Rarement une élection présidentielle aura fait autant de remous en Roumanie. Comme nous vous l’expliquions dans une édition précédente, le premier tour des élections présidentielles, en novembre, avait été annulé par la Cour constitutionnelle au motif d’ingérence de la Russie dans la campagne et de non-respect des règles de campagne par le candidat d’extrême-droite pro-russe Calin Georgescu, alors en tête du scrutin. Cette décision très politique de la Cour a fait l’objet de controverses importantes, sa légitimité n’étant pas tout à fait claire d’un point de vue procédural (quoi qu’on pense du candidat écarté). Du pain béni pour l’extrême droite qui, si elle a dû se trouver un autre candidat (George Simion, qui a promis de gouverner en tandem avec Calin Georgescu), a pu s’en donner à cœur joie avec son attitude favorite : la victimisation. Malgré tout, alors qu’on pouvait craindre le pire, c’est le candidat centriste pro-européen et maire de Bucarest, Nicusor Dan, qui s’est imposé le 18 mai 2025 avec 54% des scrutins. Une victoire initialement contestée par son opposant, George Simion, qui s’est empressé de dénoncer des manipulations, avant de finalement admettre sa défaite. La crainte est que ses sympathisants se montrent moins fair play et que la Cour constitutionnelle, qui a joué avec le feu, ait perdu beaucoup de sa légitimité aux yeux d’une partie de l’électorat – à une époque où les cours de justice n’ont déjà pas le vent en poupe.

Précédemment (février 2025) : Affaibli par des vents contraires, Klaus Iohannis, président de la Roumanie depuis 2014, libéral et pro-européen, a démissionné en réponse à une motion de destitution déposée par trois partis d’extrême droite, soutenus par un autre parti libéral. Cette évolution doit être interprétée à la lumière du report très controversé des élections présidentielles roumaines à mai 2025. Pour rappel, le premier tour des élections présidentielles, organisé en novembre 2024, a été annulé par la Cour constitutionnelle au motif d’ingérence de la Russie dans la campagne et de promotion illégale du candidat d’extrême-droite pro-russe Calin Georgescu via Tik Tok. S’il semble clair que la campagne de Georgescu était illégale à plusieurs égards, il n’est pas certain que la Cour avait la légitimité d’annuler l’élection. Par ailleurs, il semble assez clair, au vu de la faiblesse de certains des arguments qu’elle a avancés, qu’elle a pris cette décision en grande partie pour des raisons politiques, ce qui affaiblit sa légitimité et risque de renforcer l’extrême-droite. En attendant l’élection de mai prochain, vers laquelle tous les regards sont désormais tournés, la démission du Président, forcée par la procédure de destitution, peut être vue comme une mesure visant à apaiser les tensions compréhensibles qui entourent cette élection de tous les dangers.