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Conclusion : Eh bien, débattez maintenant !

Les article de ce dossier et notre expérience de revue de débats l’ont prouvé : non, le débat ne se décrète pas, il se vit. Et surtout, il se construit. Il y a des ingrédients essentiels à rassembler pour que le débat prenne sa place dans l’espace public et joue pleinement son rôle démocratique. Car le débat fait fructifier l’action politique par son côté engageant : celles et ceux qui ont débattu et qui sont arrivés à en tirer des positions communes fortes, les défendront avec ardeur et pourront donner sens aux projets qu’elles et ils ont participé à mettre sur pied. Or, nos auteurs et autrices l’ont démontré, la recette du débat démocratique n’est pas toute faite.

En 2022, les conditions du débat démocratique sont souvent éparpillées et ne permettent donc pas un plein accomplissement démocratique. Nous retiendrons plus particulièrement la nécessité de créer un environnement de débat qui offre à chacun·e la possibilité de s’exprimer sans crainte ou peur de jugement – et son pendant, réussir à exprimer son désaccord sans attaquer la personne qui l’exprime. Pour entrer dans un échange et une écoute, prémices du débat, on pense aussi à l’acceptation par les participant·es de s’engager dans une discussion qui risque de les mettre en difficulté, en porte-à-faux avec leur position – souvent considérée comme la bonne. Sans oublier des outils performants, des lieux adéquats, du temps disponible, un contexte propice au dialogue.

Préparer un dossier sur ce sujet nous aura amené·es à nous interroger sur la manière de l’exprimer dans nos propres pages et de le porter dans le reste de la société. Dans cette configuration, la revue Politique entend poursuivre sur sa lancée : constituer un lieu de rencontres et de confrontations entre les différentes composantes de la gauche francophone belge (politique, syndicale, associative, militante…) dans ses différentes dimensions (partisane, militante, universitaire…) sur les thèmes qui structurent le débat à gauche de l’échiquier politique. Nous entendons continuer à organiser la rencontre de ces différents points de vue de gauche, en offrant un cadre de confiance et des conditions stables et respectueuses pour que le débat politique puisse s’exprimer auprès de tous les citoyen·nes. Cet échange d’arguments et de propositions, c’est à travers l’écrit et l’oral que nous le poursuivrons, par nos pages et site web et nos débats publics qui reprennent, après deux années de pandémie.

Restent des défis de taille, notamment celui, crucial, de permettre à toutes et tous, aux femmes, aux personnes racisées, et à toutes les minorités autant qu’à tous les citoyens individuels et organisés d’accéder à ce fameux débat démocratique. Les chiffres relayés dans ce dossier sont clairs : trop longtemps le débat s’est fait sans la moitié de l’humanité, dans des sphères ou des lieux qui, malgré certaines bonnes volontés, ne les accueillaient pas ou pas comme il aurait fallu, avec des règles créées sans elles et qui ne leur correspondaient pas. Un constat qui vaut largement pour toutes les minorités.

Assurer une meilleure représentativité de celles-ci dans nos pages constitue à cet égard un objectif crucial. Si nous voulons renforcer la démocratie, dans son caractère représentatif, participatif ou direct, il nous faut élargir notre regard et inclure celles et ceux qui s’en sentent exclu·es et/ou dépossédé·es. Vaste et ambitieux programme… que nous tenterons, modestement, de poursuivre ici, avec vous lecteurs et lectrices et avec nos auteurs et autrices.