« Il n’y a certes pas de racisme juridique au Congo. Mais tout d’abord, une série de faits graves, quasi institutionnels empoisonnent à la base, les rapports interraciaux. (…) Quel autre visage l’Europe a-t-elle pris pour eux, sinon celui de l’avidité sans mesure, de la richesse sans justification spirituelle et de la puissance qui dispense de rendre des comptes ?» Simon Leys, « Léopoldville blanche et noire », Revue Générale, 1958.
Le 30 juin 2020 marquera les 60 ans de l’indépendance du Congo après 52 ans de colonisation belge.
Cette période post-coloniale charrie un bon nombres d’enjeux, parmi lesquels les questions de mémoire et de stéréotypes ne sont pas minces.
POLITIQUE a consacré plusieurs dossiers (40-60 pages) et de nombreuses analyses aux relations entre le Congo et la Belgique. En voici une sélection.

Belgique : une mémoire coloniale sélective, Antoine TSHITUNGU KONGOLO (Politique, n°65, juin 2010)

Les Belges connaissent-ils vraiment l’histoire coloniale de leur pays ? Ne sont-ils toujours pas aveuglés par les images d’Epinal : la colonisation du Congo vue comme une entreprise civilisatrice à l’égard d’un peuple de sauvages. Il y a l’Histoire vue par le colonisateur… et puis celle vécue par le colonisé.

 

Congo : mémoire partagée ou mémoire des vainqueurs ?, Grégory MAUZÉ (site de Politique, 23 mars 2018)

Détourner le regard ne permettra pas aux blessures de l’Histoire de cicatriser. Rompre avec les anciens rapports de subordination passe par un récit commun intégrant une analyse critique de la colonisation du Congo.

Tervuren : en finir avec Tintin au Congo, Gratia PUNGU (Politique, n°86, sept-oct 2014)

Le Musée royal de l’Afrique centrale est en cours de rénovation (réouverture en 2017). Enjeu : que la vision de l’Afrique présentée n’appartienne plus au seul regard de l’ex-colonisateur. Bref, passer d’une vision coloniale (regard unique) à une vision postcoloniale (regard commun) de l’Afrique.

Une nationalité africaine dans un monde globalisé, entretien avec Achille MBEMBÉ (Politique, n°86, sept-oct 2014)

Officiellement, la décolonisation s’est achevée par l’accession des anciennes colonies à l’indépendance. C’est passer sous silence la réalité du néocolonialisme. Celui-ci opère à deux niveaux : dans la mise en coupe réglée des nouveaux États formellement indépendants et dans une conception paternaliste des peuples africains, en ce compris la fraction – la « diaspora » – qui vit désormais hors d’Afrique.
En suivant Achille Mbembé, on découvre que déconstruire la pensée coloniale est bien une condition nécessaire pour faire advenir un véritable universalisme.

Métis : le retour des vieux démons coloniaux, Lissia JEURISSEN (Politique, n°65, juin 2010)

Parmi les catégories de population plus directement concernées par la diversité, nouveau concept à la mode largement promu ici et là, les métis ne sont sans doute pas les mieux lotis. L’histoire des métis nés des relations belgo-congolaise démontre en tout cas qu’une identité d’« entre-deux » est synonyme de forte exclusion sociale.

« Filmer, de Haïti à Lumumba« , entretien avec Raoul PECK et Jean-François BASTIN (Politique, n°103, mars 2018)

Le cinéaste haïtien Raoul Peck, dont la filmographie atteste qu’il a vu et montré le monde avec les yeux des peuples dominés, a consacré deux longs métrages à Patrice Lumumba : un documentaire et une fiction. Or Raoul Peck a vécu quelques années au Congo et ses parents y ont séjourné longtemps. Il a donc connu la réalité congolaise de très près.
C’est également le cas de Jean-François Bastin, journaliste et documentariste belge, qui a consacré une dizaine de documentaires au Congo (notamment
Indépendance Cha-Cha, Notre ami Mobutu et Maréchal, revoilà !, avec Isabelle Christiaens) et qui y a passé une partie de sa jeunesse.
Nous avons voulu faire se rencontrer ces deux hommes et ces deux parcours convergents, pour croiser leurs regards sur les années terribles de l’après-indépendance congolaise et sur les protagonistes de cette tragédie, dont, principalement, Patrice Lumumba.

La Passion de Lumumba, par Jean-François BASTIN (Politique, n°65, juin 2010)

Par le mythe – de nature christique – qu’il représente encore aujourd’hui au Congo, en Afrique et même au-delà, la figure de Patrice Lumumba reste incontournable. L’indépendance de 1960 précipita la chute de ce fin tacticien dont le talent ne résista pas aux enjeux de politique intérieure et mondiale.

Études postcoloniales : construire des savoirs alternatifs, Véronique CLETTE-GAKUBA (Politique, n°86, sept-oct 2014)

Une question principale traverse les travaux des auteurs du courant des études postcoloniales (postcolonial studies) : quels sont les effets de la période coloniale, en tant qu’elle porte le projet de la modernité, sur la nature des savoirs qui sont produits en sciences humaines ?

L’espace public belge révélateur du déni colonial, Kalvin NJALL SOIRESSE (site de Politique, juillet 2017)

La Belgique n’a plus de colonies depuis plus d’un demi-siècle. Mais l’esprit de la colonisation est inscrit dans la pierre à tous les coins de rue. Comme si la décolonisation n’avait pas encore atteint nos villes, que des « afro-descendants » ont décidé de décoder en organisant des visites guidées.

« Bingo en Belgique » est l’œuvre de Mongo Sisé (1948-2008), un des grands de la BD congolaise. Né à Kinshasa, intallé à Bruxelles en 1980, il y publie quatre BD didactiques (en français et en néerlandais), dont celle-ci, avec le soutien de la coopération belge au développement (AGCD), mettant en scène un jeune héros africain, Bingo, et à travers lui les problèmes de la société congolaise, là-bas et ici. En 1985, il retourne au Congo (Zaïre) où il continue sa carrière.