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« Bavards » et « muets » dans l’agora médiatique

© © Royalty-Free/CORBIS
Les médias donnent-ils la parole à toutes les catégories de la population de façon équitable et représentative ? Par les débats qu’ils mettent en scène, reflètent-ils avec justesse et justice les sensibilités, les vécus, les préoccupations de toutes les composantes de la société – ou du moins de celles de leur bassin de diffusion –, de manière à donner à la confrontation démocratique, selon l’espoir un peu chimérique de Habermas, un rôle structurant dans une société conciliée et apaisée ? Rien n’est moins sûr.
Cet article a paru dans le n°119 de Politique (mai 2022).

Une conception simpliste du rôle démocratique des médias voudrait que la présence médiatique de chaque catégorie de population reflète aussi exactement que possible l’étendue démographique de cette catégorie. 50,8 % de femmes en Belgique ? Cela devrait entraîner 50,8 % de voix féminines dans les médias. 21,8 % de personnes âgées de plus de 60 ans ? 21,8 % des prises de parole médiatiques devraient émaner des plus de 60 ans. Ce raisonnement étroitement arithmétique, pour équitable qu’il paraisse, ne peut pas être érigé en critère absolu pour juger la pratique éditoriale des médias. Un reportage sur les chrétiens fondamentalistes doit-il contenir aussi la parole de musulmans, de protestants, de juifs, d’athées et de bouddhistes ? Les personnes handicapées motrices ont-elles vocation à témoigner sur les conditions de travail des livreurs à vélo ? Dans la pratique journalistique, c’est évidemment le sujet qui dicte le choix des intervenant∙es. Il n’en reste pas moins que, dans une société pluraliste, la responsabilité sociale revendiquée par les médias devrait les inciter, selon les mots d’Albert du Roy, à « tendre à la société le miroir le plus fidèle possible ». Dans une belle formule, le Code d’éthique de la Society of Professional Journalists incite les journalistes à « raconter hardiment l’histoire de la diversité et de l’ampleur de l’expérience humaine[1. SPJ (Society of Professional Journalists, États-Unis), Code of Ethics ; URL : www.spj.org/ethics-code.asp.]. ».

Si bien que, chaque fois que c’est possible et dans chaque espace où c’est possible, les médias devraient veiller à établir ou à restaurer un reflet exact et équilibré des réalités de leur public. Or, certains biais se manifestent, volontairement ou non, dans la représentation de la réalité.

On sait, par exemple, que le devoir déontologique des médias est « d’éviter les approximations, les stéréotypes et la stigmatisation[2. Art. 28 du Code de déontologie journalistique du CDJ (2013).] ». Une stigmatisation implicite peut être provoquée par la simple mention des caractères ethniques ou de l’origine étrangère de personnes impliquées dans des évènements à caractère négatif. En 2006, une enquête a permis d’évaluer, à ce propos, l’évolution des pratiques dans les médias belges francophones et flamands[3. F. Saeys & M. Lits, dir., La Représentation des minorités ethniques dans les médias belges, ORM (UCLouvain) et Vakgroep Communicatiewetenschappen (UGent), Bruxelles, 2007.]. Elle constatait notamment que « l’individualisation l’emporte sur les généralisations » et que « d’éventuelles stigmatisations ou incitations à la haine sont rarissimes dans les médias étudiés », mais elle mettait en évidence que, surtout à la télévision, « la figure du “délinquant” semble bien installée dans l’information relative aux personnes d’origine étrangère. […] 48,8 % des individus [d’origine étrangère] dont les journalistes parlent sont décrits comme auteurs de faits de violence physique, psychique ou matérielle ».

Autrement dit, quand en 2006 les médias belges représentaient une personne d’origine étrangère, il s’agissait, dans un cas sur deux, d’un délinquant.

Des enquêtes plus récentes de l’Association des journalistes professionnels (AJP)[4. Association des journalistes professionnels, Étude de la diversité et de l’égalité dans la presse quotidienne belge francophone (2e éd.), Bruxelles, AJP, 2018.], en 2015 et 2018, ont confirmé ce constat pour la presse quotidienne francophone : en dehors de l’actualité internationale (49 %) et de l’information sportive (38 %), c’est dans les rubriques « faits divers » (39 %), « politique » (39 %) et « justice » (31 %) que l’on trouve les plus grandes proportions d’intervenant∙es perçu∙es comme « non blancs ».

