Vous avez besoin d’une nouvelle voiture ? Précipitez-vous, c’est le moment. On brade à tout va. À cause des subprimes, de Lehman Brothers, de Madoff et de que sais-je encore, la crise financière emporte tout et l’industrie automobile est encore plus emportée que le reste. Ma cousine qui avait des actions Ford pourtant libellées en couronnes norvégiennes a perdu d’un coup les deux tiers de son patrimoine. L’impératif, c’est de liquider les stocks, même à perte. Sinon, les chaînes de production s’arrêteront, il faudra mettre les ouvriers en chômage technique, c’est-à-dire qu’ils seront payés à ne rien faire. En les plans de reconversion seront remis à plus tard. Car bien sûr, on va reconvertir. La voiture de demain sera propre, c’est juré. D’ailleurs, elle l’est déjà. Comme le plan «com» du lobby de l’automobile le serine, un 4×4 sorti d’usine aujourd’hui est moins polluant qu’une Lada d’il y a dix ans. Autrement dit, un riche qui change de voiture chaque année contribue plus à la lutte contre le réchauffement climatique qu’un pauvre qui s’obstine à conserver son vieux tacot. Une fois que la voiture aura diminué ses émisions par 3 ou 4 (plus, c’est difficile à envisager), où sera encore le problème ? Le problème, il sera toujours là. La pollution n’est pas d’abord lié au niveau d’émission, mais au niveau de congestion et au niveau de circulation. Dans une ville où les voitures avancent au pas, sur des autoroutes complètement bloquées aux heures de pointe, dans un territoire gangrèné par une urbanisation extensive où il faut prendre sa voiture pour acheter un pain, même avec des émissions réduites, c’est encore beaucoup trop. La voiture propre donne bonne conscience à ceux qui ne veulent surtout rien changer à leur mode de vie. Et sa promotion retarde d’autant une reconversion industrielle à laquelle on n’échappera pas de toute façon.