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Édito. Un réveil citoyen ?

Illustration : © Simpacid
Illustration : © Simpacid

L’été 2024 avait laissé la gauche belge francophone groggy, incapable de réagir à une défaite qu’elle n’avait pas vue venir. Militant·es au tapis, citoyen·nes fatigué·es ou fasciné·es par la trumpisation en cours. Un an plus tard, cela remue à nouveau. Des manifestations s’organisent, des journalistes se réveillent, des hommes et des femmes politiques sortent d’un silence pesant, des pétitions circulent, la politique reprend ses droits.

A présent, l’une des questions fondamentales est la suivante : le pays veut-il d’un président de parti libéral prétendant l’aimer en attaquant à la fois ses structures, son fonctionnement et sa population (les « kékés », comme il dit) ? Georges-Louis Bouchez, avide de casse sociale, se rêve explicitement en Margaret Thatcher belge. Mais il suffit de visiter notre voisin d’outre-Manche pour mesurer l’énormité, le scandale, d’une telle déclaration. Peut-être le Montois y déménagera-t-il aux prochaines élections, lui qui avait affirmé plus patriote que jamais, qu’il quitterait la Belgique si le score de son parti n’était pas assez élevé. Cet amour incomparable du pays, le chef du MR le démontre en permettant à un partisan de sa dissolution d’en prendre la tête, faisant de nous la risée des nationalistes flamand·es. On pourrait en sourire, si l’arrivée d’un séparatiste au sommet de l’État ne constituait pas une étape décisive dans le délitement des solidarités sous toutes leurs formes et un signe supplémentaire de la destruction du modèle social belge.

L’enjeu à présent est de renverser le rapport de force. Il est temps de montrer que nous refusons de voir ce nationalisme triompher. Que nous ne voulons pas d’une Belgique tournant le dos au droit international, et qui tiendrait le gouvernement d’extrême droite israélien pour la pointe avancée de l’Occident. Que nous ne voulons pas des propagateurs de divisions, de racisme, de briseurs de cordon sanitaire. Que nous ne voulons pas de ces politiques de chaos. Que tout cela n’a rien à voir avec les questions de gauche et de droite.

L’enjeu à présent est de renverser le rapport de force. Il est temps de montrer que nous refusons de voir ce nationalisme triompher.

Si le chef du MR parvient un jour à renforcer le pays, ce que je lui souhaite, ce sera parce que les Belges se seront dressé·s contre cette nouvelle direction impulsée à son parti, contre l’agressivité, l’indécence, le désordre et l’immoralité. Il se rendra peut-être alors compte, trop tard cependant, qu’une personne vivait effectivement séparée des « vrais gens ». Nous savons toutefois qu’il n’est pas seul, et que ses idées et ses actions n’émergent pas de rien. Qu’une telle dérive d’un parti traditionnel marque le fait d’une situation belge et internationale, économique et sociale, elle-même bouleversée.

Que le président actuel du MR continue donc les petites phrases et le mépris de classe. En plus de travailler à sa propre chute, il nous montre quotidiennement à quoi ressemblerait la société, si nous n’y étions pas engagé·es.