Vie politique • Elections 2024
Les parlements nouveaux sont arrivés
26.07.2024
Le triple scrutin du 9 juin 2024 a bouleversé le paysage politique de la Belgique francophone et a déjoué les prévisions. Nouvelles élues et nouveaux élus, bienvenue !
Au lendemain des élections du 9 juin 2024, on a beaucoup commenté l’échec du Vlaams Belang dans sa tentative de devenir le premier parti de Flandre et du pays, en mesurant son score à l’aune de sondages qui lui prédisaient le Valhalla, plutôt qu’à celle, plus modeste, de ses résultats de 2019. Ce faisant, nous avons perdu de vue que le parti d’extrême droite est, avec plus d’un million de suffrages, le premier parti au sein de la représentation belge au Parlement européen, et qu’il a progressé également aux autres niveaux de pouvoir.
Il n’y a, en fait, guère de raison d’être soulagé par les 31 députés du VB au Parlement flamand (autant que la N-VA) et ses 20 élus à la Chambre (au tant que le MR), passé le bref moment de satisfaction devant le dépit de Tom Van Grieken.
Des sondages zéro pointé
Revenons aux sondages, qui se sont effectivement trompés dans les grandes longueurs.
Ils n’ont prédit ni l’ampleur du succès du MR, qui a largement devancé son rival socialiste de toujours, à Bruxelles mais aussi en Wallonie, ni la prodigieuse résurrection des Engagés, ni la sévérité de la débâcle d’Écolo, ni l’évolution contrastée du PTB selon les régions, ni les quatre élus de la Team Fouad Ahidar…
S’il fallait trouver un commun dénominateur à des évolutions parfois divergentes – comme le destin différent du PS et de Vooruit, dont l’un est à la baisse tandis que l’autre est à la hausse – peut-être serait-ce la volonté de changement des électrices et des électeurs. En effet, quels sont les partis démocratiques qui ont le plus progressé dans les deux grandes régions? Les Engagés en Wallonie, et le Vooruit en Flandre.
La victoire du MR elle-même est sans doute largement attribuable à un récit, qui a fait de sa situation à Bruxelles, où il était maintenu dans l’opposition depuis 20 ans, une généralité : Georges-Louis Bouchez a conduit une campagne victorieuse, fondée sur la rupture avec le passé. Une rupture proposée par un parti pourtant au pouvoir depuis 2017 en Région wallonne, mais surtout en place depuis 25 ans au gouvernement fédéral… soit. L’heure était au changement, après une succession d’années difficiles et de crises qui ont plombé le moral.
Le renouveau parlementaire
Cela tombe bien, du changement, il y en aura dans nos enceintes parlementaires. À la Chambre, c’est presque un tiers de nouvelles élues et de nouveaux élus qui s’assiéront sur les bancs de l’hémicycle (on en compte 43 pour 107 vétérans). Parmi elles et eux, de vrais néophytes en politique comme l’épidémiologiste Yves Coppieters, l’ex-vice-présidente de la Mutualité chrétienne Elisabeth Degryse, ou la doyenne de la faculté de psychologie de l’ULiège Isabelle Hansez – tous trois chez les Engagés (LE). À Namur, avec 25 nouveaux députés, le taux de renouvellement atteint tout juste le tiers des travées du Parlement wallon.
Y siégeront notamment l’ancien recteur de l’UCLouvain Vincent Blondel, l’ancien administrateur délégué de l’Union wallonne des entreprises Olivier de Wasseige, l’ancien directeur du parc Pairi-Daiza Jean-Jacques Cloquet, ou encore l’ancienne animatrice de télévision Armelle Gysen; ce sont prioritairement les Engagés qui amènent le renouvellement.
Au Parlement de Bruxelles-Capitale, le changement est encore plus important, avec 34 nouvelles têtes sur 89 sièges. On pourra désormais y retrouver l’ex-administrateur délégué de BECI Olivier Willocx (MR), le fondateur d’Aula Magna Alain Deneef (LE) ou l’ex-présidente de la Fédération Horeca de Bruxelles Lu divine de Magnanville (DéFI). Au Parlement flamand, où le tiers de nouveaux élus est tout juste dépassé (42 sur 124 sièges), on pourra désormais croiser le chanteur gantois Sioen (Vooruit).
Toujours un peu plus d’hommes que de femmes
Là où il n’y a pas de grand changement, en revanche, c’est au niveau du ratio entre les femmes et les hommes parmi nos élus. Même si le Parlement wallon et le Parlement de Bruxelles-Capitale taquinent de près la parité, avec respectivement 49,3% et 48,3% de femmes, – et peut-être le jeu des suppléances permettra-t-il de l’atteindre bientôt – on n’a toujours pas vécu un soir d’élections où plus de femmes que d’hommes étaient élues. Septante-cinq ans après la première élection législative pour laquelle toutes les femmes ont été électrices (le 26 juin 1949), cette rupture-là se fait décidément attendre…