Revue de presse de la couverture médiatique du 8 mars. Si la Journée internationale des droits des femmes permet de visibiliser leur sort et leurs combats, certains stéréotypes persistent dans les médias.

Cet article a paru en avril 2006 dans le n°44 de Politique. Nous le republions à l’occasion du 8 mars 2022.

 

On l’avait pourtant bien écrit l’an dernier : « DES femmes!!! ». Mais il faut croire que les médias ne lisent pas Politique[1. I. Kaufer, Assez, pitié, de la « Journée de LA femme », POLITIQUE, n°39, avril 2005.], car cette année encore, on a eu de « LA » femme jusqu’à plus soif. La palme revenant peut-être au Journal du Mardi qui, dans un article sympa par ailleurs, constatait que la famille est « assumée trop souvent par LA femme, seule. Rares sont en effet LES hommes qui assument pleinement leur rôle de père… » Les hommes, eux, sont pluriels… Mais on a aussi retrouvé « LA femme » dans Le Monde, « LA femme » même à la RTBF qui consacrait pourtant, sur La Deux, une soirée intéressante au sort des femmes à travers le monde…

Tandis que RTL jouait bien son rôle de « proximité » en consacrant la soirée à la seule vraie question de la vie de LA femme : « J’me sens pas belle », ou que France 3 parlait des « couples célèbres qui résistent à tout » (même au féminisme ?). L’autre thème à la mode était : « Cette journée a-t-elle encore un sens ? », sous-entendu : maintenant que, dans nos pays occidentaux en tout cas, l’égalité est obtenue… Heureusement, les réponses étaient en général plus nuancées. Mais il était intéressant de constater comment, chassé par la fenêtre, le sexisme revient… par la porte du studio. France Inter invitait ce 8 mars ces « vedettes » médiatiques que sont Alain Touraine et Christine Ockrent, tous deux auteurs de livres sur la condition « des femmes »[2. A. Touraine, Le monde des femmes ; C. Ockrent, Le livre noir de la condition des femmes (collectif).]…(ouf). Passons sur le fait qu’il s’écrit beaucoup de livres sur le sujet, nettement plus intéressants et profonds que ces deux-là, mais n’ayant pas droit à autant d’écho. Soit, France Inter n’en a sans doute jamais entendu parler.

Mais ce matin-là, on a eu la surprise, durant les questions des auditeurs, de n’entendre que des hommes. Oh, bien sûr, les hommes ont aussi des choses à dire et leurs questions étaient intéressantes, mais tout de même : où donc étaient les femmes? En train de faire la vaisselle, de conduire les enfants à l’école…? Difficile de croire qu’aucune n’a appelé pour participer au débat. La distribution de la parole, c’est aussi une inégalité! Enfin ! Au moins, une journée durant, on a parlé des femmes, de leur sort, de leurs combats. C’est toujours mieux que ces entreprises qui ont cru « élégant » d’offrir une fleur à leurs employées, confondant sans doute cette journée de lutte avec la fête des mères… ou des secrétaires !

(Image dans la vignette et dans l’article sous CC BY-NC-SA 2.0 ; photographie d’un kiosque à journaux prise par les archives de la ville de Montréal en 1966.)