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“Intellectuellement (in)acceptable”

L’encre de l’accord de gouvernement est à peine sèche que les partenaires vont bien au-delà des dangereuses décisions qui y figuraient en matière d’énergie nucléaire. Alors que Doel 1 aurait dû être mis à l’arrêt fin mars 2015 et Doel 2 fin décembre de la même année, l’équipe Michel-Jambon vient en effet de décider que ces réacteurs continueront à fonctionner jusqu’en… 2025. Marie-Christine Marghem va plus loin : puisque le nucléaire existe, « il n’est pas intellectuellement acceptable de l’exclure de la réflexion sur le mix énergétique ». C’est évident. Puisque l’amiante existe, il n’est pas intellectuellement acceptable de l’exclure de la réflexion sur les matériaux de demain. Et puisque la bombe atomique existe… etc. Voilà le niveau de notre ministre de l’énergie. Au cas où elle ne serait remise en cause ni par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire ni par la prochaine coalition (après les élections de 2019… ou avant), cette décision impliquerait que des machines conçues pour fonctionner trente ans seraient prolongées vingt (20) ans au-delà de la limite. Les nucléocrates d’Electrabel et de GDF-Suez jubilent. On les comprend : puisque les installations sont amorties, elles génèrent en plus du profit moyen un surprofit (la rente) que la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) a estimé à la bagatelle de deux milliards d’euros par an… Pas mal, pour une entreprise qui ne paie pratiquement pas d’impôt ! Notons que Mme Marghem ne trouve pas cela intellectuellement inacceptable. La population, elle, a toutes les raisons d’être inquiète. Un accident dans nos régions serait une catastrophe pire encore que celles de Tchernobyl ou de Fukushima. Des millions de personnes devraient être évacuées. Or, les microfissures dans les cuves de Tihange 2 et Doel 3 montrent que le danger est réel… pour ne pas parler du sabotage à Doel 4 et d’autres accidents qui tendent à se multiplier. Mais rien n’entame la détermination de ce gouvernement à imposer la régression dans tous les domaines. Gageons que Marie- Christine Marghem découvrira prochainement que le nucléaire est considéré comme une énergie « bas carbone », ce qui le rendra encore plus acceptable intellectuellement à ses yeux.