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La poésie sociale de Lisette Lombé. Sur un nouveau recueil de notre poétesse nationale

Lisette Lombé, La Poésie sociale, un sport comme les autres, Midis de la poésie, 2024. Crédit photographique : ©Mustapha Mezmizi.
Lisette Lombé, La Poésie sociale, un sport comme les autres, Midis de la poésie, 2024. Crédit photographique : ©Mustapha Mezmizi.

Lisette Lombé, poétesse engagée et multiforme, explore dans La poésie sociale, un sport comme les autres (Midis de la poésie, 2024) la poésie comme un acte de résistance et d’émancipation. À travers ce recueil autobiographique, elle mêle rimes, activisme et moments sportifs pour témoigner de son parcours entre luttes collectives et reconstruction personnelle. Un ouvrage où la sueur et l’effort deviennent des métaphores de la résilience, de la sororité et du pouvoir de la transmission.

Elle est notre poétesse nationale, mais pas uniquement… Slameuse, ancienne sportive de haut niveau, animatrice d’atelier, autrice, première supportrice de ses sportifs et sportives d’enfants, activiste en faveur des personnes sexisées et minorisées, maman solo, performeuse, plasticienne, elle est tout ça et le reste.

Toutes ces facettes de son art et de sa vie, on les retrouve dans La poésie sociale, un sport comme les autres, un recueil de poésies d’une rare densité où elle mêle rimes, activismes, proses et petits combats quotidiens et dont le fil conducteur est la transpiration. Transpiration d’un enfant qui, après l’échauffement corporel lors d’un atelier lui dit que la poésie, c’est vraiment sportif, celle des joueurs de foot, des slameuses sur scène, de l’animatrice face à un groupe d’étudiant·es.

Avec Lisette Lombé, la poésie est un outil d’émancipation, de reprise de confiance en soi et de contrôle sur sa vie

Un recueil de type autobiographique où l’autrice relate son parcours, entre burn-out et empouvoirement, entre découragements et puissance du collectif, entre claques et sororité, un recueil dans lequel elle tire aussi, et ce n’est pas le moins, le fil d’une reconstruction par la transmission.

Car si la poésie peut être de la « simple » littérature, avec Lisette Lombé, elle est bien davantage. Elle est un outil d’émancipation, de reprise de confiance en soi et de contrôle sur sa vie alors que le monde tangue. Une lettre à ses parents, un puissant femmage au collectif L-Slam qu’elle a fondé en 2015 ou encore un compte-rendu d’atelier, chaque texte est ponctué par des ressentis corporels, des émotions sportives où la sueur, la force du corps, mais aussi l’importance de la trêve, de l’intersaison et des temps morts qui en constituent le fil rouge.

Il s’agit de ne s’excuser de rien, ni des postillons sur scène, ni d’un ventre qui se gonfle… ni de suer parce que la vie est un sport comme les autres !

S’il est une leçon à tirer de ses mots, c’est que prendre soin de ce qui se tisse, des collectifs qui nous portent et de nos luttes ne va pas sans prendre soin de soi. Et qu’il s’agit surtout de ne s’excuser de rien, ni des postillons sur scène, ni d’un ventre qui se gonfle ni … de suer parce que la vie est un sport comme les autres ! Et surtout qu’il est nécessaire de savoir se glisser dans les interstices sans culpabilité pour nourrir sa force intérieure et recharger les batteries, pour marquer le prochain panier sans s’être oubliée en chemin. Essentielle Lisette Lombé.