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Athéna, membre de Code rouge : la désobéissance civile « jusque quand on se fera entendre »

« On ne nous écoute pas. C’est pour ça qu’on fait des actions », tranche Athéna, lorsqu’on l’interroge sur la raison de son engagement dans la désobéissance civile.

Athéna milite notamment dans la coalition Code rouge. Après Total en octobre 2022 et Engie en juillet 2023, c’est désormais le secteur de l’aviation qui est visé en ce mois de décembre 2023. « D’un point de vue écologique et social, c’est un scandale que l’État continue à financer des extensions d’aéroport. Ceux qui en profitent le plus sont les plus riches. Ils polluent davantage que le reste de la population et ce sont également ceux qui en supportent le moins les conséquences. C’est inadmissible. »

Code rouge est un mouvement de désobéissance civile lancé en Belgique en 2022. Il est soutenu par un grand nombre d’organisations et groupes d’actions, comme Greenpeace, Agir pour la paix, Attac, Extinction Rébellion ou encore la Fédération des services sociaux. « C’est une action de convergence. Il y a un fort engagement écologique, mais également social. Et ce n’est pas nouveau du tout. Déjà, lorsqu’on s’était opposé à Total, on avait mis l’accent sur le côté social des revendications écologiques. Aujourd’hui, ce dialogue entre toutes ces associations est essentiel pour toucher un maximum de monde, insiste-t-elle. C’est pour cela qu’on veut inclure les syndicats, les travailleurs et travailleuses, les étudiants et les étudiantes, etc. Il faut une vue globale du problème. »

L’objectif est d’être le plus inclusif possible dans les actions : « On a vraiment réfléchi à la façon d’inclure les travailleurs et travailleuses du secteur dans nos revendications. Idéalement l’action devrait être créée dès le début avec elles et eux, mais c’est très compliqué. Le militantisme, ça demande du temps. Un temps que les travailleurs et travailleuses n’ont pas. On a un groupe qui cherche, avec les syndicats, comment faire pour les intégrer. »

« Une des revendications phares de Code rouge, c’est de travailler moins, dans de bonnes conditions et sans détruire la planète. Dans la façon dont on veut changer le système, on veut aussi transformer la manière d’aborder le travail, avec une meilleure redistribution des revenus. Lors de l’action “Engie-les-bains” qui avait lieu en même temps que la deuxième édition de Code rouge, on a eu l’occasion d’exprimer des revendications plus sociales, relatives à des conditions de travail dignes », rappelle-t-elle. « Comme on sait que ce n’est pas possible pour tout le monde de participer pendant un weekend entier à un blocage, on organise chaque fois en parallèle des marches de soutien, des actions qui comportent moins de risques juridiques et physiques, et qui sont essentielles pour la visibilité et la compréhension de nos luttes. » Rendez-vous est pris : « Toute aide est la bienvenue ! »

Le premier souvenir militant d’Athéna remonte à une manifestation de 2017. À l’époque, il s’agit de protester contre la venue de Trump à un sommet de l’OTAN. « Trump not welcome » réunit près de 10 000 participant·es. L’objectif ? S’opposer à la course à l’armement de l’OTAN, dénoncer les propos et les attitudes sexistes de Donald Trump ainsi que l’atteinte aux droits humains des politiques du président américain. Athéna manifeste pour la première fois en famille. « Mon père est plutôt engagé sur un plan théorique. À la maison, on avait beaucoup cette culture du débat et de la discussion à table. C’est avec mes sœurs et mes frères que nous nous sommes lancé·es dans l’action de terrain. » À l’école, elle participe également avec toute sa classe aux différentes marches pour le climat.

Depuis lors, ses réflexions et son engagement n’ont cessé de se radicaliser : « La lutte, aujourd’hui, n’a pas de sens si elle n’est pas intersectionnelle. On ne peut pas s’opposer au capitalisme uniquement via un prisme : qu’il soit féministe, antiraciste ou écologique. J’ai pris conscience de la nécessité de croiser les enjeux, même si évidemment, il y a des thèmes qui captent en premier lieu mon intérêt. C’est parce que je suis devenue de plus en plus intersectionnelle dans l’analyse, que je suis devenue de plus en plus radicale dans ma manière d’agir. Ça semble être la seule manière de combattre l’inertie du système. »

La source de son engagement recèle aussi sa part d’intime : « Ce sont mes émotions qui guident mon activisme. Il y a quelque chose de raisonné, mais c’est avant tout le sentiment d’injustice qui me donne envie d’avancer et me pousse à militer. Je ne sais pas ce qui fera bouger le plus les choses, mais face aux réalités du changement climatique, c’est inimaginable de rester sans rien faire. » Dès lors qu’on l’interroge sur l’efficacité de cette approche, lucide, elle répond : « Il y a tellement de choses qui doivent sortir, être militante c’est un assez bon moyen de gérer son éco-anxiété et le sentiment d’injustice. Est-ce que mon militantisme est “efficace” ? Je n’en sais rien, mais au moins j’essaye. »

Pour la suite, les choses sont limpides : « Tant que les choses ne bougeront pas, on continuera ! Ça va s’intensifier ! Les mouvements sociaux, les actions directes, la désobéissance civile, ça va s’intensifier parce qu’on est dans une situation d’urgence et qu’on ne nous laisse pas d’autres choix ! »