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1974-1992 : l’exemple fondateur du regroupement démocratique Marocain

Pendant près de vingt ans (1974-1992), le Regroupement démocratique marocain (RDM) a eu une importance centrale dans l’auto-organisation politique et culturelle des travailleurs issus de l’immigration marocaine en Belgique. En plus de défendre leurs droits économiques et politiques, l’association leur a permis de tisser un ensemble d’activités solidaires, allant de l’alphabétisation aux luttes antiracistes, en passant par la transmission culturelle.

Cet article a paru dans le n°115 de Politique (avril 2021).

En 1956, le Maroc accède à son indépendance vis-à-vis de la France et de l’Espagne. Très vite, et dans un contexte de guerre froide, l’indépendance politique donne lieu à une course au pouvoir. D’une part, le roi Hassan II (1961-1999) et le Makhzen[1.L’ensemble de l’appareil administratif (notabilité et bourgeoisie), exécutif (forces armées royales, polices, gendarmerie royale et services de renseignement) et religieux centré autour du roi. Le Makhzen peut être aussi défini comme le « gouvernement exécutif traditionnel » répondant à la volonté du roi.] établissent un pouvoir autoritaire, soutenu par une politique répressive et délatrice sur tout le maillage territorial. Les enlèvements des opposants et les procès politiques s’enchaînent, parfois précédés de rafles policières. D’autre part, les partis politiques, syndicats et mouvements d’étudiants militent au sein du Mouvement national pour l’instauration et le renforcement d’un parlement et d’un gouvernement démocratique. Les contestataires revendiquent l’élaboration d’une constitution, d’une politique industrielle, l’alphabétisation de la population et la reconnaissance de la liberté de conscience et d’association.

Politisation de la population marocaine immigrée

Dans ce contexte, les espaces professionnels représentent les premiers lieux d’organisation des travailleurs marocains arrivés en Europe, à travers des sections syndicales locales (CGT, FGTB…) mais aussi des sections directement organisées par des partis et des syndicats marocains. Parallèlement au syndicalisme ouvrier, un autre lieu définit les contours de leur politisation : la cité universitaire. En effet, l’immigration ouvrière des années 1960 s’est doublée, une décennie plus tard, d’une conséquente immigration jeune et estudiantine venue poursuivre son cursus universitaire dans les universités européennes. Dès les années 1960, l’Union nationale des étudiants marocains (Unem)[2. Le bureau central de l’Unem était situé au Maroc mais, face à l’étendue de l’émigration estudiantine marocaine, l’Union installe un second bureau à Paris et des sections dans plusieurs pays européens dont la Belgique. La ligne politique de l’Unem, si elle demeure fixée au Maroc, est concertée avec le bureau de Paris, pour refléter aussi les demandes et revendications des étudiants émigrés.] établit des sections dans les universités fréquentées par les étudiants marocains en France (les universités de Paris, de Grenoble, de Lyon, de Montpellier et de Lille notamment) et en Belgique (l’Université libre de Bruxelles et l’Université du travail à Charleroi).

Les origines de la conscience politique des mouvements associatifs marocains naissants en Europe sont directement issues des activités des étudiants marocains. À travers les auditoires et les cercles estudiantins, la cité universitaire constitue aussi le lieu de rencontre entre les étudiants marocains et ceux du pays d’accueil (français, belges, néerlandais et allemands). Ces rencontres favorisent la création d’associations et mouvements de solidarité internationale. C’est dans ce contexte que les comités de lutte contre la répression au Maroc voient le jour en France et en Belgique ; ils réalisent un travail d’information sur la répression politique au Maroc auprès de l’opinion publique du pays d’accueil en collaboration avec tous les segments de la société civile de ce dernier[3. P. Artières (dir.), « 68 » Une Histoire collective 1962-1981, Paris, La Découverte, 2015 (2e ed.), p. 559-566.].

Cette immigration estudiantine est complétée, plus modestement, par une immigration politique. Autrement dit, des immigrés pour raisons politiques, en général plus âgés, dont la pratique politique ou syndicale au Maroc leur a valu d’être soumis à la répression policière. Ils apportent avec eux des idées en matière d’organisation associative et syndicale.

