Retour aux articles →

L’alternative italienne

Après une longue période d’anesthésie berlusconienne, l’Italie est en train de redevenir une sorte de laboratoire politique. Des élections législatives auront lieu le 9 avril prochain. Déjà le débat est intense, les manœuvres en cours et les ébauches de recomposition politique à l’œuvre. Pour Berlusconi, l’horizon est bouché. Les sondages le donnent perdant. Son ancien bras droit en affaires vient d’être une nouvelle fois condamné en appel pour corruption de juges. La direction de la droite lui est contestée par ses alliés. Pour tenter d’éviter la défaite la majorité actuelle a changé, en cours de route, la loi électorale pensant que le retour du vieux système proportionnel lui serait favorable. Et surtout cette droite aux abois qui enregistre des résultats économiques catastrophiques avec une croissance nulle et une véritable paupérisation de larges secteurs de la population tente de relancer le débat sur le droit à l’avortement. Diversion et provocation dont on ne peut jamais prévoir les conséquences. Le centre gauche semble, lui, en ordre de marche. Il vient de mettre la dernière main à son programme de réformes généralement bien accueilli par les observateurs le plus avertis de la péninsule. Des réformes modérées mais qui visent notamment à rétablir la nécessité et la légitimité d’une juste fiscalité condamnée par Berlusconi qui n’hésite pas à pousser les Italiens à la contourner. Romano Prodi est aujourd’hui le leader incontesté d’une gauche qui fut longtemps divisée et lacérée par les rivalités personnelles. En octobre dernier, cette gauche a réussi à mobiliser plus de 4 millions et demi d’Italiens pour des primaires volontaires qui ont permis de désigner leur leader et qui anticipe peut-être la formation d’un nouveau parti. Participation inédite qui faisait dire aux dirigeants des Démocrates de Gauche réunis ici à Florence il y a quelques jours que le temps de l’anti-politique est révolu. Certes tous les coups de théâtre restent possibles mais une vraie alternative politique semble aujourd’hui se présentée en Italie.