27,8%. Derrière eux, les partis d’extrême-droite République, d’une part, et Liberté et Solidarité [sic] d’autre part obtiennent respectivement 12,5% et 5%. La sociale démocratie, elle, fait face à des vents contraires. Le Hlas-SD – issu d’une dissidence du Smer-SD, membre de l’actuelle coalition gouvernementale et exclu du groupe social-démocrate européen en 2023 en raison de ses sympathies pro-russes – n’obtient que 7,2%, juste assez pour un siège, comme les démocrates-chrétiens.

Précédemment : Les élections législatives du 30 septembre en Slovaquie ont vu le parti emmené par Roberto Fico arriver en tête, annonçant le retour au pouvoir du tribun qui avait gouverné le pays pendant douze longues années mais avait été donné pour mort politiquement, en raison de ses nombreuses inculpations pour des affaires de corruption. Nationaliste et pro-russe, son retour aux affaires est accueilli très favorablement par le voisin hongrois, toujours dirigé par Viktor Orbán. Seule la victoire de Donald Tusk lors des élections polonaises, très maigre consolation pour la gauche, empêche que ne se crée un solide axe illibéral et anti-ukrainien sur le flanc Est de l’Union européenne…

19.06.2024

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Roumanie

Elections européennes 2024

Depuis 2021, c’est un grand cartel entre les sociaux-démocrates et les conservateurs chrétiens-démocrates qui domine le paysage politique. Et le soleil est au beau fixe pour eux, puisque pour ces élections européennes, ils ont obtenu pas moins de 49% des voix. Loin derrière, on retrouve sans surprise l’extrême droite de l’Alliance pour l’unité des Roumains, qui se frotte sans doute les mains face une union de l’establishment mais ne parvient malgré tout pas à obtenir plus de 15% des voix, auxquels on peut cependant ajouter 5% pour SOS Roumanie, autre mouvement d’extrême droite. En dehors de la coalition gouvernementale, peu de trace d’une quelconque opposition de gauche. On peut néanmoins s’interroger sur les effets de long terme d’une telle stratégie de grande coalition, sachant qu’elle a été le carburant de nombreuses forces d’extrême droite à travers l’Europe et que le contexte géopolitique et économique difficile risque de jouer contre les partis au pouvoir…

19.06.2024

Slovénie

Elections européennes 2024

Comme dans de nombreux autres pays européens, la Slovénie n’a pas échappé à la remontée de l’extrême droite aux élections européennes, après son rejet dans l’opposition lors des dernières élections de 2022. Avec un taux de participation très bas à 41,35% (en légère hausse depuis les dernières élections européennes de 2019), le SDS (Slovenska Demokratska Stranka – Parti démocratique slovène) mené par l’ancien premier ministre Janez Janša, qui bénéficie du soutien de Viktor Orban, a remporté 4 sièges, deux de plus que lors des dernières élections européennes en 2019. Le parti au pouvoir en Slovénie, le GS (Gibanje Svoboda – Mouvement pour la liberté) d’orientation verte-libérale maintient ses deux sièges par rapport aux dernières élections. Le parti social-démocrate, le SD (Socialni demokrati), ne remporte qu’un siège, contre deux lors du précédent scrutin.

17.06.2024

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Croatie

Elections européennes 2024

Temps stable sur la Croatie. Les élections européennes y ont été marquées par un taux de participation très faible de 21,3%. Le HDZ (Hrvatska Demokratska Stranka – L’Union démocratique croate), le principal parti politique croate de droite, conservateur et nationaliste, remporte six sièges, deux de plus que lors des dernières élections européennes. Le HDZ s’est maintenu au pouvoir depuis sa création en 1991, se retrouvant dans l’opposition uniquement entre 2000 et 2003 et 2011 et 2015, au profit des sociaux-démocrates. Le SDP (Socijaldemokratska Partija – Le Parti social-démocrate croate), le second parti le plus important du pays, maintient ses 4 sièges. Deux nouveaux partis ont toutefois rejoint le Parlement européen en remportant respectivement un siège : le DP (Domovinksi Pokret – Le Mouvement patriotique), d’orientation nationaliste créé en 2020, et Možemo! (Nous pouvons !), un parti issu de la nouvelle gauche écologiste créé en 2019. Ce dernier a notamment remporté l’élection au poste de maire de la capitale, Zagreb, après le décès en 2021 du maire Milan Bandić, impliqué dans de nombreuses affaires de corruption. Les résultats pour les européennes reflètent ceux des dernières élections législatives qui se sont tenues au mois de mai 2024 et ont débouché sur la constitution d’une coalition majoritaire, composée du HDZ et du DP, face à une opposition formée par le SDP et Možemo!.