Ce biais dans la représentation médiatique des personnes d’origine étrangère se retrouve lorsqu’il s’agit d’autres catégories. Les études démontrent des distorsions notables dans la représentation médiatique en ce qui concerne le genre, mais aussi l’âge, le handicap et – peut-être surtout – le statut social.

Distorsion de genre

Selon l’étude Global Media Monitoring Project réalisée en 2015, les femmes ne représentaient que 21 % des personnes interrogées, vues ou lues dans les médias en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles étaient surtout représentées dans les rubriques « célébrités, médias et sports » (34 %), « économie » (30 %) et « violence » (25 %). Parmi les expert∙es interviewé∙es, 9 % seulement étaient de genre féminin.

Dans l’information télévisuelle, une certaine amélioration a été enregistrée ces dernières années : selon le Baromètre égalité-diversité du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)[5. CSA, Baromètre égalité-diversité : la télévision – 2017, Bruxelles, CSA, 2018.] publié en 2017, 37,3 % des intervenant∙es étaient des femmes (contre 30,4 % selon le Baromètre de 2013) et 20,5 % des expert∙es interrogé∙es étaient de genre féminin (contre 18,8 % en 2013). Toutefois, 4 intervenantes sur 10 n’étaient pas identifiées : elles apparaissaient dans des « micros-trottoirs » ou vox-pops. Selon ce Baromètre de 2017, la proportion de femmes intervenant dans les magazines ou documentaires télévisuels était de 39,7 %, tout comme dans les programmes de divertissement.

Un nouveau Baromètre égalité-diversité a été publié par le CSA en 2021[6. CSA, Baromètre égalité-diversité : la radio – 2019, Bruxelles, CSA, 2021.], et relève la présence des femmes dans les programmes de radio de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2019 : 63,7 % des personnes qui y interviennent sont identifiées comme des hommes. On recense 32 % de femmes dans les magazines, 36,3 % dans les programmes d’information et 37 % dans le divertissement. Dans les séquences d’information, ce sont les « flashs info » qui laissent le plus de place aux intervenantes féminines (42 %), davantage que le format plus long du « journal parlé » (33,7 %). À la radio, les deux rôles médiatiques dans lesquels les femmes sont les moins nombreuses sont ceux d’invité∙e politique (78 % d’hommes) et d’expert∙e (74 % d’hommes). Dans les autres rôles repérés, les proportions sont les suivantes : porteparole, 66 % d’hommes ; participant∙e à un « micro-trottoir », 57,6 % d’hommes ; en revanche, dans le rôle de « candidat∙e à un jeu », on relève 55,2 % de femmes… Dans les séquences de divertissement et d’humour, les femmes représentent 33,7 % des intervenant∙es. Toutefois, le pourcentage de participantes féminines augmente dans les séquences du genre « lifestyle ». En revanche, les femmes restent peu nombreuses dans les billets d’humeur et les chroniques humoristiques, où les hommes assurent les trois quarts des interventions.

Dans la presse quotidienne belge francophone, selon l’étude de l’AJP[7. AJP, op. cit, p. 13-25.], l’évolution a été contrastée. En 2018, seulement 15,39 % des intervenant∙es (contre 17,31 % selon une étude de 2014) et 13 % des expert∙es interviewé∙es (contre 14,16 % en 2014) étaient des femmes, tandis que la proportion de femmes jouant le rôle de porte-parole passait, entre 2014 et 2018, de 14 % à 20 %. Si l’on fait abstraction de la chronique sportive, la part des intervenantes féminines dans la presse quotidienne est passée, sur la même période, de 25 % à 30 %.

