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Le « communisme » ne meurt jamais

Une action devant un magasin Delhaize en juin 2014 (Setca Namur).
Une action devant un magasin Delhaize en juin 2014 (Setca Namur).

On la disait finie, épuisée, corrompue, un déchet aux oubliettes de l’histoire. Une histoire terminée elle aussi, avec un point final libéral apposé par des riches qui auraient définitivement gagné. Et pourtant, une étoile rougeoie toujours à l’horizon du monde capitaliste. Une nouvelle génération, née après le bloc de l’Est, rêve à nouveau de lendemains qui chantent. Une société juste, idéale, égalitaire. Une société qui fait primer le partage et la solidarité. Une société qui porta bien des noms dans l’histoire, et que de nombreux militants et militantes appelèrent, et appellent encore, du nom de « communisme »

 
Cet édito a paru dans le n°122 de Politique (mai 2023).
 

Pauvreté, famines, inégalités, destruction environnementale, individualisme forcené, injustices mondiales : ces constats réclament à l’évidence une tout autre société. Les exemples problématiques ne manquent pas. Ils tissent le fil de l’actualité.

Février-mars 2023, les investisseurs et investisseuses s’inquiètent de l’éventualité d’un krach boursier. La faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), spécialisée dans le financement des start-ups, amène la « panique financière » et la chute collatérale européenne du Crédit Suisse. La banque est finalement sauvée in extremis par UBS et la Confédération helvétique, sans que les actionnaires ne soient pleinement rassuré·es par ce rachat piloté par l’État. En toile de fond, l’événement sous haute tension pointe l’échec de la régulation bancaire et l’influence de la finance sur les politiques internationales.

En attendant, ces jeux d’argent continuent à produire leurs effets. Parmi les derniers exemples en date : le mouvement de franchise des supermarchés en Belgique, dont l’historique enseigne Delhaize, avec pour finalité le profit en dividendes des propriétaires – les actionnaires – au détriment des travailleurs et travailleuses. La conséquence redoutée – inévitable ? – sera la détérioration des conditions de vie des salarié·es : flexibilisation des horaires, abaissement des revenus, précarisation. Là aussi, ce sont les syndicats au premier rang qui luttent vaillamment contre la décision de la holding cotée en bourse, Ahold Delhaize, de franchiser ses 128 magasins « intégrés » afin de générer du profit.

Chez nos voisins français, c’est un ancien banquier d’affaires reconverti en homme politique qui prétend décider à la place du peuple l’âge du départ à la retraite, remettant ainsi, sans le vouloir, au premier plan le mouvement syndical organisé et l’importance de la démocratie économique.

Et puis la guerre en Europe, qui dure, et dont les enjeux et les rebondissements peuvent difficilement être dissociés de l’économie mondialisée. On peut multiplier les exemples… Reste à trouver les solutions appropriées. Et, si l’on en croit la plupart des contributeur·ices du dossier de ce numéro, il faudra repartir, non de la table rase évoquée dans « l’Internationale », mais d’une table déjà-là, bien remplie, à laquelle tout le monde n’est certainement pas aussi bien installé.

Pour ce premier édito, je veux saluer le travail essentiel réalisé par ma prédécesseure Vaïa Demertzis, à qui je souhaite bon vent au nom de toute l’équipe ! Je tiens également à partager la joie et l’honneur d’être le nouveau rédacteur en chef de Politique, dont j’ai rejoint le présent numéro alors déjà bien avancé.

À l’occasion de ce numéro de mai, mois de floraison et de renaissance, nous espérons que vous serez autant interpellé·es par les articles de la revue imprimée que par ceux, nombreux, librement disponibles sur notre site internet. Nous souhaitons qu’ils soient partagés, qu’on en parle, qu’on en débatte, que l’on fasse vivre ainsi l’intelligence collective et la réflexion politique dont nous avons tant besoin face aux défis à affronter !

(Image de la vignette et dans l’article sous copyright du Secta Namur ; une action devant un Delhaize en juin 2014.)