17.06.2024

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Chypre

Elections européennes 2024

Malgré la saison estivale, les nuages s’accumulent au-dessus de l’île. En termes de voix et de sièges, le parti de centre-droit DISY sort vainqueur des élections européennes à Chypre. Le parti, avec 24,8% des voix, garde ses deux sièges et devance son rival, le parti de centre-gauche AKEL, qui obtient 21,5% des voix et perd l’un de ses deux sièges. Cette victoire montre que DISY a survécu à une intense période de crise interne marquée par la fragmentation, le changement de direction et la fuite de certaines personnalités importantes vers l’extrême droite. Dans un contexte aussi favorable, l’incapacité du parti AKEL à profiter du moment témoigne de son manque de vision, de stratégie et de leadership.

Le véritable vainqueur de l’élection, pourtant, est tout autre. Fidias Panayotu, un youtubeur de 24 ans qui a ouvertement déclaré ne jamais avoir voté et a annoncé sa candidature deux mois avant l’élection, a obtenu un score surprenant de 19,3% sans présenter aucune orientation idéologique ou programmatique claire. Infantilisé et ridiculisé par les commentateurs de tous bords, activistes de gauche inclus, le potentiel de son style politique transgressif a clairement été sous-estimé. Les votes pour Fidias semblent provenir de tous les espaces politiques et idéologiques ; sa candidature aurait même absorbé des votes du parti d’extrême droite ELAM, qui est tout de même parvenu à décrocher son premier siège au Parlement européen. C’est le second enseignement des élections à Chypre : le score d’ELAM est le résultat d’une progressive normalisation de l’extrême droite et des discours nativistes et xénophobes dans la société, et d’un déplacement général de la politique chypriote vers la droite.

Les partis traditionnels chypriotes sont en crise depuis 2013. S’ils ont survécu à la crise financière et aux nombreux scandales de corruption, c’est essentiellement en raison du poids de l’abstention, de l’apathie politique, et de l’absence d’alternatives viables. Cependant, en l’absence d’un renouvellement de leur identité, ils semblent voués à décliner. Sans exagérer l’importance des élections européennes, les scores de Fidias et d’ELAM sont un signal clair d’une frustration latente favorisant les tendances anti-système et l’extrême droite. À quand une gauche renouvelée, capable de parler un nouveau langage et de déployer une nouvelle esthétique, pour repolitiser cet électorat frustré et faire barrage à la politique du pire ?

17.06.2024

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République Tchèque

Elections européennes 2024

En République tchèque, les élections européennes (marquées par un regain de participation – autour de 36% – dans un pays où il est historiquement très faible) ont conduit à la victoire du mouvement centriste ANO 2011, mené par l’homme d’affaire et ancien Premier ministre Andrej Babiš. Celui-ci récolte 7 sièges, soit un de plus par rapport au scrutin précédent. Alors que la coalition gouvernementale (droite, libéraux et démocrates-chrétiens) subit un net revers et perd deux sièges, la coalition de gauche Stačilo!, dominée par le parti communiste, réalise un bon résultat : elle arrive en quatrième position avec 9,56% des voix et deux sièges.

17.06.2024

Irlande

Elections européennes 2024

Les deux partis centristes actuellement en coalition au pouvoir, Fine Gael (conservateurs) et Fianna Fail (libéraux), ont remporté les suffrages avec respectivement 20,8 et 20,4% des voix. La déception vient de Sinn Fein, parti de gauche radicale pro-réunification de l’Irlande, qui n’arrive qu’à la troisième place, avec 11 % des voix, alors qu’on leur annonçait un ciel radieux dans les sondages depuis leur victoire aux élections parlementaires de 2020. Après une campagne, semble-t-il, dominée par la crise immobilière et la question migratoire, l’élection a également été marquée par le grand nombre de candidats indépendants (près de 28% des voix), dont une coalition quelque peu nébuleuse est parvenue à obtenir 2 sièges, soit autant que le principal parti de gauche.