Aucune donnée significative n’existe en ce qui concerne la présence dans ces médias des minorités LGBTQI+. Sur les chaines de radio, en revanche, selon le Baromètre 2019 du CSA, 0,01 % des personnes qui interviennent sont considérées comme des personnes transgenres, 0,01 % comme des personnes travesties et 0,03 % comme des personnes à l’identité ou l’expression non binaire, queer, genre fluide, etc.[8. Au sein de l’échantillon de l’étude, 4 des 5 personnes identifiées comme transgenres, travesties ou d’une identité/expression non-binaire figurent dans des émissions de divertissement.] Pourtant, une modification du « décret SMA[9. Décret coordonné reprenant toutes les dispositions concernant l’audiovisuel et transposant la directive Services médias audiovisuels (SMA) de l’Union européenne.] » votée le 2 juin 2016 par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a interdit tout stéréotype de genre dans une production audiovisuelle ou en ligne.

Désormais, les programmes ne peuvent plus porter atteinte « au respect de l’égalité entre les femmes et les hommes ». Si l’égalité hommes-femmes n’est pas respectée dans ces productions, le CSA a le droit de prendre des sanctions envers les médias audiovisuels.

Distorsion dans les origines

On a déjà évoqué les biais dans la représentation de la diversité ethnique et culturelle. Revenons sur les données du Baromètre 2019 du CSA concernant la radio. Dans cette étude, 15 % des interventions ont été perçues comme émanant de personnes issues de la diversité. Il est difficile d’aller au-delà de cette « perception », avec sa part d’incertitude, car les personnes intervenantes sont rarement identifiées par leur origine dans les médias et car la loi belge interdit tout recensement sur la base de critères ethniques ou culturels. Il faut noter que sur ces 15 %, 4 personnes sur 10 sont des « vedettes » ou des personnages connus.

Sur 100 personnes intervenantes issues de la diversité, 21 sont perçues comme « européennes de l’Est », 20 sont perçues comme « noires », 9 sont perçues comme « arabes », 3 sont perçues comme « asiatiques orientales », 3 comme« métissées » et 42 sont perçues comme « sans origine précise » ou « multi-culturelles ».

La proportion d’intervenant∙es issu∙es de la diversité est de 23,9 % dans les séquences relatives à l’information. La répartition des rôles de ces personnes est la suivante : dans le rôle d’invité∙e politique, 12,3 % ; dans le rôle de porte-parole, 11,9 % ; dans le rôle d’expert∙e, 9,5 %. Mais là aussi, l’intersectionnalité se manifeste : sur 11,9 % de porte-parole, seulement 2,5 % sont des femmes ; sur 9,5 % jouant le rôle d’expert∙e, seulement 2,7 % sont des femmes. Seule la catégorie « invité∙e politique » compte plus de femmes que d’hommes. Dans la presse quotidienne francophone, selon l’étude de l’AJP[10. AJP, loc. cit.], une régression est même à noter dans la proportion de personnes issues de la diversité présentées comme porte-parole (20 % en 2018 contre 29 % en 2014) ou comme expert∙e (6 % en 2018 contre 14 % en 2014). Toutefois, dans les quotidiens francophones, le pluralisme culturel connait globalement une progression : en 2014, 33,3 % des intervenant∙es étaient identifiables comme « non blancs » contre seulement 17,37 % en 2011 ; 14,42 % des expert∙es interviewé∙es étaient perçu∙es comme « non blancs » en 2014 contre seulement 6,25 % en 2011.

Distorsion d’âge et d’handicap

Selon le Baromètre 2019 du CSA, la classe d’âge la plus représentée à la radio francophone belge est celle des 19-34 ans : elle rassemble 34,5 % des individus dont on peut identifier l’âge dans l’ensemble des programmes et 41,3 % dans les programmes d’information. « Dans tous les Baromètres parus depuis 2011, les 19-34 ans constituent la catégorie la plus représentée. Une fois encore, cette tranche d’âge est nettement surreprésentée comparativement à sa présence réelle dans la population belge[11. CSA, Baromètre diversité-égalité 2019, p. 20.] ». En effet, au 1er janvier 2019, les 19-34 ans composaient 19,87 % de la population, ce qui dénote une sur-représentation de cette classe d’âge de 14,7 % dans l’ensemble des programmes et de 21,4 % dans les programmes d’information. Dans le Baromètre 2017 des services télévisuels, les 19-34 ans représentaient déjà 32,7 % des intervenant∙es. La tendance au « jeunisme » dans les représentations médiatiques peut donc être qualifiée de constante. Cependant, les plus discriminé∙es en termes d’âge sont les « 18 ans et moins » : ils/elles ne sont que 6,85 % à intervenir dans les programmes radiophoniques (6 % dans l’information), alors qu’ils/elles représentaient 21,3 % de la population belge au 1er janvier 2019[12. Et cela bien que l’encodage des données de cette étude ait été effectué lors de la Semaine de l’enfance et de la rentrée des classes.].

