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La mondialisation comme imaginaire

Dans le débat idéologique sur la mondialisation, Attac et le Mouvement réformateur défendent a priori deux visions complètement antinomiques. Mais sur le plan de l’imaginaire il y a aussi des convergences et, parfois, des positionnements «à front renversé». Une réflexion alliant sociologie, économie et philosophie politique.

Dans un article «fondateur» de 1998, le politologue français Zaki Laïdi s’interrogeait sur la rareté des études portant sur «l’herméneutique» de la mondialisation. «Si l’on veut réfléchir à la mondialisation en la considérant comme un fait social et plus seulement comme l’expression comptable d’interdépendances croissantes entre économies, il convient alors de la considérer comme un imaginaire. En effet, la mondialisation n’existe que par les représentations qu’elle dégage» Z. Laïdi, «Les imaginaires de la mondialisation», Esprit¸ octobre 1998. Dans cette dernière phrase le «que» est sans doute de trop, car il semble limiter l’interdépendance croissante à l’échelle globale à un phénomène de représentation. Mais cette restriction mise à part, l’importance de la mondialisation comme «imaginaire», est décisive pour situer les acteurs sociaux. Le mot «imaginaire» n’implique, et c’est important de le préciser, aucune idée de vérité ou de fausseté. Il vise à indiquer simplement qu’un phénomène comme la globalisation n’est pas «immédiatement donné» à la conscience et qu’il apparaît d’abord comme un ensemble de représentations empiriques et normatives organisées notamment sous forme «d’images». La question de la pertinence de ces images est l’enjeu à la fois de la discussion théorique et, inséparablement, du débat politique. Pour Laïdi, les représentations de la globalisation s’articuleraient d’une part autour d’un «imaginaire de l’effacement» (disparition des frontières, homogénéisation des cultures) d’autre part, autour d’un imaginaire «différentialiste» (préservation des identités). Il fait remarquer que si ces imaginaires sont structurants par rapport aux clivages politiques, ils le sont de manière indirecte et parfois contradictoire: ainsi on peut trouver l’imaginaire de l’effacement à droite (le néolibéralisme) comme à gauche (les tenants de la démocratie mondiale); de même pour l’imaginaire différentialiste: il y a des versions de droite (le populisme conservateur) et de gauche (le «républicanisme» à la Chevènement).

MR/Attac: l’opposition n’est pas «totale»