Précédemment (avril 2024) : Après s’être distinguée par deux référendums validant respectivement le droit au mariage pour des personnes de même sexe et celui à l’avortement, en suivant les recommandations de son Assemblée citoyenne tirée au sort, une majorité de la population irlandaise a décidé, le 9 mars dernier, de rejeter les recommandations de l’Assemblée citoyenne sur l’égalité de genre. Celles-ci visaient à supprimer de la constitution deux formulations patriarcales : la première définit la famille comme l’union d’un homme et d’une femme ; la seconde précise que les femmes qui s’occupent de leur foyer et de leurs enfants sont dispensées de chercher un emploi. Résultat : deux fois « Non » aux propositions de modernisation de la Constitution. La faute au gouvernement, qui avait tellement reformulé et modéré les propositions de reformulation de la constitution qu’une partie de la gauche s’est associée à la droite conservatrice pour voter « Non » afin de ne pas entériner un changement constitutionnel largement insuffisant à ses yeux. Dans l’espoir que le beau temps succède à la pluie, cette gauche a estimé qu’il valait mieux temporairement garder une très mauvaise constitution, pour mieux la changer, plutôt que d’entériner sur le long terme une constitution tiède du point de vue de l’égalité de genre. Pari risqué – mais l’avenir leur donnera peut-être raison !

17.06.2024

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Malte

Elections européennes 2024

Sur l’archipel maltais, les sièges ont été répartis entre deux formations. Le Parti travailliste a franchi la ligne en tête (45,3%) malgré la perte d’un siège au bénéfice de son principal opposant, le Parti nationaliste, conservateur (42%). Il s’agit néanmoins d’un recul historique pour le parti social-démocrate, qui faisait face à des prévisions nettement plus clémentes.

17.06.2024

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Lituanie

Elections européennes 2024

Les chrétiens-démocrates au pouvoir ont remporté les élections européennes, préservant leurs trois sièges malgré un léger recul. Les sociaux-démocrates, qui avaient pourtant le vent en poupe dans les sondages, n’ont pas pu faire mieux que 18%, préservant leurs deux sièges. Les six sièges restants sont partagés entre plusieurs petites formations : le Mouvement libéral (centre-droit), le Parti de la liberté (centre-droit), l’Action électorale des Polonais de Lituanie (extrême-droite), l’Union démocratique (centre-gauche) et l’Union des paysans et des Verts lituaniens. On notera une belle troisième place pour cette dernière formation (9 %), qui est toutefois plus conservatrice que la plupart des partis verts européens. Le taux de participation, quant à lui, frise le ridicule avec seulement 28,4%. Mais la Croatie a fait pire encore ! 

17.06.2024

Lettonie

Elections européennes 2024

Malgré une campagne agitée de nombreux scandales (usage de jets privés avec de l’argent public, financement illicite de campagne et tentative de manipulation d’élections) dont on aurait pu attendre qu’ils affectent le score du parti de centre droit au pouvoir (JV), celui-ci s’est maintenu en tête avec 25,4% des voix, devant l’extrême droite (Alliance nationale, 22,3%), qui progresse de près de 6 points. Derrière, c’est la grande fragmentation, deux partis de gauche obtenant péniblement un siège chacun, sans dépasser les 7,5% de voix. Mais que représentent de tels résultats avec un taux de participation de 33,8% ?

17.06.2024

Estonie

Elections européennes 2024

Dans une élection très centrée sur les personnalités en raison du système de listes ouvertes, c’est le parti conservateur d’opposition Isamaa (Patrie) qui a remporté les élections européennes (21,6%), doublant son score par rapport à 2019. Il devance les sociaux-démocrates (19,3%, en recul) et les libéraux (18%), qui ont perdu près de 8%. Derrière, on retrouve encore d’autres partis conservateurs et centristes. Sans surprise dans cette région de l’Europe, c’est le thème de la sécurité qui a dominé la campagne. À noter également parmi les intempéries, un taux de participation, de 37,7%…qui reste le meilleur des pays baltes.