Les personnes âgées de 65 ans et plus sont également sous-représentées : cette catégorie démographique rassemblait 18,94 % de la population belge au 1er janvier 2019, mais elle ne représente que 14,3 % des intervenant∙es dont on peut identifier l’âge dans les programmes radiophoniques généraux, et à peine 9,12 % dans l’information. Une proportion toutefois nettement supérieure à celle qui avait été notée par le CSA (4,7 %) dans le Baromètre 2017 des chaines de télévision.

À la radio francophone belge, en 2019, 0,37 % des intervenant∙es présentent un handicap visible. Dans le Baromètre télévisuel de 2017, ces intervenant∙es étaient 1,5 %, soit une augmentation de 1,15 % par rapport au Baromètre de 2013 (0,33 %) liée notamment à des éléments contextuels. Parmi ces personnes, aucun∙e expert∙e et seulement 0,37 % du total des journalistes ou animateurs/trices : la quasi-totalité des personnes handicapées qui interviennent à l’antenne le font dans le cadre d’opérations de solidarité du type Cap 48.

Dans la presse écrite quotidienne, en 2014[13. AJP, op. cit., p. 39.], 6,1 % seulement des intervenant·es avaient plus de 65 ans et les personnes handicapées représentaient 0,16 % des intervenant·es en 2014 et 0,21 % en 2018. En 2018, la catégorie des 19-34 ans était également surreprésentée dans les quotidiens : 41 % des intervenant∙es en faisaient partie.

Un record : la discrimination sociale

Les données qui vont suivre paraitraient hallucinantes si elles ne reflétaient pas aussi significativement l’état de la société. 74,5 % (les trois quarts !) des personnes qui interviennent à la radio belge francophone (69,7 % dans l’information) appartiennent à deux catégories sociales : les professions intellectuelles et scientifiques (57,8 %, 49,9 % dans l’information) et les dirigeant∙es et cadres supérieur∙es(16,7 %, mais 19,8 % dans l’information). Ces catégories socio-professionnelles sont scandaleusement surreprésentées par rapport à leur poids démographique, même si l’analyse doit tenir compte de leurs savoirs spécifiques et de leur position dans l’appareil décisionnel politique ou économique (il y a parmi elles des syndicalistes, des porte-parole d’associations, des contestataires du système, etc.).

Les professions intermédiaires et le personnel du secteur des services ne représentent que 4,7 % des interventions. Quant aux travailleurs et travailleuses de l’industrie, de l’artisanat, de l’agriculture ou des professions non qualifiées, ils/elles n’assurent qu’à peine 1,03 % des interventions. Enfin, les personnes « inactives » au sens large (hommes et femmes au chômage ou « au foyer », retraité∙es, élèves et étudiant∙es) représentent 1,9 % des interventions. Bref, la classe des travailleurs au sens large se voit offrir la parole, à la radio, dans à peine 7 % des cas. L’analyse détaillée montre que les « CSP + »[14. Catégories socioprofessionnelles les plus favorisées.] sont surreprésentées dans tous les formats de séquences : 53 % dans les « flashs info », 60,7 % dans les « journaux parlés », 86,8 % dans les chroniques, 83,6 % dans les entretiens et interviews.