L’immigration ouvrière, estudiantine et politique culmine en 1973, date à laquelle Hassan II décide d’interdire les partis et mouvements marocains qui s’opposent à lui, principalement des partis de gauche : l’UNFP, le PCM, l’ALM, l’Unem, une partie de l’UMT[4. Respectivement : Union nationale des forces populaires, parti socialiste fondé en 1959 ; Parti communiste marocain fondé en 1943 ; Armée de libération marocaine, mouvement indépendantiste armée actif dans les années 1950 ; Union marocaine du travail, syndicat indépendant fondé en 1955.] et les mouvements d’extrême gauche (Ilal Amam et le Mouvement du 23 mars[5. Ilal Amam est un mouvement léniniste-marxiste né au Maroc durant l’été 1970. Ce mouvement a été le fer de lance de l’opposition marocaine entre 1972 et 1985. Le Mouvement du 23 mars est un groupe, d’abord clandestin, issu d’une scission d’une partie des membres de l’UNPF.]). De ce fait, les sections de l’Unem implantées en Europe sont devenues la principale courroie de transmission de ces mouvements politiques alors interdits au Maroc. Chaque section de l’Unem compte alors en son sein des militants issus de ces différents partis et courants politiques, entrés en clandestinité.

Naissance du RDM

En Belgique, l’immigration marocaine s’est amorcée en 1964 par l’arrivée de nombreux ouvriers. Elle poursuit une trajectoire assez similaire à celle de l’immigration marocaine en France. En plus des premiers regroupements syndicaux, les Marocains organisent leurs premières associations culturelles. Ainsi, l’Union sportive maghrébine voit le jour en 1971, le premier fonds de solidarité (qui avait pour fonction le rapatriement des ouvriers marocains défunts au Maroc) un an plus tard. Des cours d’alphabétisation sont organisés pour les ouvriers marocains avec le concours des différents réseaux syndicaux. À cet effet, des membres de la FGTB donnent des cours de français aux ouvriers marocains, turcs, italiens et espagnols au 43 rue de Suède à Bruxelles[6. Cf. A. Cherradi, « Marocains de Belgique : histoire d’un engagement », Politique, n°106, décembre 2018, p. 77-83 et A. Leduc (dir.), « Mohamed El Baroudi : un “Fil Rouge” de 40 ans d’immigration marocaine à Bruxelles », Les Cahiers du Fil rouge, CFS asbl, n°7-8, 2007, p. 40-50.].

L’idée du Regroupement démocratique marocain voit le jour à l’issue des débats entre les différentes sections immigrées des deux principaux syndicats interprofessionnels, la FGTB et la CSC, à la fin de l’année 1973. Il faudra un an aux protagonistes pour que le RDM voie le jour concrètement. Ces discussions portent sur le statut des travailleurs immigrés en matière socioéconomique (droit à la sécurité et à l’emploi), en matière culturelle (maintien de la culture du pays d’origine à travers la subvention des associations culturelles, d’une radio, l’apprentissage de la langue d’origine ou encore le droit à l’exercice libre de la religion) et en matière politique (droit de vote et d’éligibilité)[7.M-T. Coenen (dir.), Les syndicats et les immigrés : du rejet à la l’intégration, Bruxelles, EVO-Carhop-Fec, 1999, p. 149-171.].

Les échanges aboutissent à la création officielle du Regroupement démocratique marocain le 31 octobre 1974. Il faut attendre le 12 octobre 1975, pour que le RDM tienne son meeting constitutif. Parmi ses membres fondateurs, citons Mohamed El Baroudi, Farid Mellah et Aziz Zouadi.

Le RDM s’inscrit dans une triple dynamique qui reflète sa composition et la nature de ses activités : une présence ouvrière marocaine, une présence estudiantine marocaine et une présence d’exilés politiques marocains. Cette présence répond à une demande d’organisation sociale et culturelle des Marocains installés en Belgique.

