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La soupe aux candidats

4 AVRIL 2019 : IL Y A DÉSORMAIS 17 CANDIDATS DÉMOCRATES À L’INVESTITURE

Si les débats des primaires du Parti démocrate ont été massivement retransmis sur les grandes chaînes de télévision, elles ont aussi été l’occasion de montrer à quel point l’occupant de la Maison-Blanche risquait d’être réélu.

Il y a eu d’abord, bien sûr, les fortes divisions internes affichées au grand jour, les anciennes qui datent de la convention de 2016, et les plus récentes liées à l’arrivée de nouveaux députés à la Chambre, des divisions qui vont maintenant bien au-delà des deux camps de 2016 (l’élite qui contrôle le parti versus l’aile gauche incarnée entre autres par Bernie Sanders).
Il y a eu ensuite la cruelle mise à nu des uns et des autres face à leurs responsabilités passées, notamment celles de Joe Biden, l’ancien Vice-Président (2009-2017), qui a accompagné et soutenu pendant 8 ans le Président Obama dans la déportation de très nombreux migrants au regard du bilan nettement moins impressionnant de son successeur Donald Trump, une politique qui a valu à l’ancien Président le sobriquet de Deporter in Chief. Enfin, les candidats ont également eu beaucoup de mal à partager un point de vue cohérent et unique sur la réforme du système fédéral de sécurité sociale.

Pour bien comprendre la difficulté du dossier, il faut se demander ce que feraient les Belges si l’Union européenne proposait l’instauration d’une seule et unique sécurité sociale pour le demi-milliard de citoyens qu’elle fédère en lieu et place des particularismes locaux, notamment la « sécu » belge. Il est probable que personne n’accepte chez nous de prendre le risque de mutualiser nos efforts avec les Grecs, les Portugais, les Espagnols, les Italiens, etc. Car qu’est-ce qui nous garantirait que la qualité et les prix seront maintenus ?

Et c’est bien là la difficulté ! Il existe aux États-Unis de multiples régimes de sécurité sociale à l’échelle des États fédérés en plus des programmes fédéraux. Certains fonctionnent mieux que d’autres, et ce ne sont pas toujours les plus chers. Beaucoup de citoyens américains sont satisfaits de ce système même s’il est beaucoup plus onéreux qu’en Belgique, avec une prime qui peut coûter de 10 à 15 fois plus cher par mois qu’en Europe pour une couverture normale. C’est beaucoup mais cela fonctionne pour une grande majorité de la population. Alors, changer tout pour intégrer les précaires, les chômeurs, les pauvres, les exclus et les victimes des aléas de la vie, oui mais pas à n’importe quel prix ! Certains veulent un système entièrement contrôlé par le gouvernement (Sanders bien sûr ! Mais aussi Elizabeth Warren), d’autres veulent que le privé joue mieux son rôle dans le cadre actuel (amélioration du Patient Protection and Affordable Care Act initié sous Obama), et tous les autres veulent un mélange des deux mais à des degrés divers. Aucun ne veut une privatisation absolue ! Et personne n’est sûr qu’au final les prix vont baisser…

Ce qui précède implique la compréhension d’une technicité électoralement peu payante ! Pas possible de communiquer par Tweet sur un sujet pareil !