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En débat. Comment atteindre la paix en Ukraine ? (2/4)

(Anastasiia Krutota. Unsplash)
(Anastasiia Krutota. Unsplash)

Entre les militant·es des deux manifestations de février 2023, les « samedistes » et les « dimanchistes », les échanges peu amènes vont bon train, en particulier sur les réseaux sociaux. Pour sortir de cette logique stérile, Politique a proposé à Gregory Mauzé, co-président de la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD) et Laurent Vogel du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (Resu), de prendre le temps du débat, sous la forme d’un échange de courriels. Pour, peut-être, trouver un terrain d’entente ?

Une désescalade… à certaines conditions. La réponse de Laurent Vogel à Gregory Mauzé

Cher Grégory, notre responsabilité première, c’est le soutien à la société ukrainienne, dont l’existence est remise en cause explicitement. Ce soutien va de l’aide aux victimes, à la solidarité politique avec la société civile progressiste. La solidarité ne doit pas se contenter d’un rôle d’« influenceur » auprès de décideurs nationaux. Même sur ce terrain, il faut rendre les sanctions plus efficaces et exiger que l’aide apportée ne soit pas utilisée comme un moyen de pression. Qu’il s’agisse de remettre en cause en Belgique le rôle de Fluxys dans le commerce international du gaz naturel liquéfié russe ou exiger une restructuration de la dette extérieure ukrainienne, condition pour que l’Ukraine de demain se reconstruise sans mise sous tutelle néolibérale.

Ton « narratif », Grégory, sur les causes de cette guerre, illustre l’incapacité d’une partie de la gauche belge et internationale à penser l’impérialisme russe. L’agression du 24 février 2022 n’est pas une réponse à l’extension de l’OTAN vers les anciens membres du Pacte de Varsovie, qui s’est achevée en 2004. L’adhésion de l’Ukraine était bloquée depuis 2008. En fait, cette guerre s’inscrit dans la continuité des deux guerres contre la Tchétchénie, de la sécession de territoires géorgiens en 2008, de l’annexion de la Crimée et de la sécession de territoires du Donbass en 2014. Les généraux qui commandent cette guerre sont souvent les mêmes que ceux qui ont « pacifié » la Tchétchénie et centré leurs attaques contre la population civile en Syrie.

Nous n’opposons pas du tout un « camp du bien » à un « camp du mal ». Nous intervenons aux côtés d’un peuple, devenu l’acteur de sa propre histoire. Avec un double objectif : soutenir la résistance ukrainienne en vue d’une paix juste et durable; soutenir la société civile progressiste pour un avenir plus social, plus démocratique et plus égalitaire. Rencontrer sur le terrain, les mouvements syndicaux, féministes, écologistes, anti-racistes ou LGBT, aide à prendre la mesure de ce qu’est l’impérialisme russe et de la menace qu’il représente pour la paix.