Mais c’est surtout en réponse aux actions des « amicales »[8.Les amicales (الوداديّات) se présentent comme des associations patriotiques et cherchent à occuper les espaces majoritairement fréquentés par les Marocains (lieux professionnels, mosquées, cafés, rassemblements culturels et festifs…). Elles découragent leurs membres adhérents à s’investir politiquement et sont téléguidées par les réseaux consulaires et les zélotes du régime monarchique.] (outils du pouvoir marocain) que le RDM voit le jour. Entre 1972 et 1975, plusieurs organisations à la fois ouvrière, estudiantine et politique se constituent en Europe : l’Association des Marocains en France, la Marokkanischer Arbeiterbund en République fédérale d’Allemagne et le Komitee Marokkaanse Arbeiders in Nederland aux Pays-Bas. Ces mouvements associatifs entretiennent des contacts réguliers en établissant des comités de coordination et des congrès culturels. Pionnier dans l’histoire de l’immigration marocaine en Belgique, le Regroupement s’investit dans plusieurs missions à caractère à la fois politique, associatif (alphabétisation) et culturel.

Composition et organisation

Au niveau de sa composition, le Regroupement se présente comme une « organisation de masse, autonome dont le but est de défendre les droits et intérêts de l’immigration marocaine en Belgique »[9. Le Regroupement, organe de presse du Regroupement démocratique marocain, numéro expérimental, 1977.]. Cette association de fait, établie par les Marocains de Belgique, s’adresse principalement à ces derniers. Toutefois, le Regroupement insiste sur l’importance d’une coordination avec le maillage associatif et syndical belge (FGTB, CSC, le Conseil consultatif des immigrés, le Comité de liaison des organisations des travailleurs immigrés (Cloti)…), les mouvements de solidarité internationaux (comme les comités de lutte contre la répression au Maroc) et enfin les mouvements estudiantins étrangers (davantage en contact avec l’Unem au sein des universités). La collaboration entre le Regroupement et les syndicats belges peut être résumée par la célèbre formule « Belges, immigrés, même combat ! ».

Le Regroupement s’inscrit dans ce qu’Abdelmalek Sayad appelle le « mythe du retour »[10. Abdelmalek Sayad (1933-1998), sociologue et directeur de recherche au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).]. Ce mythe considère qu’il y a toujours un espoir de retour vers le pays d’origine. De plus, les cadres des mouvements associatifs marocains reconnaissent une certaine importance de lier la situation politique, économique, sociale et culturelle du pays d’origine avec celles du pays d’accueil[11. A. Sayad, « Les Trois « Âges » de l’émigration algérienne en France », Actes de la recherche en sciences sociales, n°15, 1977, Paris, p. 59-79.].

Association mixte réunissant ses composantes professionnelles (ouvriers, étudiants, travailleurs sociaux) et culturelles (berbère et arabe), le RDM s’inspire largement du fonctionnement de la section bruxelloise de l’Unem. Il est constitué d’une commission permanente, d’une commission culturelle et d’une commission financière. Néanmoins, il se démarque dans son organisation interne : chaque commission constitutive est autonome l’une par rapport à l’autre, respectant ainsi un principe d’horizontalité.

Cette organisation contraste avec la tradition de verticalité coercitive qui prévaut alors au Maroc. Par ailleurs, les activités au sein du Regroupement s’articulent suivant le modèle de l’éducation permanente où chacun est invité à partager ses connaissances aux autres. Ce mode d’organisation marquera durablement une génération d’acteurs. Ainsi, le témoignage d’Abdelsalam Boukhrouf, alors chauffeur de bus et membre actif au sein de la commission culturelle, reconnait que « si je suis ce que je suis, c’est grâce au RDM. »[Interview d’Abdelsalam Boukhrouf, le 21 décembre 2009.]

Le Regroupement fonctionne sur un modèle d’autogestion dans lequel les membres cotisent volontairement. Cette autogestion est favorisée par un territoire bruxellois alors en pleine phase de régionalisation (1970-1989). Au niveau de son mode de communication, le Regroupement produit son journal trimestriel intitulé Le Regroupement et diffuse des émissions radio.