17.06.2024

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Luxembourg

Elections européennes 2024

Au Grand-Duché, les socialistes ont rebondi après leur score catastrophique de 2019, passant de 12,2 à 21,7% des voix. Pas de franche éclaircie, cependant, puisqu’en parallèle, les verts ont subi un revers important, tandis que Dei Lenk (gauche radicale) et les Pirates ont perdu quelques plumes. Au total, les trois formations de gauche enlèvent 37% des voix (42% si on ajoute les Pirates) et deux sièges sur six, soit quasiment la même configuration qu’en 2019. Les autres sièges sont allés aux chrétiens-démocrates (23%, 2 sièges), aux libéraux (18%, 1 siège) et aux nationalistes-conservateurs pro démocratie directe de l’ADR (12%, 1 siège). Plutôt que de grignoter du terrain à la droite, la gauche a plutôt vu les cartes être redistribuées en son sein.

Précédemment (décembre 2023) : Des résultats en demi-teinte. Aucun anticyclone ne semble protéger les performances électorales des gauches luxembourgeoises. Si le parti socialiste engrange une courte progression et gagne un siège, les verts et la gauche radicale sont en net recul : les premiers perdent 5 sièges, les seconds 2,5 points de pourcent. Ces partis totalisent, ensemble, à peine 17 des 60 sièges disponibles… la révolution attendra.

17.06.2024

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Pays-Bas

Elections européennes 2024

Si le cartel entre les sociaux-démocrates (PvdA) et les Verts de GroenLinks a eu la satisfaction de devancer la liste de droite radicale du PVV, devenant ainsi premier parti, il serait exagéré de parler d’éclaircie. En effet, son résultat est en-deçà du total que les deux formations avaient obtenu chacune de son côté, en 2019, avec un siège de perdu. Et si on y ajoute le tassement du SP (Gauche radicale), les trois formations de gauche perdent 10 % des voix par rapport à 2019. Pendant ce temps, le parti d’extrême-droite de Geert Wilders (PVV) est passé de 1 à 6 sièges. Derrière, c’est une grande fragmentation des voix, avec 12 % pour les libéraux, 10% pour les chrétiens-démocrates, 8 % pour les libéraux-sociaux, 5 % pour le mouvement des agriculteurs, 5 % pour les européistes de Volt, ou encore 4,5% pour le parti animaliste. Dans ce paysage politique morcelé, on peut néanmoins saluer l’effort des sociaux-démocrates et des verts pour construire une alliance de gauche.

Précédemment : Sorti largement vainqueur des dernières élections législatives en novembre dernier avec 23,50% des voix et 37 sièges sur 150, le parti d’extrême droite (Parti pour la liberté, PVV) avait la tâche délicate de former un gouvernement de coalition dont son leader, Geert Wilders, se voyait déjà Premier ministre. Les choses se sont néanmoins compliquées ce 6 février après la décision du nouveau parti centrise emmené par Pieter Omtzigt (Nouveau contrat social, NSC) de se retirer de se retirer de la table des négociations, laissant le PVV dans l’incapacité de former un gouvernement majoritaire. Est-ce à dire qu’un retour aux élections constituerait une éclaircie ? Rien n’est moins sûr, alors que certains sondages annoncent un renforcement ultérieur de l’extrême droite. Mais il n’est pas impossible de voir les rayons du soleil percer cet épais brouillard, sachant que les sondages avaient brillé par leur imprécision lors du dernier rendez-vous électoral…

