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Les nouveaux habits d’un corps mal aimé (présentation)

Mal aimée et incomprise du grand public, vilipendée parfois pour son immobilisme par les pouvoirs politiques, enviée, surtout en période de crise, pour sa sécurité d’emploi, moquée avec talent par Courteline pour ses nombreux travers… la fonction publique suscite peu l’empathie.

Si les services publics, outils au service de l’État-providence, comptent plus d’un défenseur, ceux qui en assurent au quotidien la continuité sont nettement moins appréciés. On n’échappe plus au débat sur la modernisation des services, à leur privatisation, à la limitation du droit de grève du personnel ou encore à l’imposition d’un service minimum en cas de grève.

Plutôt que de s’interroger sur les multiples services publics, ce numéro de Politique a voulu faire le point sur la situation des fonctionnaires, qu’ils soient nommés définitivement et donc bénéficiant de la sécurité de l’emploi ou contractuels et dès lors soumis, grosso modo, aux mêmes règles que celles qui régissent les relations de travail au sein du secteur privé.

C’est la raison pour laquelle, nous avons rencontré Jean Jacqmain, professeur de droit et spécialiste du droit social de la fonction publique, afin de démêler l’écheveau des stéréotypes et de la réalité des privilèges et avantages dont jouissent les fonctionnaires. La gestion publique est-elle marquée par la permanence et l’immobilisme ? Quelles sont les origines de nos modèles de fonction publique et de nos concepts de bon gouvernement ou de bonne gouvernance ?

Jean-Paul Nassaux ouvre le bal et nous montre .comment le milieu politique s’est converti sans trop de réticences à la nouvelle gouvernance publique, qui pose pourtant de sérieuses questions en matière de démocratie. Alexandre Piraux poursuit pour s’intéresser au New public management, inventé par les Anglo-saxons dans les années 80, dont il débusque les spécificités pour ensuite se projeter dans l’avenir d’un modèle de fonction publique d’une nouvelle génération, à la fois plus directif et plus respectueux des usagers.

Enfin, Kenneth Bertrams jette un égard historique sur le concept de fonction publique tel qu’il a été construit en Belgique depuis le début du XXe siècle et dont il montre l’héritage technocratique refoulé. Les réformes entreprises ont-elles atteint leurs objectifs ?

Pour y répondre, quatre champs de recherche. Le niveau fédéral, d’abord, et la .fameuse réforme Copernic, avec Philippe Meunier. Le niveau bruxellois, ensuite, et la prise en compte de la diversité, avec Gratia Pungu. Le niveau wallon, avec Luc Melotte, où une véritable révolution culturelle est en marche. L’aspect genre, enfin, avec Brigitte Chapellier, où l’on verra que le respect de l’égalité hommes-femmes s’efface plus on s’élève dans la hiérarchie de la fonction publique.

Dans le contexte présent de doute sur notre modèle d’État-providence, le débat tombe à point nommé.

Ce Thème a été coordonné par Philippe Meunier et Gratia Pungu.