Le RDM dispose également de locaux à la rue des Croisades (ensuite, à la rue Traversière) dans la commune de Saint-Josse-Ten-Noode. Centré à Bruxelles, il développe quelques embryons dans les villes de Charleroi, Liège et Anvers.

Évolutions

Le RDM a existé entre 1974 et 1992 et il a, au cours de son existence, privilégié plusieurs types d’approches : l’éducation, la culture et la création de tissu associatif au niveau local. Outre la résistance vis-à-vis des amicales pro-gouvernementales, le RDM a d’abord centré son action sur l’éducation avec son école des devoirs : l’école Farid Mellah[13.En hommage à Farid Mellah, membre de l’UNFP et fondateur du RDM, décédé dans des circonstances suspectes à Tokyo, en décembre 1977.]. Elle sera le modèle des « écoles de l’Avenir », qui sont créées à partir de 1979 dans les communes de Saint-Josse-Ten-Noode, Schaerbeek, Forest, Molenbeek, Berchem et Saint-Gilles. L’originalité de ces écoles tient dans la participation active des parents d’élèves. Ne parlant pas toujours français, ceux-ci sont largement exclus par l’enseignement officiel alors que les écoles de l’Avenir dégagent un temps spécifique pour les impliquer dans le suivi de la progression de leurs enfants. Le succès est immédiat. Ainsi, l’école de l’Avenir de Schaerbeek compte 150 élèves cinq mois après son ouverture et celle de Saint-Gilles passe de 130 à 160 enfants dans le même temps. Chaque école est gérée par une commission de 3 enseignants bénévoles et de 3 parents. Ces écoles de devoirs assurent une remédiation scolaire pour les enfants, en plus de proposer des cours d’arabe dialectal marocain et d’histoire du Maroc.

Le Regroupement se concentre ensuite sur l’épanouissement culturel avec la création d’ateliers de théâtre. Le Regroupement produit ainsi une pièce intitulée كان يا مكان Il était une fois relatant l’histoire du Maroc durant la crise d’Algésiras et à la veille du Protectorat (1906 et 1912)[14.La conférence internationale d’Algésiras (1906) a permis à la France d’asseoir son Protectorat sur le Maroc par la signature du traité de Fès, signé le 30 mars 1912.]. Les activités culturelles sont arrimées à une conscience politique, elle-même puisant ses origines dans les thèmes relatifs à l’histoire du Maroc. L’idée de préserver l’identité culturelle marocaine transparait clairement dans les différentes activités culturelles organisées par le Regroupement. La production culturelle et patrimoniale réalisée par le Regroupement fascine la jeunesse marocaine née en Belgique et soucieuse de (re)découvrir les différents aspects historiques et culturels du Maroc. C’est pourquoi des groupes de jeunes tels que l’Association des jeunes marocains et des groupes de jeunes musiciens tels que حباب الغربة Hbab El Ghorba, حجيتكم Hajitkoum et ولاد العمّال Walad Al Oummal fleurissent autour du Regroupement[15.M. Bentaleb (dir.), Les passeurs de la mémoire sociale 1964-2004 : 40 ans de présence marocaine en Belgique, Bruxelles ASBL Jeunesse maghrébine – Ministère de la Culture et de l’Audiovisuel de la Communauté française, 2008.].

Parallèlement, le Regroupement s’investit dans la lutte contre le racisme envers les Marocains. Le 5 décembre 1980, le meurtre du jeune Ben Hamou dans un café bruxellois par des membres de l’organisation d’extrême droite Front de la jeunesse, cristallise l’état du racisme envers les Marocains qui va encore s’aggraver par la suite. En effet, entre 1981 et 1985, le gouvernement belge met en place une politique d’austérité économique. La crise économique favorise une montée de la xénophobie. Celle-ci est indirectement liée à l’attitude du gouvernement Martens-Gol en matière de regroupement familial (Loi Gol du 28 juin 1984), mais aussi au comportement de certains bourgmestres bruxellois, tel Roger Nols (bourgmestre de la commune de Schaerbeek de 1970 à 1989), affichant des positions racistes vis-à-vis de leurs concitoyens d’origines marocaine ou turque. Une attitude qui consiste, par exemple, à interdire à ces derniers toute inscription dans une école schaerbeekoise.