17.06.2024

Hongrie

Elections européennes 2024

Comme on pouvait s’y attendre, l’agitation le long du Danube se poursuit avec pluies et orages sur Budapest. Lors des élections européennes, le pouvoir de l’autoritaire Premier ministre Viktor Orbán a une fois de plus été massivement confirmé : la coalition autour de son parti d’extrême droite Fidesz a remporté la majorité des voix (44,9 %) et des sièges (11/21). Surprise, cependant : la montée en puissance du nouveau venu, le Parti du respect et de la liberté (Tisza, 7 sièges et 29,5%). Fondé trois mois seulement avant les élections par Péter Magyar, ancien membre de l’establishment du Fidesz, aujourd’hui à la tête d’un prétendu mouvement anti-corruption, qui sera le bienvenu dans le groupe PPE. Reste à voir si Magyar sera un véritable opposant à Orbán – en tout cas pas sur un programme progressiste. Très maigres résultats, en revanche, pour la coalition des trois partis d’opposition : DK-MSZP-Dialogue Alliance (PES, sur une position sociale-démocrate et verte), qui n’a obtenu que 2 sièges, avec 8,1% des voix. À peine plus que le Mouvement pour la patrie, une scission de l’ancien parti néo-nazi Jobbik, qui vise à revenir à ses positions initiales, encore plus à l’extrême droite (1 siège, 6,7 % des voix). Alors que la pluie n’en finit plus, on peut se demander comment le reste de l’Europe pourrait soutenir les démocrates hongrois.

17.06.2024

Espagne

Elections européennes 2024

L’été arrive, et avec lui son lot d’orages violents. Les élections européennes ont été marquées par l’explosion de la confrontation entre Podemos et Sumar, à la gauche du parti socialiste (PSOE). C’était la première fois que les deux formations politiques s’affrontaient au niveau national, et le résultat est catastrophique : Sumar obtient 4.7% des voix et 3 députés, tandis que Podemos chute à 3.3% et 2 députés. Pour l’espace de la gauche radicale, cela représente une perte de près de 10% en comparaison avec 2014, lorsque Podemos faisait sa première apparition électorale et engrangeait 5 eurodéputés, à la surprise générale. Par ailleurs, si le PSOE reste relativement stable (avec 30% des voix, ils perdent un siège), la droite et l’extrême droite sortent renforcées du scrutin : le PPE et Vox enregistrent respectivement une progression de 9 et 2 sièges, tandis que la liste radicale de Alvise Pérez remporte son pari en gagnant trois sièges.

À l’issue de ce scrutin, la bipolarisation est plus que jamais renforcée en Espagne ; à l’intérieur de l’espace politique de la gauche, très divisé, le PSOE reste nettement hégémonique. Le premier effet direct de ces élections a été la démission de Yolanda Díaz en tant que coordinatrice de Sumar et leader de la gauche radicale. Cela ouvre un processus de recomposition, sans horizon précis, qui pourrait conduire à réorganiser la gauche à long terme. Dans un premier temps, cependant, il est probable que cela mène à une intensification de la lutte entre les différentes organisations présentes dans cet espace (Podemos, Sumar, Izquierda Unida, Izquierda Anticapitalista, Compromís, Comuns, Más Madrid…). En attendant l’émergence d’un mouvement populaire capable de forcer l’union des forces espagnoles de gauche, c’est un scénario digne de Game of Thrones qui s’y donne à voir – et pas exactement celui auquel pensait Pablo Iglesias, alors leader d’un Podemos en pleine progression, lorsqu’il offrait un DVD de la célèbre série télévisée au roi Felipe VI en 2015.

Précédemment : En Espagne, la gauche du parti socialiste peine à sortir de sa position subalterne et à mettre fin à ses divisions internes entre Sumar, Podemos et Izquierda Unida. Les conséquences électorales de cette situation ne se font pas attendre. Se présentant en ordre dispersé aux élections régionales en Galice et au Pays basque qui se sont tenues respectivement le 18 février et le 25 avril, elle y a obtenu des résultats catastrophiques (un seul siège obtenu par Sumar sur ces deux élections, Podemos privé de représentation parlementaire). Si la bonne santé des socialistes et des gauches régionalistes a empêché que cela ne se traduise en victoire écrasante pour la droite au Pays basque – configuration qui devrait bientôt se répéter en Catalogne – les prévisions sont bien moins optimistes pour le scrutin européen auquel participeront les Espagnols au mois de juin. Et la position de Pedro Sánchez, chef de l’exécutif, vient d’être fragilisée par des accusations de corruption visant son épouse, provenant de l’association proche de l’extrême droite, Manos Limpias…  

