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En voiture (électrique), Simone ? – Conclusion

Nous espérons que ce dossier non exhaustif aura permis de dresser une carte compréhensible permettant de naviguer au milieu des enjeux et débats en matière de mobilité qui reviennent régulièrement sur le devant de l’actualité (et continueront certainement à l’être dans le futur). Nous avons souhaité prendre en compte l’ensemble des situations concrètes vécues dans les différents modes de déplacement, tant en ville qu’en zone rurale.

Nous avons également tenté de tordre le cou à certaines idées reçues qui reviennent en permanence dans le débat qui concerne la place de la voiture dans nos vies, mais qui ne tiennent pas la route face à une analyse poussée des tenants et aboutissants, comme l’a par exemple montré l’encadré sur la taxe kilométrique.

En raison des conséquences néfastes des déplacements automobiles, nombre d’acteurs et d’actrices de ce dossier vont dans le sens de leur diminution, d’une augmentation de la mobilité douce et d’une coexistence mieux régulée avec le transit automobile. Pourtant, en avril 2022, le Bureau fédéral du Plan publiait, en collaboration avec le SPF Mobilité et Transports, ses perspectives pour la demande de transport en Belgique, à politique inchangée. Il note que « les changements dans la répartition modale […] restent modestes du fait de la large domination de la voiture en début de projection. Sa part passe de 83 % en 2019 à 8 2% en 2040, alors que la part de la marche à pied et du vélo passe de 3 % à 4 % ».

Il faudra également porter une grande attention aux impacts réels du télétravail mais aussi à ceux du numérique dans l’évolution des modes de déplacement et dans les difficultés ou inégalités nouvelles qui apparaissent. L’électrification du champ automobile, on l’a vu, n’est pas la panacée, notamment d’un point de vue social.

Si des changements structurels n’interviennent pas, en matière de politique de l’offre de transport ferroviaire mais de manière générale pour l’ensemble des transports en commun, il est donc à craindre que la réduction des inégalités ne progresse pas de manière significative. De même, la place accordée dans l’espace public aux usagers doux, l’accès aux différents modes de déplacement partagés et la régulation de leur usage méritent plus d’attention au plan politique, de manière à concrétiser une co-modalité efficace dans les déplacements.

Enfin, il nous faut souligner combien dans le domaine de la mobilité comme dans certains autres (logement, urbanisme et aménagement du territoire…), la gauche belge semble avoir bien du mal dans certains cas à adopter des paradigmes convergents, comme le souligne Henri Goldman dans un récent billet[1. « Paradigme rouge, paradigme vert », Blog Cosmopolite, 6 septembre 2022.]. Pourtant, les gagnant·es et les perdant·es de la mobilité sont bien souvent les mêmes, comme l’illustrent la pollution et l’insécurité routière dans les quartiers populaires ou l’exploitation organisée par l’économie de plate-forme et la course à la vitesse à tout prix dans le transport de marchandises.

Il est essentiel que les préoccupations environnementales et sociales en matière de mobilité sortent de la sphère des polémiques stériles pour s’articuler et rejoindre celle des complémentarités et des combats communs. S’il y a une voie à choisir, comme le questionne le sous-titre de notre dossier, c’est certainement celle-là.