C’est dans la ligne de préoccupations portée par le texte de Laïdi que s’inscrit la réflexion qui suit. Initialement, elle se voulait analyse de l’imaginaire d’un élément de l’altermondialisme, à savoir Attac et principalement, Attac Wallonie-Bruxelles. Assez rapidement, il est apparu que toute caractérisation serait difficile sans référence à ce que l’on pourrait appeler un élément de comparaison, aussi différent que possible et c’est pourquoi l’optique retenue a été de contraster le discours d’Attac avec ceux du MR. Certes, les deux types d’acteurs (mouvement d’éducation permanente, d’un côté, parti politique, de l’autre) sont suffisamment hétérogènes pour ne pas être strictement comparables. Mais, sur la thématique de la mondialisation, il était raisonnable de les supposer relativement antinomiques au sein du champ idéologique propre à la Belgique francophone. Dans le cadre d’une réflexion qui se veut avant tout exploratoire cette logique de contraste nous a semblé justifier la démarche Ce texte reprend largement les éléments empiriques d’un mémoire de licence en sociologie: Sophie Grenade, Des images de la globalisation. Analyse des imaginaires de la globalisation au sein du MR et d’Attac, Université de Liège, 2004. Mais pouvait-on partir simplement de la dichotomie proposée par Laïdi? Un simple échantillon de la littérature théorique sur la mondialisation suffit à montrer que les axes de représentation sont plus nombreux et qu’ils ne se ramènent pas forcément à une opposition «effacement/différencialisme». Pour tenter de rendre cet échantillon le plus diversifié possible, nous avons utilisé à la fois des sociologues (Giddens et Bauman), un économiste (Giraud) et un philosophe politique (Barber), appartenant à des «pôles idéologiques différents» et ayant tous en commun d’avoir écrit au moins un ouvrage reconnu sur la globalisation Z. Bauman, Le coût humain de la mondialisation, Paris, Hachette, 1999, A. Giddens, The consequences of modernity, Cambridge, Polity Press, 1990, P.-N. Giraud, L’inégalité du monde. Economie du monde contemporain, Paris, Gallimard, «folio actuel», 1996 et B. Barber, Djihad VS Mc World, Paris, Desclée de Brouwer, 1996. Plutôt que deux imaginaires, une première lecture fait apparaître cinq axes de polarisation entre lesquels une combinatoire est possible. Très sommairement, la globalisation peut d’abord être conçue plutôt sous l’angle de l’interdépendance sociale globale (le «village mondial») ou sous l’angle de la domination de l’économique (le «marché»). En second lieu, on peut l’appréhender, comme le suggère Laïdi, à travers ses effets homogénéisants (rapprochement des cultures) ou a travers ses effets différenciateurs (creusement des inégalités). La mondialisation peut être vue comme le produit largement spontané de la multiplication des échanges ou comme le résultat de politiques délibérées des acteurs les plus puissants. Ces trois axes constituent ce que l’on pourrait appeler le plan empirique de l’analyse. Enfin, sur le plan de l’action, on peut insister sur ses conséquences positives ou négatives, et sur son caractère inéluctable ou modifiable (voire réversible). Dans quelle mesure les «imaginaires» que l’on peut dégager des discours d’Attac, d’un côté et du MR, de l’autre, se situent-ils par rapport à ces différents axes? Une première analyse montre que s’ils sont antinomiques sur certains d’entre eux, ils peuvent se rapprocher sur d’autres: on n’est donc pas dans le schéma d’une opposition «totale».

MR: mondialisation spontanée et inéluctable

Ce qui frappe au sein du discours réformateur, c’est finalement l’effacement relatif du discours économique : le positionnement est plutôt sur le pôle «village» de l’axe «marché versus village». En particulier, de nombreux textes pointent l’émergence d’une sorte de vie quotidienne mondiale Concept développé par Zaki Laïdi lui-même notamment grâce aux médias : «Il n’est pas d’événement, de question, de problème de société qui, se présentant dans un pays, laisse le reste du monde indifférent» L. Michel, Horizons. L’axe du bien, Luc Pire, 2003, p.203-204. On est donc dans la logique de la «contraction de l’espace et du temps» qui est au cœur de la pensée de Giddens, par exemple. Au niveau politique, le «village global» prend la forme d’une interdépendance croissante des États et cette idée est liée au fait que le monde contemporain doit faire face à de nouveaux enjeux qui ne permettent pas aux États de les gérer indépendamment des autres: «Le climat, la pauvreté, les maladies transmissibles, l’environnement, le trafic international de la drogue, tous ces sujets donnent lieu à des interrogations collectives …..» Ibidem, p.206. Et cette interdépendance des États s’exprime également à travers l’émergence d’une nouvelle solidarité internationale: «Avec la globalisation, nous tenons la condition préalable d’une solidarité internationale en faveur de populations en détresse» Ibidem, p.206. Logiquement, le MR voit la mondialisation comme un phénomène largement spontané. Les textes, ici, en particulier ceux de Louis Michel, semblent renouer avec la dimension utopique du libéralisme doctrinal puisqu’on n’hésite pas à utiliser la métaphore préférée d’Adam Smith : «La globalisation a ceci de spécifique qu’elle n’est pas née d’une décision politique. Il s’agit d’un processus spontané, évolutif ….. sur lequel, en tout cas, aucune autorité, qu’elle soit nationale ou internationale, ne semble avoir d’emprise directe……A cet égard, une sorte de « main invisible » semble opérer…..» Ibidem, p.204. Par ailleurs, étant donné que la globalisation est souvent associée au progrès scientifique et technologique, elle est considérée comme un phénomène inéluctable auquel il est nécessaire de s’adapter: «…..est elle inéluctable? C’est-à-dire, avons-nous le choix de la stopper et de faire en sorte qu’elle n’existe plus? Et bien non, je pense que ce serait extrêmement difficile dans la mesure où il est pratiquement impossible d’arrêter le progrès de la science» D. Bacquelaine, « La mondialisation: quelles perspectives après l’échec du Sommet de Cancùn? », conférence réalisée à l’Université de Liège le mercredi 31 mars 2004. Un autre type de conséquence positive de la globalisation mise en avant par le MR concerne le développement économique qu’elle engendre: «La globalisation, ….., a apporté aux pays qui en ont accepté les règles un développement économique sans précédent» L. Michel, Horizons. L’axe du bien, op.cit., p.205. À ce niveau, la globalisation est en général associée au libéralisme. Et ce libéralisme est considéré comme un processus tout à fait positif, engendrant une croissance économique et résolvant la plupart des problèmes économiques (pauvreté, inégalité, etc.): «Aujourd’hui, le constat s’impose: les pays les plus prospères sont aussi ceux qui sont les plus ouverts aux échanges…..» Ibidem, p.204. La connotation positive générale attachée au phénomène de la mondialisation n’est cependant pas exclusive de zones d’ombres: la globalisation entraîne une polarisation de la société entre ceux qui sont adaptés à la globalisation et ceux qui ne le sont pas: «La globalisation, comme Janus, a deux visages. Ainsi, l’avènement de la société globale porte en germe de nouvelles discriminations. Certains s’adapteront sans peine, d’autres pas» Ibidem, p.208.