17.06.2024

Italie

Elections européennes 2024

En Italie, le temps est à la pluie – acide. Loin des désirs habituellement fantasmés par la gauche, l’extrême droite ne se dégonfle pas à l’exercice du pouvoir. Bien au contraire : alors que les élections européennes sont en général le théâtre d’un vote sanction contre les partis de gouvernement, cette fois la victoire de Meloni, qui sort même renforcée de ce scrutin, est incontestable (de 26 à 29 %). Celle-ci confirme sa nette suprématie sur ses alliés, Forza Italia et la Lega de Salvini, la première devançant désormais la seconde (9,6 contre 9 %). En revanche, les résultats globaux au Parlement européen rendent quasiment impossible l’objectif des Fratelli d’Italia d’imposer le modèle italien de l’alliance entre la droite et l’extrême droite. Une nouveauté cependant : dans la péninsule, un légère brise de gauche a soufflé sur le scrutin. Le centre gauche (PD) recueille de bons résultats (le parti passe de 19 à 24 %), alors que la secrétaire générale Elly Schlein a réussi à redonner des accents sociaux à son parti. Succès aussi pour l’alliance de la Gauche et des Verts (AVS de 3,5 à 6,7 %), tandis que le Mouvement cinq étoiles poursuit son lent déclin et passe sous la barre des 10%. Peut-être le début d’une éclaircie avec la reconstruction d’une alternative crédible à gauche ? Mais le chemin est encore long et Meloni tient solidement les rênes du pouvoir…

Précédemment : un premiers revers électoral pour le gouvernement d’union des droites. Lors du scrutin régional qui s’est tenu en Sardaigne les 25 et 26 février, c’est la candidate de centre-gauche (liste commune Parti démocrate – Mouvement cinq étoiles) qui l’a emporté d’une courte tête (43,4% contre 43%). Outre le camouflet que cela représente pour le gouvernement, cela montre les bénéfices d’une stratégie d’union à gauche et renforce donc l’orientation actuelle de la présidente du PD, Elly Schlein, malgré les réticences d’une partie des élites de son parti. L’éclaircie, timide, a cependant été de courte durée : deux semaines plus tard, le 10 mars, le centre-droit reprenait la main en remportant les élections régionales dans les Abruzzes.

17.06.2024

Autriche

Elections européennes 2024

Après les nuages, l’averse. Le soleil n’a pas brillé pour les forces progressistes en Autriche lors des élections européennes. Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), proche de l’AfD allemande, a secoué le panorama viennois avec un résultat historique de 25,4% des voix et 6 sièges au Parlement européen. Le Parti populaire autrichien (ÖVP) du PPE a perdu deux sièges (24,5% des voix et 5 sièges), suivi par le Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ, 23,2% des voix et 5 sièges, soit le même résultat qu’en 2019). Mauvais résultats également pour les Verts : l’Alternative verte, affaiblie par le gouvernement de grande coalition avec les conservateurs de l’ÖVP depuis 2020, passe de 3 à 2 sièges. L’ascension du parti centriste NEOS – The New Austria and Liberal Forum (Renew), se poursuit, avec 10,1% des voix, en mesure d’obtenir 2 sièges au PE. Le parti communiste autrichien (KPÖ) n’est pas parvenu à obtenir de siège. Pourtant, avec 3% des voix, il quadruple le résultat obtenu lors du scrutin précédent et confirme sa dynamique positive amorcée lors des scrutins locaux et régionaux, que nous décrivions dans notre précédent bulletin météo. Il reste à voir si les progressistes trouveront un moyen de riposter en vue des élections législatives autrichiennes de septembre 2024.

Précédemment : L’extrême droite autrichienne, comme beaucoup de ses homologues européennes, bénéficie d’un vent favorable à l’échelle du pays. Pourtant, sa progression a été considérablement freinée dans les élections locales de Salzbourg qui se sont tenues en mars et ont vu le parti communiste (KPÖ) réaliser une progression remarquable, jusqu’à devenir le deuxième parti au conseil municipal et manquer le mayorat de peu (au profit du parti social-démocrate). S’inspirant de l’action du parti dans une autre grande ville, Graz – où le maire communiste, Elke Kahr, gouverne en coalition avec les écologistes et les sociaux-démocrates depuis l’automne 2021 – les communistes ont fondé leur succès sur une activité locale frénétique et une campagne axée sur des enjeux concrets (en particulier, la question du prix du logement). Si l’éclaircie reste timide, elle nous rappelle que la traduction de la colère citoyenne en un vote de rejet de l’autre n’est pas une fatalité.  

