Portugal
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C’est la douche froide au Portugal, où l’extrême droite enregistre un score historique aux élections législatives qui se sont tenues ce 18 mai : avec 22,6% des voix, Chega fait jeu égal en termes de nombre de sièges avec le Parti socialiste (58 chacun), qui enregistre un recul marqué (-4,5%). Pour sa part, la coalition de droite ne semble pas affectée par les scandales de corruption qui la visent : malgré la démission forcée du Premier ministre Luís Montenegro suite à une grossière affaire de conflits d’intérêt, l’Alliance démocratique (coalition de partis de centre-droit) a conforté sa première place, progressant même de 3,5% (32,7% des voix et 89 sièges). Pour le reste de la gauche, les résultats sont décevants : alors que le Bloco de Esquerda continue sa descente aux enfers (avec 2% des voix, il diminue son score de moitié et ne compte plus qu’un seul député), seul LIVRE, petite formation écologiste en progression depuis sa formation en 2013, tire son épingle du jeu avec 4,2% des voix et 6 sièges. Cette crise politique a largement fait passer au second plan la campagne pour la présidentielle prévue en janvier 2026, et pour laquelle la gauche ne paraît pas en meilleure posture, comme nous vous l’expliquions dans l’édition précédente.
Précédemment (février 2025) : À moins d’un an de l’élection présidentielle, qui se tiendra le 25 janvier 2026, la gauche portugaise ne semble pas à en mesure de présenter un candidat unique et crédible. Alors que, historiquement, le Parti socialiste avait fait main basse sur ce poste entre 1986 et 2006, avec quatre mandats de cinq ans consécutifs, la gauche est systématiquement battue à cette élection depuis lors, au profit du parti de centre-droit, le PSD. Dans les rangs de ce dernier, Marques Mendes, ancien ministre et leader du parti, vient d’annoncer sa candidature. A l’extrême droite, André Ventura se présente à nouveau, après avoir fini troisième en 2021 avec 12% des voix. La surprise pourrait venir de l’amiral Gouveia e Melo, présenté par l’ensemble des médias et instituts de sondages comme candidat et favori pour remporter l’élection, après avoir bâti sa visibilité durant la période du Covid-19, où il était responsable de l’organisation de la distribution des vaccins. Face à ces candidats déclarés ou putatifs, aucun candidat « naturel » ne se dégage du côté du Parti socialiste. Pour le moment, seul António José Seguro, ancien leader du PS (2011-2014) et ancien ministre pendant une petite année entre 2001 et 2002, multiplie ses engagements médiatiques. Sans soutien large parmi les socialistes, il pourrait se disputer l’ électorat de gauche avec António Vitorino, autre « historique » du parti, ancien ministre et Commissaire européen, et plus récemment directeur-général de l’Organisation Internationale pour les Migrations de l’ONU. Dans cette configuration, il se pourrait bien que les sondages voient juste et que le discret amiral, dépourvu de tout programme politique clair, l’emporte dans un an, sans que les conséquences d’un tel dénouement soient faciles à prévoir.