Le Regroupement s’investit, enfin, de manière plus générale dans le travail citoyen par la création d’associations de quartier telle l’Association Avenir (devenue l’ASBL Avenir) à Saint-Josse-Ten-Noode. Ce travail citoyen fait suite aux émeutes à Forest et à Saint-Gilles de 1991, qui partirent d’un contrôle musclé effectué par la police sur un jeune belge d’origine marocaine[16. Le Soir, 14 mai 1991.].

Crises internes et conclusion

Durant son existence, le Regroupement connait plusieurs crises internes[17.Il s’agit là d’une zone d’ombre très peu (voire pas du tout) documentée concernant l’histoire du Regroupement démocratique marocain.]. Ces crises sont largement dues à un profond désaccord en matière de gestion financière et de décision politique vis-à-vis du régime marocain.

L’implosion du Regroupement qui arrive en 1992 serait aussi due aux divergences politiques concernant les positions envers la monarchie et la question du Sahara occidental[18.D’après plusieurs témoignages recueillis par l’auteur. (NDLR)]. Enfin la question de la subsidiation a apporté un nouveau clivage au sein du Regroupement. Ainsi, à partir de 1984, une partie des membres actifs défend l’idée d’introduire une demande de subside auprès de la Commission communautaire française (Cocof) tandis qu’une autre partie maintient l’idée d’une autonomie financière.

Cette paralysie interne est renforcée par l’immobilisme de la vie politique marocaine dans la période qui précède le discours de la Grâce (7 juillet 1994) d’Hassan II. Cette grâce royale « pardonnant » l’attitude des exilés politiques et des étudiants expatriés politisés met un frein à la politisation des esprits sympathisants au Regroupement. Ce changement de direction favorise l’émergence d’une nouvelle association citoyenne, l’Association des Marocains de Belgique pour la défense des droits de l’Homme (AMBDH), dont plusieurs membres fondateurs étaient aussi membre du RDM.

En conclusion, la fin de la guerre froide et l’opinion internationale mise au courant des violations systématiques des droits de l’Homme au Maroc obligent Hassan II à lâcher du lest en envisageant pour son régime une ouverture libérale sous contrôle. Ce changement de paradigme est accompagné d’un changement progressif de la perception du Maroc par la nouvelle génération de Marocains installés en Belgique. La première génération des Marocains cherchait une construction identitaire depuis le Maroc en regardant vers le Maroc, tandis que la deuxième génération (et la suivante) cherche davantage un ancrage identitaire depuis la Belgique en regardant vers le Maroc.

Pour reprendre les propos d’Hassan Bousetta[19.H. Bousetta, Immigration, post-immigration politics and the political mobilisation of ethnic minorities: A comparative case-study of Moroccans in four European cities, for the obtention of the degree of « Doctor in de Sociale Wetenschappen », Katholieke Universiteit Brussel, 2000-2001. ] et d’Antoine Dumont[20. A. Dumont, La marocanité associative en France. Militantisme et territorialité d’une appartenance exprimée à distance, Thèse présentée en vue de l’obtention du Doctorat de Géographie, Université de Poitiers, 2007.], les associations marocaines passent d’un militantisme plutôt « politique » à un militantisme volontiers « associatif ». Alors que le premier s’investissait politiquement et financièrement vers le Maroc, le second se tourne plutôt vers la localité depuis son espace de fonctionnement. La conscience politique marocaine, qui prévalait entre les années 1950 jusqu’au milieu des années 1980, laisse la place à une conscience associative davantage maghrébine (reprenant tous les segments culturels constitutifs du Maghreb), berbère, arabe ou bien exclusivement islamique.