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Vivre vif : parcours d’un grand brûlé

Photographie par Aline Leroy
Photographie par Aline Leroy
Dans le cadre de la nouvelle rubrique « Photo » de Politique (numéro 123 – septembre 2023), nous avons rencontré des étudiant·es en journalisme de l’Université libre de Bruxelles (promotion 2022-2023) avec leur professeur de photo, Gaël Turine, et décidé de publier un des clichés de leur photoreportage sur les métiers du care. (Les reportages complets sont accessibles ici.)

En mai 2020, Julien Jacquemin est grièvement brûlé alors qu’il intervient dans un incendie. Après plusieurs mois à l’hôpital, où les médecins doivent l’amputer de l’avant-bras droit, Julien reprend le cours de sa vie. Ou presque. Il joue maintenant aux équilibristes, entre quotidien rythmé par les soins et envie de se réinventer.

Quand j’ai rencontré Julien Jacquemin, ce ne sont pas ses cicatrices qui m’ont d’abord marquée. J’ai vu un homme plutôt grand, la trentaine, l’air confiant. Avec son manteau bleu marine, on remarquait à peine qu’il n’avait plus d’avant-bras droit.

Ancien militaire, Julien était sapeur-pompier dans la province de Liège depuis 2015. La nuit du 15 au 16 mai 2020, lors d’une intervention dans l’incendie d’une maison, le premier étage s’effondre sur lui et son flanc droit se retrouve enseveli sous les décombres. Ses collègues se relaient pendant près de trente minutes pour le sauver. Quelques instants de plus et il aurait suffoqué.

Après quatre mois d’hospitalisation et des dizaines d’opérations, Julien rentre chez lui. Il reprend peu à peu ses marques : il passe à nouveau son permis de conduire, se remet au sport, trouve des outils adaptés à son handicap pour faciliter son quotidien…

Presque trois ans après l’accident, les soins médicaux ont encore une place importante dans sa vie. Il avoue « en avoir marre des hôpitaux ». Un ras-le-bol auquel s’ajoutent les piles de documents administratifs qu’il doit conserver soigneusement pour l’assurance.

Julien reste très proche de ses anciens collègues, qu’il considère presque comme sa famille. Il sait qu’il n’ira plus jamais sur le terrain. « C’est difficile de se dire qu’on va partir à la retraite à trente-six ans. »

Se reconstruire après un tel événement est un processus qui prend du temps. Julien est encore « dans une période de flottement ». Sportif depuis toujours, il s’apprête à se lancer dans un nouveau défi : le vélo. Une façon d’aller de l’avant.

D’autres photographies de ce travail collectif sont présentées sur notre site web.