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Paul Lafargue et le droit à la paresse

C’était il y a juste cent ans. « Je me suis promis de ne pas dépasser les soixante-dix années, j’ai fixé l’époque de l’année pour mon départ de la vie… » Dans la nuit du 25 au 26 novembre 1911, à Draveil, au retour d’une soirée au cinéma, Laura Marx, deuxième fille de Karl, et Paul Lafargue mettent fin à leur vie. Jusqu’au bout, ils furent épris l’un de l’autre. Leurs funérailles réunirent une foule de militants, parmi lesquels des exilés de toute l’Europe. Ancêtres allemands et écossais du côté de Laura, née en 1845 rue de l’Alliance à Saint-Josse-ten-Noode. Du côté de Paul, né en 1842 à Santiago de Cuba : caraïbes, africains et français, chrétiens, juifs et vaudous dont Paul gardera le goût des mythologies. Paul entame des études de médecine à la Sorbonne, dans un milieu républicain hostile à la dictature de Napoléon III. En 1865, suite aux manifestations du Congrès international des étudiants à Liège, il est exclu des facultés de France et va passer son doctorat au Royal College de Londres. Déjà membre de l’Association internationale des travailleurs (la 1ère Internationale), il fréquente la demeure des Marx, où il tombe sous le charme de Laura. Lectrice, musicienne, cavalière, Laura traduisit entre autres le Manifeste du parti communiste de 1848. Le couple subit la guerre franco-prussienne à Bordeaux, chez les parents Lafargue. Paul vient à Paris en avril 1871 et soutient activement la Commune. De retour en Angleterre après la mort de leurs trois enfants, Lafargue écrit pour l’hebdomadaire parisien L’Égalité. En 1880, il y publie sous la rubrique « Variétés » un feuilleton en sept épisodes, Le droit à la paresse, réfutation du droit au travail de 1848. Après la fusillade de Fourmies (1891), Paul Lafargue est élu à Lille. Ce sera son seul mandat. En 1895, à la mort d’Engels, éditeur posthume de Marx, correspondant et soutien du couple, Laura hérite d’une part des droits d’auteur du Capital et achète la villa conjugale. Après le Manifeste communiste, le Droit à la paresse serait le texte d’inspiration marxienne le plus traduit et diffusé.