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Du blanc jusqu’à la nausée

Difficile vraiment d’y échapper… Car le projet de Politique n’est pas né de la marche blanche. ce projet n’était qu’un symptôme, parmi d’autres, du « frémissement citoyen » dont la marche fut le point d’orgue et que le « Manifeste » de la revue (rédigé avant l’été) évoque déjà. Mais depuis ce 20 octobre .1996., c’est l’overdose. Bien sûr, la marche blanche est un événement exceptionnel. Bien sûr, elle nous secoue et nous dépasse, nous tous qui avons l’ambition d’être des acteurs de notre vie dans la cité. Mais elle nous pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. C’est maintenant qu’il s’agira de faire le tri et d’inscrire quelques-uns de ses enseignements dans la durée. D’ailleurs, avec zèle, toute une armée de commentateurs s’y emploie déjà énergiquement… « Signe clair », la marche ? Voire… Manifestement, tous n’ont pas perçu le même. On récupère de partout : les restaurateurs de ma morale bafouée, les contempteurs du bon peuple contre les mauvaises élites, les politiciens et les cultureux installés qui espèrent, en se branchant dessus, se refaire une virginité à bon compte, les intellectuels retrouvant subitement leur langue. Plus une parole ne peut-être prononcée qui ne se représente pas comme inspirée par la marche blanche, qui n’ambitionne pas de parler à sa place. Car la marche blanche et tout ce qui tourne autour n’a pas surgi d’un cerveau unique. Les parents, qu’on tente de toutes parts d’instituer en une sorte de comité central omniscient au point de les interroger sur tout et n’importe quoi, gardent pourtant la tête la plus froide que leurs nouveaux courtisans. La reconquête de la citoyenneté est un processus de longue haleine. A partir d’aujourd’hui, tout reste à faire et à imaginer.