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« Si vous n’êtes pas en colère, c’est que vous ne faites pas attention »

© World Economic Forum / Manuel Lo
Peur, colère, anxiété. En politique, l’expression d’émotions n’est pas toujours valorisée. À rebours, la chercheuse Louise Knops a décidé de se pencher sur les émotions exprimées par les jeunes activistes climatiques. Quels rôles ont-elles dans leur politisation ? Que nous apprennent-elles sur leur lutte ?

Cet article a paru dans le n°118 de Politique (décembre 2021). Cet article fait partie d’une série, avec celui de Nicolas Van Nuffel et la réaction de Bilal Chair.

« I don’t want you to be hopeful. I want you to panic. I want you to feel the fear I feel every day. » (Greta Thunberg, 2019)

Dans un domaine qui a misé pendant trente ans sur la « rationalité » scientifique pour mobiliser les acteurs politiques, il est aujourd’hui important de s’intéresser aux émotions politiques exprimées face à l’urgence climatique. Dans cet article, je me penche sur les émotions politiques exprimées par les jeunes activistes pour le climat, dans la lignée de l’activiste Greta Thunberg et des mouvements qu’elle a inspirés (Fridays for Future). Si ces mouvements sont aujourd’hui largement félicités pour leur contribution à la politisation de la question climatique, les discours à portée explicitement émotionnelle de Greta Thunberg sont souvent décriés. Dans cet article, je prends une position différente et examine plutôt ce que l’on peut apprendre des émotions politiques exprimées par les mouvements qu’elle a insufflés, en prenant l’exemple du mouvement belge Youth for Climate (observé durant la période 2019-2020[1.Dans le cadre de mes recherches doctorales menées entre 2017 et 2021, à la VUB. Pour une vue d’ensemble du mouvement (d’un point de vue de ses participant·es), voir https://urlz.fr/gMqc.]).

Sortir du déni

Pendant longtemps, le changement climatique ne suscitait que peu d’émoi. Malgré les rapports scientifiques alarmants des 30 dernières années, et malgré toute autre tentative de sensibilisation (souvenez-vous, par exemple, du film de Al Gore An Inconvenient Truth en 2006), nos sociétés occidentales sont longtemps restées dans un état de « déni » collectif et institutionnalisé. Par déni collectif et institutionnalisé, j’entends ici ce que la sociologue Kari Norgaard appelle notre « incapacité systémique à traduire l’information existante [sur le changement climatique] en actions sociales et politiques adéquates[2.K. Norgaard, Living in Denial: Climate Change, Emotions, and Everyday Life, The MIT Press, 2011.] », une définition qui recouvre à la fois des formes de déni explicites, telles que retrouvées dans le climato-scepticisme, mais également des formes plus implicites, incarnées aujourd’hui encore dans les euphémismes de « transition », « d’horizon » de réduction d’émissions, ou encore de « crise » à laquelle il faut apporter des « solutions ». Tout un cadrage que le géographe Erik Swyngedouw qualifie de techno-managérial et qui nous a permis pendant longtemps d’occulter les dimensions plus systémiques et profondes du changement climatique, pour, in fine, nous permettre de « tranquillement continuer nos achats[3.E. Swyngedouw, “Apocalypse Now! Fear and Doomsday Pleasures”, Capitalism Nature Socialism, 2013, 24:1, p. 9-18.] ».

Et pourtant. Il est impensable d’affirmer au­jour­d’hui que nous sommes dans la même situation, tant les émotions qui gravitent autour de la question climatique sont nombreuses. Que ce soit, en effet, des formes de déni qui perdurent encore au plus haut niveau politique (avec l’exemple du Président Donald Trump et son retrait des Accords de Paris), ou des nombreux sentiments de colère, de peur, d’éco-anxiété et de culpabilité qui s’expriment à travers la société. Le changement climatique n’est plus lointain ou distant, mais bien « affectant », dans tous les sens du terme.

