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700 millions, un RER et des tunnels

Le paradis fiscal belge a permis à 35 multinationales de garder dans leur escarcelle 700 millions d’euros qui auraient dû aller aux caisses de l’État. « La concurrence jamais ne fausseras » : au nom de cet article de la loi néolibérale, la Commission européenne veut que le pognon soit récupéré par les finances publiques. Mais le gouvernement refuse, au nom d’un autre article du même texte sacré : « Les investisseurs jamais ne fâcheras ». Supposons que cette affaire se conclue à l’avantage de la collectivité, faisons abstraction du fédéralisme que le monde entier nous envie et posons-nous la question : quoi faire du magot ? Justement, deux dossiers sont en souffrance par manque de moyens : les tunnels bruxellois et le RER. Deux dossiers nécessitant, dit-on, une allonge de quelque 700 millions. Beau débat en perspective… Le capitalisme repousse devant lui, sans les résoudre, les contradictions qui découlent de l’antagonisme entre son besoin de croissance et les limites de la planète. Les tunnels bruxellois sont un exemple. Après guerre, le système se relança en produisant des automobiles. Quand il y en eut trop, on construisit des autoroutes et des tunnels. C’étaient les Trente glorieuses, alléluia. Mais elles prirent fin, cédant la place au néolibéralisme : restrictions dans les infrastructures, démantèlement du secteur public et cadeaux aux riches. Voilà comment nous sommes arrivés à cette situation absurde : des besoins de mobilité insatisfaits, des routes dégradées, des transports en commun asphyxiés, 700 millions évaporés et des voitures de société qui coûtent la peau des fesses. On n’en sortira pas par une nouvelle fuite en avant libérale-productiviste, et limoger une ministre ne résoudrait rien. Il faut tout mettre à plat et prendre une option sociale-écologique radicale. En faveur du train, du tram, du vélo, de la marche à pied et de la localisation des activités. En faveur du RER, pas des tunnels.