Politique
La faute aux banques ?
20.01.2011
Si le politique fait appel aux banques et à la bourse pour payer une partie des pensions extra-légales, si les gouvernements demandent aux marchés de soutenir à leur façon la solidarité entre génération, et si dans la foulée, par la défiscalisation, ils encouragent délibérément « Monsieur tout le monde » à faire de même en allant lui-même contracter son bas de laine pour ses vieux jours ; si quelque chose d’aussi fondamental que les pensions a été raccroché à la finance et à tout ce qu’elle représente en termes de risque, d’irrationalité et d’instabilité, ce n’est pas la faute à celui prête, c’est la faute à celui qui accepte d’emprunter dans des conditions très risquées pour financer des politiques pourtant éminemment stratégiques. Et si le politique soutient ses fleurons industriels au point de les aider et de les encourager à opérer un passage en bourse afin de bénéficier de capitaux neufs, ce n’est pas de la faute de celui qui prête, c’est de la faute de celui qui emprunte, et du législateur qui fait en sorte que cela soit possible. Et si au final, par bêtise ou par économie, le politique laisse au privé la maîtrise et la connaissance des produits financiers, au point de s’en remettre aux agences de notation pour les évaluer, ce n’est pas non plus de la faute des marchés. Si tout ce qui précède a été possible, ce n’est pas la faute des investisseurs mais celle de nos élus et de nos gouvernements qui (contrairement à plein d’autres pays) ont délibérément essayé de cacher les conséquences de leurs erreurs par l’emprunt, l’endettement (340 milliards d’euros de dette pour la Belgique) et partant la soumission progressive d’une partie de leurs prérogatives aux humeurs du marché. Et si tout ce qui précède a encore de beaux jours devant lui, ce n’est pas la faute des investisseurs mais celle de nos gouvernements : à l’intérieur de la Belgique les élus et les partis ne sont pas d’accord entre eux sur ce qu’il faut faire et sur comment le faire ; et à l’extérieur, les grandes puissances ne sont pas parvenues à un accord dans la manière de réguler la finance lorsqu’une partie d’entre elles ne souhaite même pas trouver un accord. En définitive, s’il y a bien deux secteurs qui sont beaucoup plus dépendants du politique que tous les autres, c’est précisément le marché et la finance.