Ceci est particulièrement vrai chez les jeunes, comme en atteste une étude récente menée à travers une dizaine de pays[4.M. Astier, « Les jeunes sont terrifiés par la crise climatique… et l’inaction des gouvernants », Reporterre, 14 septembre 2021.] qui fait état de l’ampleur globale de l’éco-anxiété, mais aussi de nombreux ouvrages tels que celui de Yves Citton et Jacopo Rasmi (2020) qui décrypte la manière dont les jeunes générations de « collapsonautes[5.« Collapsonaute » est un adjectif qui décrit, entre autres, les discours sur l’effondrement de nos sociétés. Y. Citton, J. Rasmi, Générations collapsonautes. Naviguer par temps d’effondrements, Paris, Seuil, 2020.] » naviguent entre peur et « Happy Collapse ». Dans ce tournant émotionnel, les mobilisations des jeunes pour le climat ont joué un rôle important en articulant demandes politiques avec des émotions explicites et assumées.

Oublier l’opposition entre raison et émotion

Si vous n’êtes pas en colère, c’est que vous ne faites pas attention ! Écoutez la Science ! A quoi ça sert d’aller à l’école si vous-mêmes vous ne l’écoutez pas ?

Il ne faut pas être expert pour déceler dans ces slogans de la colère, des sentiments de trahison et d’injustice. Mais aussi, l’invocation des sciences – souvent perçues comme l’antithèse de la sphère émotionnelle et affective. En filigrane, on comprend sans trop d’effort que c’est bien parce que les « sciences » sont limpides que les jeunes sont en colère. C’est bien parce que « les faits sont là », qu’ils et elles ressentent un profond sentiment de trahison vis-à-vis des élites politiques et de leurs aînés ; « vous, qui saviez, mais qui n’avez rien fait ».

Alors que notre imaginaire moderne et occidental nous pousse encore trop souvent à opposer « rationalité » (des « sciences » par exemple) et « émotions », avec un penchant affirmé pour la première, et un dénigrement chronique pour les secondes, les jeunes articulent de manière spontanée une relation beaucoup plus imbriquée entre les deux. Il n’y a pas une « rationalité » d’une part, et « des émotions » d’autre part. Et les secondes ne sont pas les ennemies de la première. Il y a des manières d’interagir et de comprendre le monde, dans lesquelles interviennent nos activités cognitives et affectives. C’est d’ailleurs ce que nous apprennent les recherches récentes en neurosciences qui identifient les mêmes zones cérébrales comme responsables à la fois de ce qu’on associe communément avec des jugements réfléchis et « rationnels », et des réactions émotives, parfois plus spontanées[6.G. Marcus, The Sentimental Citizen: Emotion in Democratic Politics, The Pennsylvania State University Press, 2002.]. Christophe Traïni, spécialiste des registres émotionnels et des processus politiques, résume très bien l’état de la question : « Contre le dualisme cartésien du corps et de l’esprit, de la passion et de la raison, l’étude des mécanismes du cerveau a révélé l’inextricable imbrication qui lie les états affectifs et les opérations mentales qui permettent aux êtres humains d’appréhender le monde qui les entoure.[7.C. Traïni, « Registres émotionnels et processus politiques », Raisons politiques, Presses de Sciences Po 2017/1, n° 65, pages 15 à 29.] »

Reconnaître l’imbrication de nos dimensions affectives dans nos modes d’action et d’interaction, sans en dénigrer ni en surestimer l’importance, est une étape importante. Elle nous permet en effet d’entrevoir d’autres manières de penser et d’appréhender la question climatique elle-même. En particulier, l’expression explicite des émotions qu’elle suscite chez les jeunes nous amène sur un terrain plus sensible qui ouvre des manières de penser le changement climatique comme un « phénomène qui refaçonne nos perceptions de nous-mêmes, de notre place dans le monde, de nos sociétés et de l’humanité sur Terre [8.M. Hulme, Why we disagree about climate change, Cambridge University Press, 2009.]».

