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La culture est essentielle en tout temps

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Il y a 50 ans, la Communauté française inaugurait ses premiers foyers culturels. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 118 centres culturels qui sont subventionnés. Une multitude de lieux, chacun avec leurs spécificités, selon leur environnement, leur situation socio-économique et les populations qui les habitent. Mais dans cette diversité, il existe un objectif commun : contribuer à l’exercice effectif des droits culturels[1.Voir l’article de Morgane Degrijse. (NDLR)].

Depuis 2013, le décret qui régit le secteur a précisé le rôle de ces opérateurs qui créent la jonction entre la démocratie culturelle, la démocratisation de la culture et l’éducation permanente. Autant de concepts qui favorisent l’accès et la participation active à la culture, et plus globalement une meilleure compréhension du monde.

Pour répondre à ces missions, les centres culturels réalisent une analyse de leur territoire en y associant les citoyens, et développent leur action culturelle en fonction des enjeux qui se dégagent de ce diagnostic partagé. On comprend dès lors que les opérateurs qui se trouvent en zone rurale, urbaine ou semi-urbaine déploient leur travail culturel de manière spécifique. Parallèlement aux caractéristiques de leur région, les centres culturels s’adaptent nécessairement aux enjeux de société et à l’actualité. Leur action culturelle a donc été fortement altérée par la crise que nous traversons.

Le confinement de la population et la réduction des contacts sociaux ont généré un frein majeur à l’accès à la culture, mais surtout une rupture du lien social indispensable au métier[2.Pour plus d’informations, voir « La culture confinée », entretien avec Patricia Santoro, dans « Covid-19 : tout repenser », Politique, n°112, juillet 2020. (NDLR)]. En effet, celui-ci étant basé sur l’échange, le partage et la transmission, il était primordial de proposer des procédés alternatifs, virtuellement dans un premier temps, mais rapidement sur le terrain ensuite. Tant la fracture numérique que le besoin d’aller à la rencontre des populations – particulièrement les plus éloignées de la culture – ont amené les équipes à se réinventer et à développer de nouvelles opérations. De nombreux projets ont alors vu le jour afin d’assurer un service culturel : appels téléphoniques, échanges épistolaires, parcours artistiques dans l’espace public, livraison de kits culturels à domicile, programmation de spectacles au pied d’immeubles sociaux ou face à des maisons de repos. En outre, plusieurs structures ont participé activement à la mise en place de solutions inhérentes à l’épidémie, notamment en organisant des ateliers de création de masques en tissu ou en transformant leur salle en centre de vaccination.

Ces adaptations, mais également les modifications successives des protocoles d’accueil des publics, ont généré une surcharge de travail et un sentiment partagé de perte de sens. Les équipes ont également été profondément impactées par le télétravail qui a isolé les travailleur·es et bridé les dynamiques d’action collective.

Dès lors, l’obligation de fermer les lieux culturels durant de nombreux mois a donné naissance à des actes de militantisme afin de dénoncer l’inégalité de traitement que le secteur subissait.

Le mouvement StillStanding a été largement rejoint par les opérateurs pour sensibiliser l’opinion publique et les décideurs politiques à l’importance de la réouverture des espaces culturels. Par ailleurs, une action en justice a été introduite afin d’alerter sur l’iniquité des mesures prises à l’encontre du secteur.

Par toutes ces actions, le monde culturel entend mettre fin aux atteintes portées aux principes fondamentaux d’une société démocratique et démontrer que la culture est inhérente à notre identité, indissociable de ce qui nous rend humains, et donc essentielle en tout temps.

(Image de la vignette et dans l’article sous CC-BY 2.0 ; photographie de l’œuvre murale d’Annie Hamel Éclosion, prise en septembre 2016 à Montréal par Retis.)