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Partis et démocratie

La question se pose avec plus d’acuité en France parce que l’expression de la politique y est plus dramatisée et sans doute, en même temps, plus vivante mais elle pourrait aussi faire l’objet de débat chez nous ou dans beaucoup d’autres démocraties européennes. Quel est le poids des partis politiques dans les décisions qui engagent le sort collectif? Est-il légitime, surdimensionné? Le rôle des partis politiques fausse-t-il par ses dérives réels et ses dérapages imaginaires le fonctionnement de notre système démocratique? La controverse est aussi ancienne que celle qui oppose les partisans de la démocratie directe à ceux de la démocratie représentative. Ou encore celle qui fait se dresser libéraux — au sens philosophique du terme — et libertaires contre les tenants de l’organisation collective. Elle a pris, cette controverse, un tour particulier chez nos voisins, avec deux événements qui vont marquer le cours politique de la France, voir celui de l’Europe. La décision des militants de l’UMP de désigner à leur tête Nicolas Sarkozy modifie un équilibre fondamental des institutions de la Ve République qui voulait que le parti majoritaire soit au service du Président. Celle des militants socialistes sur la constitution européenne entraîne, elle, des conséquences encore incalculables sur les devenirs politiques de la France et de l’Europe. Certes, ces décisions capitales ont été prises par à peine un demi pourcent de l’électorat français. Faut-il s’en offusquer? Ici et là, à des degrés divers, les partis politiques qui sont forcément composés d’une minorité agissante de citoyens détiennent-ils un pouvoir exorbitant? Il faut d’abord noter que contrairement à de nombreux et puissants groupes de pressions économiques, philosophiques ou idéologiques, les partis politiques agissent à visage découvert selon des programmes et des revendications clairement exprimées. Chacun a la liberté d’y adhérer. Tout dépend finalement du recrutement, du fonctionnement et de la finalité des dits partis. Clientélistes, claniques ou bureaucratiques, ils font le lit des adversaires de la démocratie et l’avenir de l’extrême-droite. Ouverts, démocratiques, et fidèles à eux-mêmes, ils restent, dans le meilleur des cas, le fruit et la condition d’une belle intelligence collective.