L’indignation qui mobilise mais laisse en suspens

Au-delà de l’euphorie joyeuse des manifestations hebdomadaires (surtout entre janvier 2019 et mai 2019), il y a, comme émotion dominante chez les jeunes pour le climat, l’indignation. Dans la lignée des mouvements « des Indignés » de 2011, l’indignation est souvent perçue aujourd’hui comme l’émotion de « révolution » par excellence[9.Voir par exemple la définition de Michael Hardt et Antonio Negri (Commonwealth, 2009) de l’indignation comme « matière première de révolte et de révolution », et son application dans les travaux sur les mouvements sociaux de 2011 (par exemple, P. Gerbaudo, The Mask and The Flag, 2017).] ; celle dont s’emparent des groupes et individus qui dénoncent une injustice et se mettent en mouvement, collectivement.

L’injustice première qui est dénoncée par les jeunes porte surtout sur l’inaction politique – c’est-à-dire l’absence d’action suffisante, ou l’impression plus diffuse d’un « trop peu, trop tard » qui contraste avec l’urgence véhiculée par les rapports scientifiques. Cette inaction est vécue comme une injustice, précisément parce qu’ils et elles seront affecté·es disproportionnellement par les décisions (et indécisions) politiques actuelles ; (in)décisions auxquelles de nombreux activistes n’ont d’ailleurs pas pu contribuer (encore trop jeunes pour voter).

Par ailleurs, alors que l’indignation est souvent réduite à une simple extension morale de la colère, l’indignation politique des jeunes pour le climat révèle également autre chose : un profond sentiment d’abandon et de trahison ; l’impression de « ne plus s’entendre dans un discours qui sonne faux[10.A. Ogienet S. Laugier, Pourquoi désobéir en démocratie, Paris, La Découverte, 2010.] » qui fonctionne alors comme levier de contestation. En effet, l’indignation, comme l’explique Frédéric Lordon, est une émotion politique puissante[11.« Les puissances de l’indignation », entretien avec F. Lordon, Esprit, n°3-4, mars-avril 2016.], dans le sens où elle permet de surpasser des situations individuelles – de devenir un affect commun – par la dénonciation publique de « l’intolérable ». Ainsi, avec l’indignation des jeunes pour le climat, un nouveau seuil d’intolérable apparaît plus nettement : l’absence ou l’insuffisance de l’action politique en matière climatique n’est plus tolérée par une partie grandissante de la société.

Néanmoins, malgré son potentiel politique de dénonciation, l’indignation peut parfois mener au désenchantement plutôt qu’à la concrétisation d’un nouveau seuil de « tolérable ». En effet, pour que l’indignation débouche sur quelque chose, il faut que les mouvements qu’elle a générés puissent « sortir de l’apesanteur de l’insurrection, et revenir sur terre à leur manière […], sinon c’est l’ordre établi qui se chargera de les y faire revenir, et à la sienne[12.« Les puissances de l’indignation », entretien avec F. Lordon, op. cit.] ». Et pour « revenir sur terre » justement, comme nous y exhorte le philosophe Bruno Latour[13.B. Latour, Où atterrir : comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017.], il ne suffira pas de trouver les bonnes « solutions technologiques », il faudra également générer de nouvelles sensibilités affectives, des nouveaux objets de désir et d’aspirations, en dehors des injonctions à l’optimisme permanent du capitalisme[14.Pour aller plus loin sur la question « des affects du capitalisme », voir le livre de S. Ahmed, The Promise of Happiness (2004) et la présentation de B. Latour : “On some of the affects of capitalism”, at the Royal Academy, Cophenhagen, 26th February 2014.]. Il faudra, à la fois puiser dans des passions plus tristes liées, telles que la culpabilité, le deuil[15.Pour aller plus loin, voir l’ouvrage de L. Head, Hope and Grief in the Anthropocene, Routledge, 2016.], et la peur, et re-imaginer les objets de notre espoir.

