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1% de croissance réelle contre 3,7% nécessaires : l’Arizona asphyxie la santé

Montage ©Politique
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Que deviennent les promesses de solidarité quand les moyens ne suivent plus ? En fixant une norme de croissance inférieure aux besoins réels, l’Arizona organise un sous-financement structurel des soins de santé. Accès aux soins, qualité des traitements, pression sur les hôpitaux et le personnel soignant : derrière les chiffres, c’est notre modèle de solidarité qui vacille. Faut-il réellement s’y résigner au nom de l’austérité ?

Le gouvernement fédéral avait promis une norme de croissance des soins de santé de 3 %. Les électeurs et électrices pouvaient y voir un engagement crédible : financer la sécurité sociale à hauteur des besoins. Mais, comme pour les fameux 500 euros supplémentaires par mois, la réalité est tout autre. Les comptes sont mauvais. L’accord de majorité Arizona ne retient qu’une norme moyenne de 2,4 %. Pis encore : en 2026, une fois les économies prévues par la trajectoire de l’accord de gouvernement déduites, la norme réelle ne dépassera pas 1 %. Soit 400 millions d’euros.

Une norme pourtant essentielle

La norme de croissance n’est pas un simple indicateur budgétaire : elle conditionne la progression annuelle des moyens de la sécurité sociale pour couvrir les besoins budgétaires des soins de santé. Depuis 1995, ce budget est augmenté chaque année, en plus de l’index, d’une norme de croissance pour tenir compte de la spécificité de ce secteur.

La réalité c’est que les besoins de santé croissent plus vite que l’économie. Le vieillissement de la population entraîne davantage de maladies chroniques, les progrès technologiques offrent des traitements plus efficaces, mais plus coûteux, les secteurs en pénurie (et en particulier celui des soins infirmiers) doivent être revalorisés et les citoyen·nes aspirent légitimement à une meilleure prévention et à des soins de qualité.

Les besoins réels, les choix politiques

Le Bureau fédéral du Plan estime qu’il faudrait 3,7 % en 2026 et 3 % en moyenne sur la législature pour couvrir les besoins réels. Les Engagés eux mêmes plaidaient pour 3,5 %, avant d’accepter dans l’Arizona une norme rabotée à 2,4 % (en moyenne sur toute a législature). Avec les économies décidées, l’écart devient abyssal : près de 900 millions d’euros manquent dans le financement des soins de santé.

Des conséquences concrètes

Ce sous-financement n’est pas théorique. Il signifie des pressions accrues sur les hôpitaux, des retards d’accès aux innovations thérapeutiques, un renoncement aux soins pour certains patient·es, et un glissement progressif des coûts vers les ménages via des tickets modérateurs et suppléments d’honoraires. Bref, une privatisation rampante par asphyxie budgétaire.

Réduire artificiellement la norme de croissance, c’est nier les réalités scientifiques, démographiques et médicales. C’est aussi affaiblir le contrat social qui garantit à chacun un accès universel aux soins. Derrière ces pourcentages, c’est une véritable question de société : voulons-nous investir pour préserver un système solidaire et de qualité, ou bien accepter sa lente dégradation au nom d’une logique d’austérité ?