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«Un dossier sur les femmes et le pouvoir, sans même évoquer la star de ce gouvernement… est-ce bien sérieux…? On a beau feuilleter, pas un mot, pas une photo, rien! Pas un cheveu, pas un relent de parfum, pas une dent du sourire de Freya Van den Bossche! — Ah bon, c’est une femme de pouvoir? J’ai bien vu qu’elle faisait la couverture de tous les tabloïds, la Libre Match, Victor, pour ne parler que des francophones… Je pensais que c’était la dernière lauréate de la Starac’, À la recherche de la nouvelle star ou Idool 2003, la version VTM… — Non, non, elle est ministre fédérale, mais elle doit avoir un agenda plus chargé que ceux de Laurette Onkelinx et Louis Michel réunis, ce qui n’est pas peu dire! Magazines, télé… et parfois même, interventions politiques. Elle est partout! — Regardez Victor, par exemple Victor, supplément du Soir du 4 octobre 2003… Titre du dossier: «Pourquoi elle cartonne». Intitulé de son portrait: «Workaholic aux belles jambes», «Dégaine de top-model, mi-romantique, mi-érotique…» — … Ce qui ne laisse pas grand-chose pour la politique, évidemment… — «C’est la femme politique que l’électeur mâle a envie de draguer, et que l’électrice femelle rêve d’avoir comme copine», commente une journaliste dont, par charité, on taira le nom… — Mais le journal a aussi interrogé ses sœurs en charme… pardon, en politique, Marie Arena, Laurette Onkelinx, Joëlle Milquet,… — Merci Joëlle, la seule qui prend quelques distances: «Attention au piège de l’image», dit-elle. — Oui, mais Milquet est dans l’opposition, c’est pour ça. — Le comble est atteint par les interviews de deux responsables d’agences de publicité… — Quelle idée de les interroger, aussi! — Bon, ils reconnaissent l’intelligence de la dame — on se demande ce qu’ils en savent — mais la suite vaut son pesant de fumier… Là, balançons les noms à la postérité, pour celles qui supportent encore la pub. Guillaume Van der Stighelen: «Comme on dit, pour faire une bonne soupe de poule, il faut d’abord une bonne poule». Son confrère Jean-Jacques Luyckx: «À qualité égale, on préfère toujours un produit qui est bien emballé». Tout ça rivalise d’élégance, de finesse d’analyse et de respect des femmes. — Petite lueur dans la boue, le chanteur Arno, ami de Freya et qui refuse d’en parler: «Je ne veux pas entrer dans ce bazar», dit-il. Gloire à lui donc. — Mais ce refus lui-même nous donne une bonne indication sur une certaine idée du journalisme. Arno n’a rien à dire? On en fait un article. Bientôt on trouvera en première page ce titre renversant: «Bien que rien ne se soit passé, le Premier ministre s’est refusé à tout commentaire lors de la suppression de la conférence de presse». — Euh, excusez-moi, mais j’ai beau me creuser la cervelle… Freya Van den Bossche, je vois très bien sa tête, j’entends sa voix…mais elle est ministre de quoi, au juste? — De l’environnement, du développement durable et de la protection du consommateur. — Le journaliste flamand Luc Van der Kelen, tout en lui prédisant une grande carrière, remarque: «Elle se rendra compte que son portefeuille est une boîte vide. Une bonne partie de ses compétences ont été régionalisées». — Freya elle-même dit: «Si dans quatre ans, on parle encore de mon look, c’est que je n’aurai pas su prouver que j’ai quelque chose dans la tête!» — Faut dire que dans les reportages, on ne la voit pas souvent à son bureau… Pas assez sexy, sans doute…»