Modèle hydraulique et contamination

À travers les extraits de discours proposés, on voit donc émerger une image à la «Adam Smith»: la mondialisation est tout à la fois spontanée et inéluctable, tout comme l’est le progrès de la science. Elle est largement positive dans l’ensemble et elle ne se ramène pas à des phénomènes économiques (même si ceux-ci ne sont pas négligés, ce qui empêche de poser ouvertement le MR sur le pôle «village» de l’axe «marché/village»). L’ennemi implicite, c’est le protectionnisme conservateur. On voit émerger un modèle presque «hydraulique»: la mondialisation paraît s’organiser autour d’un ensemble de flux qu’il faut laisser s’écouler sans entraves, sous peine d’obtenir des mares d’eau stagnante. Imaginaire euphorique? Pas complètement: la société globale demandera des efforts «d’adaptation» faute de quoi elle risque de produire de nouvelles inégalités. Mais la formule est révélatrice: parler «d’adaptation» c’est situer les difficultés non du côté des nouvelles logiques de mobilité et d’interdépendance, mais dans le chef de ceux — les plus fragiles — qui auront à les subir. Autre aspect révélateur; c’est que la mondialisation a aussi sa face noire: la drogue, les maladies, la pauvreté. Là aussi l’image est forte: le «côté obscur» de la mondialisation est décrit sous la métaphore de la contamination. À côté du modèle «hydraulique», il y a donc un contre-modèle «épidémiologique». Certes, il faut être de bon compte avec le MR: parti avant tout pragmatique, enraciné dans la politique wallonne et bruxelloise, il produit peu de textes doctrinaux sur la mondialisation et n’est sans doute pas soumis à une forte pression de cohérence théorique. L’analyse s’appuie donc sur des fragments, assez peu nombreux et dont la représentativité est problématique. On peut être surpris, par exemple, qu’une personnalité aussi «volontariste» que l’a été Louis Michel dans l’exercice de son mandat de ministre des Affaires étrangères se montre un tel chantre de «l’ordre spontané» dans ses analyses théoriques. Il reste que, malgré le caractère parcellaire de la réflexion, on est frappé par deux tendances. D’abord, la forte présence de cette dimension de «libéralisme utopique» dans les discours. Et surtout, à travers l’ensemble des textes analysés, le côté problématique de la grande mobilité généralisée pour les libéraux, ce sont finalement toujours les hommes, que ce soit par leur inadaptation, les maladies qu’ils transmettent ou les crimes qu’ils exportent.

