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La moitié de l’enfer

«J’aurais voulu, ce soir, pouvoir discuter de bêtises ordinaires : de publicités imbéciles, des sursauts du «panier de la ménagère», des soldes, que sais-je ! Quelque chose de léger pour commencer l’année, quelque chose qui ne mériterait pas plus qu’un soupir navré. Mais en ce début de mois de janvier Cette chronique a été terminée le 14 janvier 2009, le jour où le nombre de morts a dépassé le millier , impossible de parler d’autre chose, de penser à autre chose que Gaza. Et même si ce n’en est qu’un aspect mineur, laissez-moi vous dire combien cela me blesse de voir autant de femmes, en première ligne, justifier la politique israélienne ; combien j’en ai assez d’entendre une porte-parole de l’armée, ou Tzipi Livni, ou Tamar Samash, ou Colette Avital Respectivement ministre des Affaires étrangères et peut-être future Première ministre, ambassadrice d’Israël à Bruxelles et députée travailliste envoyée en Europe pour «expliquer» la politique israélienne. Déclarations à la RTBF radio lors d’interviews diverses en ce début janvier 2009… tenter de semer la confusion avec leur «guerre propre», leur «riposte proportionnée», leurs «armes autorisées par le droit international», leur «respect des règles humanitaires»… tout en ajoutant, parce que tout de même, ce sont des femmes, que leur coeur de mère saigne chaque fois qu’un enfant est tué ! — Très fort : il faudrait peut-être s’apitoyer sur leur coeur de mère… — Eh bien oui, il faudra l’admettre, comme «effet collatéral» de l’égalité : la «moitié du ciel» peut aussi se transformer en «moitié de l’enfer». — Vous avez raison, mais n’oublions pas d’autres voix, peut-être moins médiatisées chez nous mais néanmoins présentes, comme celle d’Amira Hass Amira Hass est la seule journaliste israélienne à avoir choisi de vivre en territoire palestinien. Fille de survivants de la Shoah, elle a reçu en 2003 le Prix mondial de la liberté de presse de l’Unesco. Traduction de l’hébreu : Michel Ghys qui écrit ces phrases terribles : «Quelle chance que mes parents soient déjà morts. Déjà en 1982, ils ne pouvaient supporter le bruit des avions de combat israéliens fondant sur les camps de réfugiés palestiniens au Liban. (…) Mes parents abhorraient chacun de leurs gestes quotidiens – mélanger le sucre dans le café, laver la vaisselle, se tenir dans les passages cloutés – quand dans le même moment, exactement, ils voyaient en imagination, en s’appuyant sur leur expérience personnelle, la terreur dans les yeux des enfants, le désespoir des mères impuissantes à les protéger, le moment où la bombe puissante fait s’effondrer la maison sur ses occupants et que les bombes intelligentes massacrent des familles entières. (…) Comment pourraient-ils supporter leur vie de tous les jours aujourd’hui ?». — … Ou, au-delà de quelques positions courageuses individuelles, cette déclaration publiée par une série d’associations de femmes israéliennes et palestiniennes, en commun : «La danse de morts et des destructions doit finir. Nous exigeons que la guerre ne soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat une alternative» voir notamment http://www.mrap.fr/campagnes/international/moyen-orient/urgence-gaza/femmes/document_view?month:int=3&year:int=2009. Il faudrait écouter et si possible, amplifier ces voix-là…