La peur et les conflits de temporalités

Autre émotion dominante du discours des jeunes pour le climat : la peur. Mais une peur qui revêt de multiples facettes.

Il y a, d’une part, une peur face à l’extinction. Il s’agit à la fois d’une peur de l’extinction des espèces dont nous dépendons, mais aussi, et surtout, une peur de l’extinction de l’espère humaine elle-même, comme en attestent leurs nombreux slogans, dont les désormais célèbres « Je suis sûre que les dinosaures pensaient avoir le temps aussi ! Il était une fois, l’Humanité ! ».

Cette peur-là, qui sature les discours bien au-delà des jeunes pour le climat, n’est pas sans conséquence. Elle a tendance à renforcer, plutôt qu’à contester, le cadrage dominant selon lequel l’humanité serait face à « une crise » à laquelle nous pouvons apporter des « solutions ». Or, de quel monde s’agit-il ? Et de quels humains ? La peur de l’extinction lisse à la fois les responsabilités historiques et différenciées dans la crise climatique mais aussi ses conséquences, qui sont elles aussi inégalement réparties. La peur de la fin du monde ignore que, dans de nombreuses régions, la fin du monde a déjà eu lieu.

Néanmoins, il y a une autre peur qui jalonne les discours et slogans des jeunes pour le climat ; une peur plus précise et plus intime. Celle qui porte sur les conditions futures d’habitabilité. Ici, la peur globalisante de l’extinction fait place à des confessions plus personnelles sur des désirs refoulés d’avoir des enfants – de peur d’un monde devenu trop hostile pour y habiter. Plutôt qu’un effet totalisant, cette peur-là nous illumine sur une dimension politique structurante des enjeux climatiques : les conflits de temporalités. En effet, comme l’explique l’historien Dipesh Chakrabarty[16. D. Chakrabarty, “Anthropocene Time”, History and Theory, 09/03/2018.], la période de l’Anthropocène que nous habitons fait intervenir un trafic permanent de temporalités – entre les millions d’années d’évolution géologique de la Terre, les tous derniers siècles qui composent l’histoire du capitalisme, et nos propres vies humaines jalonnées de projections et rêves individuels. Et c’est bien ce trafic de temporalités qu’exprime la peur des jeunes pour le climat, qui à la fois, invoquent les destins conjoints de la Terre et de l’espèce humaine (« Il n’y a pas de planète B ! There is no planet B ! »), tout en demandant de « changer le système, pas le climat ! », au nom d’hypothétiques enfants et petits-enfants.

Ainsi, la peur peut ici se lire comme une sorte d’étoffe politique[17.Si on suit l’argument de Frédéric Lordon sur les affects comme « étoffe » de la politique (voir F. Lordon, Les affects de la politique, Paris, Le Seuil, 2016).], mais d’une autre texture que celle qui est souvent décriée pour ses effets totalisants. Cette peur relie les exhortations à l’action urgente (“What do we want ? climate justice ! When do we want it ? Now !”), à l’histoire géologique de l’humanité sur Terre, et la temporalité court-termiste des démocraties électorales qui exclut les générations futures (« Je veux avoir des enfants mais pas sur Mars ! »). C’est donc (en partie) à travers la peur que nous réalisons nos destins « terrestres », « terrifiés par nos attachements à une terre que la plupart de nos comportements rendent inhabitable[18. Y. Citton et J. Rasmi, Générations collapsonautes : naviguer par temps d’effondrement, op. cit.] ».