Attac: régulation de l’économie

Dans plusieurs de ses textes, Attac reconnaît explicitement la polarisation de la représentation en termes de «village» ou de «marché»: «Le terme « mondialisation » désigne en réalité deux notions distinctes : d’une part le fait que les progrès technologiques réduisent les notions d’espace-temps et transforme le monde en un « village global »; d’autre part, le fait que la planète économico-financière se métamorphose en un vaste « marché global » …..» A. Zacharie « Le paradoxe de l’antimondialisation », La Libre Belgique, mercredi 26 septembre 2001, p.12. Mais comme le «tout au marché» est la cible première, la description en termes économiques tend à prendre le pas sur l’autre : «Il faut constater que le monde s’enfonce dans une voie qui privilégie le tout au commerce avant le social ou l’unité entre les peuples» ATTAC Wallonie-Bruxelles, « Editorial », Journal trimestriel Attac Wallonie-Bruxelles, octobre-novembre-décembre 2003, n°6, p.1. Le cosmopolitisme est très présent dans l’ensemble: l’Europe et les grandes institutions internationales (OMC, FMI…) sont, elles aussi, contestées parce qu’elles limitent leur perspective à l’aspect économique de l’existence en société. Attac se positionne donc contre le fonctionnement de ces organisations jugées non démocratiques, pas assez transparentes ou encore laissant une trop grande place à la «loi du plus fort» (les pays riches). Par contre l’existence même de ces institutions n’est pas contestée, tout comme Attac ne se positionne pas contre l’Europe mais contre certains de ses principes néolibéraux: «Ce n’est pas un « non » à l’Europe et, moins encore l’encouragement à un repli nationaliste. C’est un NON « alter-européaniste », pour une autre Europe …..» ATTAC Liège, « Quelle constitution pour l’Europe? Pour une Europe démocratique, sociale, écologique et solidaire », wb.attac.be. C’est l’absence de réelle volonté régulatrice (et de réelle caution démocratique) qui rend les institutions internationales critiquables. La globalisation des résistances est une thématique présente elle aussi mais encore assez peu développée. Il reste que la mise en réseau internationale est bien perçue comme une arme à double tranchant; en faveur des dominants lorsqu’elle se fait à travers le marché, elle peut aussi être un instrument utilisé par les dominés: le progrès dans les technologies de communications permet l’échange des savoirs et la connexion des luttes.

Décision versus laisser-faire

Il serait donc erroné, sans doute, de présenter l’imaginaire de la globalisation dans les discours d’Attac comme opposable point par point à celui du MR: il y a un socle commun de représentations qui emprunte à la fois au pôle «marché» et au pôle «village», mais à partir de là, les visions divergent: la «main invisible» de Louis Michel est remplacée par la main bien visible d’un certain nombre d’instances de décisions nationales ou internationales qui, soit favorisent la toute puissance des marchés financiers, soit laissent faire, détournant ainsi la mondialisation de son «potentiel positif», pourrait-on dire. La mondialisation est donc vue comme plus volontaire que spontanée. Mais ce n’est pas une thématique exclusive: il y a place pour la contingence et le chaos: «La mondialisation néolibérale est un avion sans véritable pilote» ATTAC Wallonie-Bruxelles, « Campagne pour la maîtrise des marchés financiers », Journal trimestriel Attac Wallonie-Bruxelles, juillet-août-septembre 2002, n°2, p.2. Dès lors, la mondialisation devient davantage «différentiatrice» qu’«homogénéisante». Le fossé entre les «riches» et les «pauvres» se creuse toujours plus et c’est cette polarisation (entre sociétés pauvres et riches mais aussi internes aux différentes sociétés) qui fait l’objet de la dénonciation. Et puis surtout, il n’y a rien d’inéluctable dans le phénomène: la reconstruction de régulations reste assez largement dans les mains des acteurs déjà constitués (les instances internationales mais aussi les États-nations, moins perçus comme «dépassés» que dans la vision libérale). L’imaginaire d’Attac est «décisionniste» (tant du point de vue explicatif que politique) là où l’imaginaire du MR est construit sur l’idée d’ordre spontané.

