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Bye bye and see you soon

31 JANVIER 2020, À MINUIT : APRÈS PLUSIEURS REPORTS, LE ROYAUME-UNI QUITTE OFFICIELLEMENT L’UNION EUROPÉENNE

Nous y voilà… 47 ans après l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne, 43 mois après le vote des Britanniques en faveur du Brexit et autant de temps passé à négocier le départ, un État sort volontairement, et pour la première fois, de l’Union européenne à laquelle il s’était librement associé.

C’est un événement inédit. Le droit européen ne le permet explicitement que depuis l’introduction dans les traités européens, le 1er décembre 2009, d’une clause de retrait volontaire et unilatéral – le fameux article 50 activé par Londres en mars 2017. Il n’aura donc fallu que 10 ans pour que la possibilité de retrait nouvellement prévue devienne une revendication britannique, pour finir par se réaliser concrètement.

C’est surtout une longue histoire d’amours contrariés, à laquelle le Royaume-Uni et l’Union européenne nous ont habitués. Après avoir d’abord refusé de participer à la fondation des Communautés européennes, puis déposé une candidature d’adhésion rejetée par Charles de Gaulle en 1963, le Royaume-Uni n’a rejoint l’aventure européenne qu’en 1973. Et deux ans après déjà, il organisait un premier référendum sur son maintien dans le giron européen. Ses relations avec les autres États membres n’ont eu de cesse de se particulariser : unique bénéficiaire d’un rabais financier sur sa contribution au budget européen depuis 1984, il n’est pas membre de la zone euro et est en retrait sur certaines autres politiques-clefs. Au moment du référendum, les Britanniques disposaient en outre d’une délégation parlementaire ouvertement europhobe, défendant la sortie de l’Union européenne.

C’est, enfin, le résultat de trois ans et demi de rudes négociations, d’allersretours, d’atermoiements, d’annonces d’accord et de votes de refus. Voici donc enfin venu le divorce en bonne et due forme ? Le conjoint a quitté la maison avec force et fracas. Mais cela ne suffit pas à clôturer le dossier. Certes, un premier accord a été trouvé mais il n’évoque que le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. Reste maintenant à définir les futures relations entre les deux ex-partenaires parce que, des enfants à gérer, il y en a : politique de la pêche, services financiers… Les dossiers à discuter sont nombreux et chacun sera, l’un après l’autre, l’objet d’âpres batailles politiques autant que juridiques.

Car, pour le coup, les positions n’ont pas évolué d’un iota et demeurent aussi inflexibles qu’inconciliables. Boris Johnson refuse tout alignement britannique sur les réglementations européennes. Michel Barnier refuse tout accès britannique au marché européen sans alignement réglementaire. Le Royaume-Uni a besoin du marché européen : près de 50 % de ses exportations sont à destination du marché européen. L’Union européenne craint plus que jamais un concurrent déloyal à ses portes, qui abaisserait volontairement ses standards environnementaux, fiscaux, en droit du travail ou en aides d’État.
Le bras de fer peut (re-)commencer… et durer. See you again.