Redéfinir l’espoir

Mais, bien sûr, il reste de l’espoir. Les jeunes activistes le répètent souvent ; ils et elles s’inscrivent dans la dynamique du « il n’est pas trop tard », tout en prenant la mesure de l’urgence de la situation. Ils et elles contribuent à maintenir une pression citoyenne constante sur les dirigeant·es, sans cynisme ni résignation. Ils et elles partagent surtout l’espoir que, à force de mobilisations massives et répétées, des politiques climatiques plus ambitieuses seront adoptées.

Alors que l’espoir est souvent considéré comme indiscutablement « positif », dans le sens où il augmente la capacité d’agir des individus et des sociétés, ses effets politiques sont plus ambivalents. C’est ce que suggèrent en tous cas les travaux de Sylvia Terpe[19.S. Terpe, “Negative Hopes: Social Dynamics of Isolating and Passive Forms of Hope”, Sociological Research Online 21 (1), 2016, p. 188–196.] qui met en avant la possibilité d’un espoir démobilisateur et « passif », qui finit par réduire, plutôt que d’augmenter, les marges de manœuvre et les possibilités d’action. C’est en effet en gardant l’espoir dans certaines institutions ou activités que nous alimentons aussi le déni systémique et institutionnalisé sur l’urgence climatique. C’est, entre autres, l’espoir que nous pourrons maintenir des niveaux de vie et de consommation constants qui sous-tend l’engouement technologique pour « le capitalisme vert ». Dans cette perspective, et dans une analyse intransigeante sur l’effet de l’espoir sur les faibles progrès écologiques du gouvernement britannique, l’activiste et auteur Georges Monbiot dit ceci : « Les promesses des gouvernements ne sont pas faites pour être tenues. Elles sont faites pour nous rassurer, nous distraire, nous persuader de rentrer chez nous, parce que la situation est ‘sous contrôle’. L’espoir est l’extincteur de la colère populaire, alors que la colère est le seul moyen efficace dont nous disposons pour protéger le vivant[20.G. Monbiot, “The Tyranny of Hope”, 7 October 2020.] ». Que l’on s’accorde ou non avec les propos de Monbiot, l’espoir semble être à la fois mobilisateur – lorsqu’il contribue à dessiner les contours d’une vie meilleure – et complaisant – lorsqu’il nous enferme dans des trajectoires existantes de développement.

L’espoir exprimé par les jeunes peut se lire à la lumière de cette ambivalence ; tout à la fois moteur d’action mais aussi, peut-être, réducteur de certaines possibilités de transformation. Une ambivalence dont s’est justement emparée Greta Thunberg récemment : « Nous ne pouvons plus laisser ceux aux pouvoir décider de ce qu’est l’espoir. L’espoir n’est pas passif. L’espoir n’est pas blah blah blah. L’espoir c’est dire la vérité. L’espoir c’est agir.[21.Statut Facebook de Greta Thunberg, 28 septembre 2019.] »

Comprendre les émotions

Entre colère, espoir et peur, l’une des clés de notre époque effondriste sera de trouver les moyens de comprendre ces émotions, de les entendre et de puiser dans leurs ressorts, pour mettre en mouvement, contester et « atterrir » sur d’autres idées. Longtemps oublié des discussions sur le changement climatique, le développement d’une intelligence affective sur les enjeux climatiques, au-delà des connaissances purement climatologiques, semble donc crucial et urgent. Non seulement pour évaluer les possibilités d’acceptation de politiques climatiques plus radicales et transformatrices, mais aussi pour écouter les différentes susceptibilités qui s’expriment à travers la société. De ce point de vue-là, que le changement climatique suscite aujourd’hui peur, espoir et indignation – chez les jeunes du mouvement Youth for Climate, mais également bien au-delà – ne peut se lire que comme une bonne nouvelle ; comme la sortie progressive d’une période de déni et, peut-être, les premières étapes d’un deuil collectif à mener.

(Image de la vignette et dans l’article sous CC-BY-NC-SA 2.0 ; Greta Thunberg à Davos en janvier 2019, photographie réalisée par Manuel Lopez pour le World Economic Forum.)