Pour un discours utopique plutôt que critique?

À partir d’une première analyse des discours, schématique et sans autre prétention qu’exploratoire, on pourrait raisonnablement parler non pas de deux imaginaires Merci à René Doutrelepont de nous avoir mis sur la voie de cette idée opposés mais de deux variantes opposées d’un même imaginaire: si on revient à Zaki Laïdi, on voit que, tant du côté du MR que du côté d’Attac, on évolue dans des imaginaires de «l’effacement». Certes, du côté d’Attac on insiste sur la production d’inégalités alors que la tendance homogénéisante de la mondialisation est bien plus mise en avant dans le discours MR. Mais il y a bien un fond commun, qui est le cosmopolitisme. Les deux discours s’écartent donc l’un et l’autre maximalement du discours «différentialiste», qui est centré sur l’exaltation de l’identité : identité culturelle et ethnique dans le populisme de droite, identité de la «nation» dans la version républicaine de gauche. Mais à partir de ce fond commun, les conséquences divergent, tant sur au plan de l’utopie que de sa déliquescence possible: l’utopie «hydraulique» du libéralisme est menacée par la contamination (criminelle, ou hygiénique) et par l’inadaptation des hommes; l’utopie «universaliste» d’Attac est menacée par la domination du capital financier et donc par les inégalités. À partir de cette ébauche, on pressent un paradoxe. En effet, le discours d’Attac étant d’abord un discours critique, il insiste assez logiquement sur son versant anti-utopique. De sorte qu’en définitive, le pôle «marché» apparaît plus prégnant dans son discours que dans le discours libéral. Au bout du compte, c’est donc du côté d’Attac que se trouve, paradoxalement, le plus grand risque «d’économisme». Peut-être un critique comme Pascal Bruckner n’a-t-il dès lors pas entièrement tort lorsqu’il reproche aux altermondialistes P. Bruckner, Misère de la prospérité. La religion marchande et ses ennemis, Paris, Grasset, 2002. Remarquons tout de même qu’Attac ne représente que très partiellement le mouvement altermondialiste et que d’autres franges du mouvement donnent plutôt la priorité aux aspects symboliques et culturels. Mais la visibilité particulière d’Attac dans le champ (et sa reconnaissance comme interlocuteur par une partie du «camp opposé») offre une prise à la critique de Bruckner , en faisant de l’économique la grille de lecture quasiment unique de la mondialisation libérale, de sacrifier eux-mêmes au «tout économique» et, ainsi, d’élever en quelque sorte un «temple» à leurs propres adversaires intellectuels. À l’inverse, le discours du MR, tout imprégné «d’utopisme libéral», fait la part belle à la dimension «village» et occulte l’aspect «marché». On voit dès lors le piège dans lequel les altermondialistes doivent, selon nous, éviter de tomber: il ne faudrait pas que, trop absorbés par la critique du poids destructeur de la finance mondiale, ils ne désertent trop — au profit de leurs adversaires libéraux — la dimension symbolique et affective nécessaire à la construction d’un imaginaire positif. Il ne faudrait pas que le libéralisme, qui reste avant tout une théorie de la libre circulation des marchandises et des capitaux, ne puisse ainsi se parer à bon compte de l’image du cosmopolitisme et puisse trop facilement accuser — ce qui serait un comble — ses adversaires de sacrifier à un imaginaire différentialiste. Pour éviter ce contresens radical, on peut se demander si les altermondialistes — et Attac en particulier — ne devraient pas davantage déplacer le poids de leur discours de la dimension critique vers la dimension utopique. C’est à tout le moins une question qui mérite d’être posée.