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De la sécurité sociale belge à l’OIT (présentation)

« Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens. »

Voilà un proverbe africain qui, dans les périodes de menaces qui pèsent sur nos droits sociaux collectifs, peut inspirer nos paroles et nos actes. Nulle intention ici de s’appesantir sur le souvenir de temps supposés plus heureux quant à l’ampleur et l’efficacité de leur mobilisation collective. Bien au contraire. Se remémorer d’où nous venons, collectivement, relève d’une action quasi thérapeutique lorsqu’autour de nous, s’effondrent l’espoir et les perspectives. Le temps des commémorations peut également servir à remettre en perspective les fondements communs et l’avenir des solidarités à l’œuvre. Quant à viser l’émancipation individuelle et collective, le comble serait de taire sciemment ou involontairement des pans entiers de notre histoire sociale, supposément connus. À ce titre, l’année 2019 a été le théâtre d’une double commémoration aux dimensions nationale et internationale qui interrogent les rapports de force dans le débat social : les 75 ans de la sécurité sociale belge et le centenaire de l’Organisation internationale du travail.

L’histoire méconnue de la sécu pèse sur les capacités de la gauche à défendre et renforcer cet édifice social commun. Faire preuve de pédagogie à cet égard, c’est l’objectif de la bande dessinée Un cœur en commun, sortie en janvier. L’entretien croisé avec Harald, son dessinateur, et Yannick Bovy, partenaire Cepag qui a soutenu le projet, offre un regard historique original avec un outil décalé pour un propos d’ordinaire abordé si sérieusement. Faire preuve de pédagogie, c’est également le message d’un acteur syndical au cœur de la sécurité sociale, Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral FGTB : expliquer, démontrer chiffres à la main, avant de convaincre et mobiliser au-delà des acteurs traditionnels de la sécu.

Commémorer ne se limite toutefois pas à faire preuve de pédagogie, tant s’en faut. Ce temps permet aussi de prendre du recul sur les principes avoués et parfois dévoyés malgré les bonnes intentions. Le centenaire de l’OIT est ainsi questionné par un texte de François Vandamme présentant les grands enjeux de l’organisation, auquel répondent les commentaires de Cédric Leterme. L’enjeu spécifique de la protection sociale mondiale trouve un écho plus large tout autant que nuancé dans l’article de François Perl, pointant ses apports autant que ses faiblesses.