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Parvenu

PARVENU : Synonyme : arriviste. La formulation suivante exprime avec une précision mathématique le sens de ce mot : Parvenu = arriviste = arrivé = qui s’est soulevé. Pour «parvenir» il faut donc y mettre du sien, se soulever, se révolter contre la place à laquelle on se trouve assigné. C’est la «révolte égoïste» qui fait le parvenu. Le parvenu combat avec succès les obstacles à sa propre ascension. Dans les sociétés marchandes, c’est la concurrence qui fait le parvenu. L’arriviste est un opportuniste. Lorsque l’économie politique classique (c’est-à-dire libérale) s’est intéressée au comportement des hommes «tels qu’ils sont» dans les rapports marchands, elle a découvert du même coup «l’opportunisme». Dans un contexte d’information imparfaite, l’opportunisme consiste à rechercher son intérêt personnel en recourant à la ruse et à la tricherie. Si bien que les informations dont disposent les agents économiques sont normalement incomplètes, déformées, ou falsifiées. D’ailleurs, comme l’avait montré dans l’entre-deux-guerres Ronald Coase, les transactions marchandes ont un coût. La découverte des prix adéquats, la négociation et la conclusion de contrats, l’opportunisme des agents coûtent cher. La concurrence ne favoriserait donc pas toujours l’efficience. C’est pourquoi, par exemple, organiser la protection sociale à travers une gestion publique est tellement moins onéreux que la privatiser. Lorsque la concurrence structure la morale, il n’est que normal que chacun veuille s’élever au-dessus des autres. La révolte du parvenu ne se soucie pas de la marche de la société. L’ascension sociale dépend alors des manières de s’y prendre et de prendre. L’égalité des chances mais sûrement pas des conditions devient l’horizon social des parvenus. Une société de parvenus s’interdit définitivement toute perspective de réforme sociale pour autant bien sûr que l’on entende par là une modification de la répartition des revenus au profit du travail et au détriment du capital. Dans une telle société, la richesse comme la hiérarchie sociale doivent être préservées en l’état. Il s’agit seulement de permettre aux parvenus d’accéder à la richesse et d’occuper les fonctions correspondant à leurs mérites assurément supérieurs à ceux de leurs concurrents. Il suffit alors de laisser croire aux autres qu’ils pourront devenir à leur tour des parvenus. À moins qu’ils ne se dénoncent les uns et les autres comme des parvenus.