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Démocratie syndicale

DEMOCRATIE SYNDICALE : Plus elle est invoquée, moins elle paraît présente. Serait-elle un fantasme partagé par les permanents et les militants syndicaux? Les premiers l’invoqueraient sans cesse pour faire avaler les couleuvres aux seconds et ceux-ci pour menacer à leur tour les premiers des pires représailles de la « base »? A la différence des couleuvres bien réelles avalées par les uns, les représailles des autres resteraient cependant fictives. Alors que les uns croient que la démocratie réside dans le contrôle des mandataires par les mandants, tout responsable syndical doit savoir qu’elle réside dans le contrôle des militants par les permanents. S’il n’en était pas ainsi, les patrons pourraient-ils trouver des arrangements avec des permanents incapables de mettre au pas leurs militants? L’émission Faits divers programmée fin novembre par la RTBF et réalisée par Robert Nys relate l’histoire de Guy Lemaire, délégué CGSP du siège liégeois de Belgacom. Elle illustre parfaitement la démocratie syndicale réellement existante. Au départ rien d’original. Un plan de restructuration pour affronter les marchés devenus impitoyables dans les télécommunications libéralisées. Augmentation de la charge de travail. Dépressions et stress croissants parmi le personnel. Suicide d’un employé dans son bureau au siège liégeois. Dans ce contexte pour le moins tendu, poussé par ses collègues, Guy Lemaire se présente pour la première fois comme délégué. Elu avec un maximum de voix, le voilà propulsé à la tête de la délégation au moment précisément où la direction du secteur Télécom Aviation de la CGSP vient de négocier un accord avec la direction de Belgacom. Une assemblée particulièrement nombreuse d’affiliés CGSP liégeois de Belgacom, pour protester contre des conditions de travail jugées insupportables, décide un jour de grève. Guy Lemaire ne désavoue pas l’assemblée et « couvre » la grève. Si André Beauvois, secrétaire général de la CGSP de Liège de l’époque, présent à cette assemblée ne trouve rien de scandaleux dans l’attitude de Guy Lemaire, il n’a aucune capacité à intervenir dans les affaires intérieures d’un secteur. Guy Lemaire subit cependant la pire sanction que pouvait lui infliger le syndicat. Il n’est pas seulement blâmé, ou privé temporairement ou définitivement de son mandat de délégué. Il est exclu de la FGTB pour avoir « couvert sa base ». Il a donc porté gravement atteinte à la démocratie syndicale. Ce qui devait arriver arriva bien sûr. Après avoir été cassé par son syndicat, Guy Lemaire le sera aussi par Belgacom. Epuisé, harcelé, il perdra non seulement son emploi mais il sentira basculer toute sa vie. A présent, sans doute obtiendra-t-il des dommages de Belgacom. Mais qu’en est-il du syndicat? Est-il acceptable que les dirigeants du secteur Télécom Aviation de la CGSP aient refusé de s’exprimer dans le cadre de cette émission en rayon de la démocratie syndicale. Ce fait n’est pas isolé. Mais celui-ci est connu du grand public. Qu’en est-il advenu des dirigeants qui ont exclu Guy Lemaire? Quelle information Syndicats, organe de la FGTB a-t-il donné à ce propos? Comment peut-on accepter que la direction du syndicat se trouve aux abonnés absents de Belgacom?