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Voter ce 9 juin, pour que vivent les nuances de gauche

Yolanda Suen. Unsplash
Yolanda Suen. Unsplash

« Morne », « terne », « insaisissable » : les qualificatifs retenus pour décrire cette campagne électorale attestent qu’elle n’aura guère soulevé d’enthousiasme. Et pourtant, le super-scrutin de ce 9 juin et le contexte sont loin d’être sans enjeux, ni dangers.

Un premier enjeu de ces élections est le retour en force des règles budgétaires européennes. Le retour de cette austérité, décidée d’en haut, se traduira en Belgique par un effort sans précédent durant la prochaine législature. Des décisions résolument politiques s’imposeront. Baisse des dépenses ? Hausses des recettes ? Désobéissance aux traités européens ?

Face à un introuvable front des gauches, que nombre d’électrices et d’électeurs appellent pourtant de leurs vœux, les forces de droite fourbissent leurs armes. Leur réponse ? Habituelle : la brutalisation sociale. C’est ainsi qu’un axe prend forme, associant nationalistes flamands, libéraux et centristes, avec l’appoint éventuel des socialistes du Nord du pays, en vue de ressusciter la coalition Suédoise de sinistre mémoire.


Les forces de droite fourbissent leurs armes. Leur réponse habituelle : la brutalisation sociale.

À ce péril majeur s’ajoute la progression inexorable de l’extrême droite. Outre les scores vertigineux promis au Vlaams belang, la droitisation extrême du Mouvement réformateur (MR) devrait alerter l’ensemble des démocrates. À cet égard, les propos racistes de Pierre‑Yves Jeholet, sans excuses, ni regrets, et soutenus officiellement par son parti (!), sont historiques. Incompréhensibles, ils sont à situer dans la ligne de la profonde dérive illibérale du MR, sous la houlette de Georges-Louis Bouchez.

Les propos racistes de Pierre‑Yves Jeholet, sans excuses et soutenus officiellement par son parti sont historiques.

Le président des bleus ne va-t-il pas jusqu’à douter de la classification à l’extrême droite du Vlaams belang ? Comment comprendre de tels propos, sinon dans le but de préparer les esprits à la fin du cordon sanitaire ? Un cordon qui fait désormais figure d’exception sur le continent, alors que les conservateurs et les libéraux ne craignent plus de s’allier à d’authentiques fascistes.

Ce sombre tableau impose à la Belgique francophone de tenir son rang de bastion pour les forces progressistes, dans un océan de néolibéralisme réactionnaire, et dans le respect de la diversité de ses composantes. Car c’est bien la coexistence des « nuances de gauche » qui les a portées à leur plus haut étiage historique, tant à Bruxelles qu’en Wallonie.

Ce sombre tableau impose à la Belgique francophone de tenir son rang de bastion des forces progressistes.

Comme vous avez pu le lire sur notre site (notamment ici, ici et ) et le voir, l’âpreté des confrontations n’efface pas la nécessité de faire débattre et dialoguer les gauches, ce que le collectif éditorial de la revue Politique s’efforce de faire depuis toujours, y compris durant cette campagne.


Dès le 10 juin 2024, il faudra transformer en avancées concrètes pour les citoyennes et citoyens les résultats de la grande famille progressiste, dont les membres, au-delà de leurs désaccords, partagent cependant l’aspiration au changement social et à la transformation écologique. D’ici là, aucune voix ne doit manquer pour maintenir l’hégémonie des idéaux de justice et de solidarité.