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Jusqu’au bout du nez…

Bourlet avait proclamé: «J’irai jusqu’au bout, si on me laisse faire…» On l’a laissé faire. Il n’est pas allé jusqu’au bout. Il n’est allé nulle part, il a tourné en rond, il nous a mené par le bout du nez. Il s’est agité dans tous les sens et cette agitation, à la longue, finit par nous sembler bien louche. Et si ce Bourlet était de connivence avec «les gens haut placés» dont parlait Botte, et s’il était l’arme secrète du réseau, le leurre parfait? À force de multiplier les pistes annexes, Bourlet a brouillé toutes les pistes. On ne sait plus qui est vraiment suspect dans cette affaire. On ne sait pas si les accusés sont les bons. Même Dutroux? Même Dutroux… Personne n’ose le dire franchement, mais il suffit de relire les comptes-rendus du procès depuis le premier jour: aux yeux de ses avocats, mais aussi du procureur et de certaines parties civiles, Dutroux ne serait pas le principal suspect. Il serait donc l’objet d’une incroyable erreur judiciaire. Incroyable? C’est là sa force, à Dutroux: il y a toujours des gens pour croire à l’incroyable, pour nier l’évidence. Et dans cette affaire, ces gens sont très nombreux. Sur les douze jurés d’Arlon, combien finiront par croire à la culpabilité relative de Dutroux, combien infléchiront leur verdict en pensant que d’autres coupables, plus criminels encore, leur ont échappé? Cinq, sept? De ce chiffre dépendra le sort de Dutroux, mais aussi la santé mentale d’une nation. 15 mai 2004