17.06.2024

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Turquie

Élections

Le début d’un vent nouveau sur la Turquie ? Les élections municipales du 31 mars 2024, marquées par la première alternance politique au niveau local depuis longtemps, ont en tout cas amené une bouffée d’air frais. Le parti au gouvernement, Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, a perdu la majorité dans plusieurs municipalités. Le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) s’est quant à lui imposé dans plus de trente villes et s’est retrouvé majoritaire pour la première fois depuis 1977, avec 37,8% contre 35,5% des suffrages exprimés. Le parti a maintenu la majorité dans des grandes villes comme Istanbul, Ankara et Izmir et a obtenu la majorité, pour la première fois depuis plusieurs années à Bursa, à Balikesir et Manisa. Plusieurs municipalités de districts non seulement dans des grandes villes de l’Ouest mais aussi dans des petites villes de l’Anatolie centrale sont également passées sous la majorité du CHP. Par ailleurs, le parti pro-kurde, Dem Parti, a également réussi à obtenir la majorité dans dix villes kurdes. S’il ne faut pas exagérer la portée de ces résultats et leur signification à l’échelle nationale – où les prochaines élections n’auront lieu que dans quatre ans – ils sont peut-être le signe d’une première brèche dans le régime d’Erdogan dont pourraient profiter les forces progressistes du pays.

26.04.2024

Ukraine

Société

Outre les affres du conflit, les gauches ukrainiennes subissent les offensives de la droite et de l’extrême droite. Après avoir reçu des menaces de la part de membres du groupe Tradition et Ordre, le musée national d’art d’Odessa a ainsi annoncé l’annulation d’une exposition de David Chichkan dont l’ouverture était prévue le 21 janvier et qui présentait des portraits de soldats des forces armées ukrainiennes affichant des opinions politiques de gauche. Par ailleurs, un projet de réforme du Code du travail, écrit sans la participation des organisations syndicales, pourrait être adopté cette année et entrer en vigueur en 2025. Celui-ci perpétuerait plusieurs restrictions « temporaires » des droits telles que le licenciement pour divulgation de secrets commerciaux, la journée de travail de 12 heures ou l’interruption inattendue des vacances. Ces dynamiques montrent l’urgence, pour les gauches ukrainiennes, de s’organiser pour peser sur les contours de la société ukrainienne post-conflit : en ce sens, la création récente de l’Alliance de la Gauche Verte d’Europe centrale et orientale, représente une timide éclaircie.

23.02.2024

Serbie

Vie politique

Retour de la violence et raidissement du régime. La société civile serbe est en alerte. Les tueries de masse auxquelles le pays a été confronté au mois de mai ont déclenché des manifestations qui se poursuivent encore actuellement. Celles-ci réclament la chute du régime du président Aleksandar Vucic pour l’échec de la gestion de cette crise sociale, la corruption et ses liens étroits avec les réseaux criminels et mafieux du pays. En parallèle, les relations avec le Kosovo virent à l’orage, après l’attaque perpétrée en septembre au Monastère de Banjska, au Kosovo. Une trentaine d’hommes serbes lourdement armés se cachant dans l’enceinte du monastère ont ouvert le feu sur la police kosovare, causant la mort d’un policier kosovar albanais et de trois assaillants serbes. Tandis qu’Aleksandar Vucic nie ouvertement l’implication de son gouvernement dans cette attaque, l’enquête a dévoilé la présence de Milan Radoicic, le leader du parti politique Srpska lista, représentant les intérêts des Serbes du Kosovo et appuyé par Belgrade. Sous le poids des critiques de l’opposition et du soulèvement citoyen, le président a annoncé l’organisation d’élections anticipées prévues potentiellement en décembre. Celles-ci présentent tous les traits d’une caution pseudo-démocratique avant que l’opinion publique ne tourne définitivement en sa défaveur, alors même que le régime tente de faire passer une proposition de loi qui lui permettrait de prendre le contrôle complet sur les médias et cherche à acheter sa réélection avec, notamment, le versement de 20 000 dinars (170 euros) aux pensionnés.

04.12.2023