En décembre 2010, l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid déclenche un immense mouvement de protestation en Tunisie. Rapidement, il fait tâche d’huile et gagne une grande partrie du monde arabe. Souvent les révoltes sont matées, parfois, elles conduisent à la chute de chefs d’État en place depuis des décennies… L’héritage du « Printemps arabe » est aujourd’hui ambigu : si certaines réformes ont pu être obtenues, le mouvement démocratique a été écrasé en Syrie au cours d’une guerre civile particulièrement meurtrière, en Égypte les militaires ont renversé le président islamiste élu Mohamed Morsi, en Tunisie, foyer de la révolte, la transition est complexe, trop rapide pour les uns et trop lente pour les autres.

Dix ans après, un voyage à travers nos archives s’impose. Pour mieux comprendre ceux et celles qui en ont été les actrices, pour démonter aussi quelques idées reçues sur le rôle des réseaux sociaux, pour enfin se regarder dans le miroir et voir ce que ce mouvement nous dit sur nous-mêmes.

On peut consulter :

– D’abord deux récits : « « Dégage ! » » de l’écrivaine Françoise Lalande et « La justesse des Sidi Bouzid » du romancier Daniel Soil, publié dans le numéro 69 de Politique en mars-avril 2011.

Extrait du second : « Le jeudi 20 janvier, l’ambiance est à la discussion fiévreuse sur l’avenue Bourguiba. Les Tunisiens ont tellement de choses à dire qu’ils ne savent pas par où commencer. On monte sur un banc, on harangue les passants et aussitôt un attroupement se forme, les points de vue s’échangent dans un mélange de respect et de véhémence. »

– Ensuite l’analyse de François Thoreau, « Facebook, Twitter et la jeunesse arabe », publiée dans le numéro 72 de Politique, en novembre-décembre 2011.

« Sans doute parce que notre système médiatique traverse une crise sans précédent, depuis l’irruption d’internet, tous les regards (occidentaux) se sont tournés vers les réseaux sociaux, avec cette question lancinante : les réseaux sociaux sont-ils la cause du Printemps arabe ? […] Une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties qui font le corps de l’histoire et, enfin, la résolution du problème : le régime chute ou se maintient. Dans ce récit, typiquement occidental, les réseaux sociaux – Facebook, Twitter et consorts – sont isolés et identifiés comme étant le principal facteur de changement, le fameux élément perturbateur, ce par quoi la révolution est advenue. Il faut faire un sort à ce récit, qu’il convient d’abord de remettre en perspective.»

– On peut également jeter un œil aux chroniques parues dans le numéro 69 : celle de Jérôme Jamin, « Le chemin de la révolte », celle d’Irène Kaufer, « Les dindes de la farce », et celle d’Hugues Le Paige, « Les révolutions ont besoin d’images ».

– Les plus curieux peuvent pousser jusqu’au dossier que nous avons consacré, dans notre Hors-série 21 en décembre 2012, aux mouvements sociaux et la démocratie et au reste de notre Focus sur « La démocratie des Indignés » présenté dans le numéro 72 (tous les deux disponible en version papier).

(Image de la vignette et dans l’article sous CC-BY-NC-SA 2.0.)