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Concertation sociale et temps de travail

Il y a le contenu et le contexte. Si l’on veut s’interroger sur les avatars des négociations sur l’accord interprofessionnel, il faut revenir un instant sur ces deux aspects. Et cela, quelles que soit les suites que le gouvernement réserve à cette affaire sur le plan social comme sur le plan politique. Le contexte, a-t-on dit, c’est l’avenir du modèle social belge. Le risque d’une communautarisation de la concertation avec toutes les conséquences que cela entraînerait, y compris bien sûr, a niveau de l’organisation de la sécurité sociale. La menace, le chantage même, planent régulièrement sur les négociations sociales. Mais le modèle lui-même, cette concertation «à la belge», comme on dit, pouvait-elle être remis en cause par l’échec de l’accord interprofessionnel. Qui y aurait vraiment intérêt ? Du côté syndical, l’acception de l’accord par la CSC comme le rejet par la FGTB répondent au même souci, mais avec des stratégies différentes, de précisément préserver cette concertation qui est non seulement concrètement indispensable mais incarne aussi la spécificité d’un certain modèle de développement européen. En est-il de même du côté patronal? Les syndicats se plaignent de l’arrogance patronale et de la brutalité de certaines méthodes qui ont marqués des conflits récents. Et l’on en vient alors au contenu de l’accord interprofessionnel. Plus que la question de la norme salariale, c’est celle du temps de travail qui est sans doute centrale pour l’immédiat comme pour l’avenir. Depuis la fin de l’été dernier le patronat belge mène une véritable offensive contre la réduction du temps de travail et des heures supplémentaires. Comme en France d’ailleurs, c’est une guerre idéologique qui est menée par un patronat revendicatif. Jusqu’ici, dans le contexte de croissance que l’on connaît et le niveau actuel de la productivité, l’augmentation de fait du temps de travail, qui est, par ailleurs, un véritable retour en arrière du point de vue sociétal, ne peut que réduire encore un peu plus le marché de l’emploi. Et c’est bien là sans doute l’enjeu fondamental des rapports de force et des relations sociales de demain.