Si on ajoute à ces catégories celle des sportif∙ves professionnel∙les, on obtient… 91,2 % des individus apparaissant dans l’ensemble des séquences d’information en radio. Dans la presse quotidienne imprimée[15. AJP, op. cit., p. 27.], les constats sont comparables : 56,6 % des personnes ayant eu la parole en 2014 étaient des cadres supérieur∙es, des dirigeant∙es ou des personnes appartenant à des professions intellectuelles ; 33,4 % étaient des sportif∙ves professionnel∙les, mais seulement 2,8 % étaient des personnes salariées ou indépendantes, dont 0,3 % d’ouvrier∙es ou d’employé∙es non qualifié∙es. Idem dans l’information télévisée quotidienne, selon le Baromètre 2017 du CSA : 44,7 % des intervenant∙es étaient des cadres supérieur∙es, des dirigeant∙es, des intellectuel∙les, des artistes ou des scientifiques (contre 52,9 % en 2013) et 8,1 % seulement appartenaient aux classes laborieuses. La diversité socio-professionnelle est donc très faible, pour ne pas dire inexistante, dans nos médias. Ce mutisme imposé aux plus défavorisés n’est sans doute pas étranger aux mutations politiques récentes, telles que les mouvements de « gilets jaunes », les déchainements irrationnels sur les plateformes socionumériques ou la vague populiste, ni à la montée des rejets envers toutes les institutions sociales et, au premier plan, les médias.

Un reflet plus fidèle

L’une des pistes de solutions réside sans doute dans la politique de recrutement des médias : mieux la composition des rédactions reflétera celle de la société et plus l’information aura de chances de s’éloigner des stéréotypes. En Belgique francophone, en 2018, les femmes formaient 35 % de l’effectif journalistique (journalistes professionnels et stagiaires), contre 47 % en France, mais elles ne formaient plus que 20 % de cet effectif au-delà de l’âge de 55 ans[16. F. Le Cam, M. Libert, L. Ménalque, Être femme et journaliste en Belgique francophone, Bruxelles, LaPij-ULB, UMons et AJP, 2018.].

Dans les médias télévisuels belges francophones, selon le Baromètre 2017 du CSA, 44,6 % des journalistes étaient des femmes (soit plus que les 30 % en 2010 et que les 33 % en 2015), mais les femmes journalistes traitaient toujours prioritairement de questions liées au « social », à la « vie quotidienne » ou au « droit », laissant les autres sujets majoritairement aux hommes. Dans l’ensemble des médias belges francophones, la rubrique politique est tenue par 30 % des journalistes hommes contre 18 % des journalistes femmes, tandis que la rubrique lifestyle échoit à 3 fois plus de femmes que d’hommes[17. Idem.]. Dans le recrutement de la presse imprimée, lentement, les choses bougent : en 2011, 100 % des journalistes étaient identifié∙es comme « blancs » ; en 2014 ils/elles n’étaient plus « que » 89,2 %[18. AJP, op. cit., p. 29.]. Dans l’information télévisuelle, on constate en revanche une évolution qui va plutôt en sens inverse. Alors, pour donner des idées aux médias audiovisuels, le CSA a publié un Panorama des bonnes pratiques pour l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels. Et des exemples de bonnes pratiques, il en existe. L’AJP, la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont créé en 2016 la banque de données en ligne Expertalia, reprenant 470 expert∙es féminin∙es et issu∙es des minorités, à l’usage des 385 journalistes qui s’y sont inscrit∙es[19. Adresse Internet : www.expertalia.be/user/register.]. Gelijke Kansen in Vlaanderen, organe spécialisé de la Communauté flamande, a créé avec la VVJ (association des journalistes flamands) une base de données similaire, l’Expertendatabank. BX1, la télévision locale de Bruxelles, s’engage par sa charte rédactionnelle à « refléter la diversité de la société bruxelloise et notamment sa diversité culturelle et ethnique, dans l’effectif et aux différents niveaux de qualification du personnel ». La télévision publique flamande VRT impose sur ses chaines Één et Canvas un quota de présence à l’antenne de minimum 12 % de personnes issues de la diversité.

Allons, encore un effort, il y a du pain sur la planche !

(Image de la vignette et dans l’article sous CC BY 2.0. ; photographie d’un homme entouré de micros prise en juin 2012 par www.audio-luci-store.it.)