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La Wallonie, + de sexisme au km² ?

«La Wallonie collectionne les points forts : sa situation idéale au coeur de l’Europe, ses réseaux de communication exceptionnels, ses universités internationalement réputées, ses centres de recherche et de formation, sa main-d’œuvre ultra-qualifiée, une énergie et une créativité hors du commun… — Stop, n’en jetez plus, c’est quoi, la nouvelle fiction de la RTBF ? — Non, c’est l’introduction d’une campagne de promotion du gouvernement wallon Voir http://talent.wallonie.be intitulée «La Wallonie, + de talents au km²». Et j’ajouterais : + de sexisme! Involontaire sans doute, mais d’autant plus sournois… — Ah bon, explique-nous ça. — Déjà qu’au niveau des assemblées régionales, avec ses 20% de femmes, la Wallonie est loin derrière la Flandre (32%) et la Région bruxelloise (46%). Et maintenant, voici cette campagne qui met en avant les atouts humains de la région : scientifiques, sportifs, artistes, créateurs d’entreprise… Vingt-sept «Wallons de réputation internationale», se présentant, sur des photos joliment mises en scène, en «parrains» d’un autre talent, moins connu ou moins médiatisé. La campagne se décline en affiches, en catalogue illustré, en cartes postales largement diffusées… Eh bien, devinez combien de femmes, parmi ces «Wallons de réputation internationale» ? Deux, en tout et pour tout! À côté de l’inévitable Justine Henin, il y a Véronique Bernier, qui s’est fait connaître pour ses bijoux et ses sculptures en verre et en cristal. Et les talents féminins wallons s’arrêtent là ! — Peut-être que les femmes talentueuses, et surtout connues, sont plus difficile à trouver… — Est-ce qu’on a vraiment cherché ? On présente les frères Dardenne, et pourquoi pas la cinéaste Bénédicte Liénard, réalisatrice de «Une part du ciel», présenté à Cannes en 2002 ? Pourquoi aucune de ces comédiennes dont la réputation a largement franchi les frontières de la Wallonie, comme Marie Gillain, Cécile de France ou Emilie Dequenne, qui a tout de même reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes en 1999 ? Et pourquoi Pierre Kroll et pas Cécile Bertrand, qui fait pour La Libre Belgique ce que lui réalise dans Le Soir : commenter l’actualité quotidienne en dessins ? Pas assez connue, pas assez «talentueuse», alors qu’elle vient de recevoir le prestigieux Prix «Press Cartoon Belgium 2007», pour un dessin intitulé : «Pinochet conduit vers sa dernière demeure» Site http://users.skynet.be/cecilebertrand/, pour le dessin primé et pour les autres, ça vaut la peine d’aller faire un tour ? N’y a-t-il donc pas de chercheuses, d’entrepreneuses, d’écrivaines en Wallonie ? — Et pourquoi pas Anne Demelenne, la présidente de la FGTB ? Ne me regardez pas de cet air ahuri : ce n’est pas si fréquent de voir un grand syndicat dirigé par une femme. Mais la Wallonie, cette région qui se voit reprocher sa domination socialiste, ose-t-elle être fière de ses syndicalistes, autant qu’elle l’est d’un «génie des affaires» comme Albert Frère ? Bon, d’accord, la question ne se pose même pas… — On peut quand même se consoler en regardant les «talents parrainés», qui sont peut-être les célébrités de demain : pratiquement une moitié de femmes. Alors, espérons que l’équilibre sera meilleur à la prochaine génération…